« Une décision cynique », dit la ministre Joly
Ottawa — La ministre du Patrimoine Mélanie Joly estime que l’annonce de la fermeture d’une trentaine de journaux et le licenciement de près de 300 employés, à quelques semaines de Noël, sont une « décision cynique » de la part de Postmedia et de Torstar.
Interpellée par le Nouveau Parti démocratique (NPD) à la Chambre des communes, hier – 24 heures après cette annonce qui illustre la saignée qui frappe l’industrie de la presse écrite au pays –, la ministre Joly s’est dite « choquée » du moment choisi par les deux entreprises pour mettre fin à la publication de plusieurs journaux.
« Je suis choquée de voir que Postmedia et Torstar ont pris ces décisions à peine un mois avant le temps des Fêtes. Bien entendu, mes pensées vont aux employés et aux familles. Ce sont des décisions essentiellement cyniques de la part de Postmedia et Torstar et il revient à ces compagnies de les expliquer. Le gouvernement va continuer de soutenir les médias locaux. Nous investissons 75 millions de dollars par année et nous continuerons à le faire », a déclaré la ministre du Patrimoine aux Communes.
Selon nos informations, le « cynisme » évoqué par Mme Joly découle du fait que Postmedia a affiché des profits pendant ses derniers trimestres, tout en continuant à réduire ses effectifs dans ses différents médias et à donner certaines primes à ses cadres.
Le député néo-démocrate Pierre Nantel s’est montré peu impressionné par les propos de la ministre. « S’il fallait un autre signal d’alarme pour nous réveiller à la crise des médias, nous l’avons entendu [lundi] avec l’annonce de la fermeture d’une trentaine de journaux locaux et la disparition de presque 300 emplois. N’ayez pas l’air surpris, cela fait plusieurs années qu’on en parle et il y a eu plusieurs rapports », a-t-il affirmé.
Dans une transaction qui a suscité beaucoup de réactions, Postmedia et Torstar ont annoncé lundi qu’ils se sont entendus pour s’échanger une quarantaine d’hebdos et de journaux et que cette entente entraînera aussi la fermeture de plus de 30 de ces publications. En tout, environ 300 emplois seront éliminés.
Même si la transaction n’entraîne aucun débours de la part des deux entreprises, le Bureau de la concurrence compte l’examiner.
Le NPD presse le gouvernement Trudeau depuis plusieurs mois afin qu’il adopte des mesures concrètes pour aider l’industrie de la presse écrite de plus en plus précaire en raison de la chute brutale des revenus publicitaires, aujourd’hui majoritairement empochés par des géants américains du web comme Facebook et Google.
En mêlée de presse, avant la période des questions, la ministre Joly a affirmé que « plusieurs médias » ont été en mesure de faire « une saine transition » vers le numérique. Ces médias, qu’elle n’a pas nommés, ont donc fait preuve « d’innovation et d’être en mesure d’être profitables ».
Quant aux entreprises de presse qui réclament une aide, la ministre a affirmé qu’il ne revenait pas au gouvernement fédéral de leur montrer la route à suivre. « Ce sont à ces entreprises-là d’expliquer qu’est-ce qu’ils vont faire pour s’assurer de développer leurs nouveaux modèles d’affaires », a-t-elle dit.