Ski de fond

« C’est moi qui n’avais pas les jambes »

Alex Harvey termine huitième au skiathlon de 30 kilomètres

PyeongChang — – Encapuchonné dans son parka, Alex Harvey n’avait pas de grandes explications à fournir au sujet de sa huitième place à sa première épreuve aux Jeux olympiques de PyeongChang : « Ils étaient juste plus forts. »

Il parlait bien sûr des Norvégiens, qui ont atomisé le skiathlon de 30 kilomètres, balayant le podium avec autant de force que le vent soufflant sur le centre de ski de fond d’Alpensia, dimanche après-midi (heure locale). Un ouragan ne les aurait pas arrêtés.

Le pire, c’est que Johannes Høsflot Klæbo, le favori d’à peu près tout le monde, n’a fini que 10e. L’exploit est venu de Simen Hegstad Krüger, victime d’une chute 100 mètres après le départ. Relégué dernier, il a réussi une remontée d’anthologie en classique, refermant un écart de plus de 30 secondes, avant de surprendre le peloton de tête avec 3 km à faire en style libre, en route vers la médaille d’or pour son baptême olympique.

« Quand j’ai eu ces quelques mètres d’avance, je me devais d’y aller, a expliqué Krüger, qui pensait sa course finie quand il s’est retrouvé sur le ventre avec deux Russes sur le dos en début d’épreuve. Je ne pouvais pas y croire quand je me suis retourné et qu’il n’y avait personne. Je me suis dit : “Qu’est-ce qui se passe ?” »

Martin Johnsrud Sundby s’est posé la même question. Le Norvégien s’attendait à ce que le Suisse Dario Cologna (6e) ou le Français Maurice Manificat (5e) suivent son compatriote. Mais ils en n’avaient plus la force, pas plus que Harvey, juste derrière. Krüger parti, tout le monde a rapidement compris que la bataille se ferait pour les deux autres médailles à l’enjeu.

Dans l’avant-dernière montée, avec 1,5 km à faire, Sundby a accéléré à son tour, suivi de son coéquipier Hans Christer Holund. Harvey, qui s’était replacé dans leurs skis, s’est accroché sur quelques dizaines de mètres, avant de graduellement céder du terrain.

« Tu te concentres à mettre un ski devant l’autre, parce qu’on était tous accotés, mais tu sais que c’est en train de t’échapper, a raconté le fondeur de Saint-Ferréol-les-Neiges. Ça te glisse des mains un peu. »

« Clairement une déception »

Tandis que Krüger prenait le temps de célébrer avant de franchir la ligne, Sundby et Holund sont arrivés une dizaine de secondes plus tard pour cueillir l’argent et le bronze. La Norvège monopolisait ainsi un podium olympique en ski de fond pour la cinquième fois de l’histoire, une première pour les hommes depuis les Jeux d’Albertville en 1992.

« C’est fantastique d’être avec ces gars-là, a réagi Sundby, toujours en quête d’un premier titre olympique. On vit ensemble à Oslo et on s’entraîne ensemble tout l’été. On a passé tellement d’heures ensemble. On vient tous trois d’Oslo, la plus grande ville de Norvège. C’est fantastique de réaliser ce triplé olympique. »

Harvey a franchi la ligne en secouant la tête, 33,4 secondes après le gagnant. « C’est clairement une déception, a-t-il convenu quelques minutes plus tard. Aujourd’hui, c’est moi qui n’avais pas les jambes. Tout était là. […] Quand ils sont partis, je n’ai juste pas été capable de les suivre parce que les jambes n’étaient pas là. C’est sûr que c’est décevant parce qu’il y a juste moi à blâmer là-dedans. »

Le Québécois a appris en sortant de parcours que Krüger avait chuté et cassé un bâton. « Ça rend juste sa victoire encore plus impressionnante. Aujourd’hui, c’était vraiment lui le meilleur au monde. »

À son premier essai à PyeongChang, Harvey doit donc faire une croix sur l’une de ses quatre chances de médaille.

« J’en ai eu des courses où j’ai fini 8e ou 9e cette année. C’est décevant, c’est certain, mais ce n’est pas inquiétant. »

— Alex Harvey

Son entraîneur Louis Bouchard a tenu sensiblement le même discours. « C’est une bonne performance, huitième. On s’attend à un podium à un moment donné, mais il s’est bien battu, il a essayé jusqu’à la toute fin. »

Dès mardi, Harvey s’attaquera au sprint classique, une épreuve où il avait gagné le bronze aux Mondiaux de 2013. « Il est en forme, mais c’est les Jeux olympiques, tout le monde est en forme, a souligné Bouchard. S’il se repose bien, il peut encore monter d’un autre niveau. »

Vu la façon dont les Norvégiens ont annoncé la couleur, tout les prétendants devront en faire autant.

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