Alex Harvey

« J’ai juste vraiment hâte »

Indice qu’Alex Harvey est pris au sérieux, un journaliste norvégien a posé la première question à la conférence de presse de l’équipe canadienne de ski de fond, mardi. Il sondait l’athlète de Saint-Ferréol-les-Neiges sur le skiathlon, première épreuve nordique masculine au programme des Jeux olympiques de PyeongChang, dimanche. Non seulement il s’agit de sa course favorite, mais elle sera déterminante pour la suite de sa quinzaine. Un podium d’entrée de jeu lui permettrait de s’élancer dans les cinq autres épreuves sans avoir à penser à la gestion de son énergie. Présentation.

La forme

Deuxième d’un 15 km style libre à la dernière Coupe du monde de Seefeld, il y a deux semaines, Harvey s’amène aux Jeux dans une forme exceptionnelle. « On a fait deux grosses séances d’intensité depuis qu’on est arrivés ici et, honnêtement, c’était très, très bon », a-t-il assuré peu avant son jogging matinal, samedi (heure locale). « Je sens vraiment que le travail a été bien exécuté et que la récupération porte ses fruits. » Un dernier effort de 10 minutes « tempo », un peu sous la vitesse normale de course, aura servi de préparation finale en après-midi.

La tête

« Il est relax, il est prêt, il a du fun et il a le goût d’aller vite, a évalué l’entraîneur Louis Bouchard. Il veut être le plus vite sur ces pistes et c’est important. Il faut qu’il attaque avec le goût d’être le plus vite. » À la veille de sa première course, Harvey ressent un peu de nervosité, mais rien d’anormal : « Je me sens prêt. J’ai juste vraiment hâte de pouvoir enfiler mon dossard et de briser la glace. Ça fait quatre ans qu’on se prépare pour ça. C’est sûr que c’est une course importante, mais je pense être capable d’utiliser ça à mon avantage. Je vais avoir un peu plus d’adrénaline. »

L’épreuve

Disputé en groupe, le skiathlon consiste à aligner 15 km en style classique et, après un changement d’équipement dans une zone de transition, 15 km en style libre. Il requiert donc de la polyvalence, de l’endurance et un bon sens tactique. Aux Mondiaux de 2017 à Lahti, Harvey avait payé cher son positionnement au moment où les principaux favoris avaient attaqué. Le Russe Sergey Ustiugov, banni à PyeongChang, l’avait emporté devant les Norvégiens Martin Johnsrud Sundby et Finn Hågen Krogh. Le Québécois avait fini cinquième à moins de deux secondes du podium.

Le parcours

Les coureurs franchiront quatre boucles de 3,75 km dans chacun des styles. Les pistes sont essentiellement tracées sur un parcours de golf. « Les montées sont vraiment très longues sans être parmi les plus à pic, a décrit Harvey. C’est un parcours quand même dur, mais dans la moyenne. » L’exposition au vent risque d’être un facteur déterminant. Le coach Louis Bouchard s’attend à une épreuve de type « vélo » : « C’est clair que personne ne voudra aller à l’avant tôt dans la course. Il y aura peut-être un plus gros peloton proche de l’arrivée. C’est plus stressant parce qu’il y a plus de risques de bris et d’accrochages. Mais Alex est bon pour jouer dans ces conditions. »

Les favoris

La jeune sensation norvégienne Johannes Høsflot Klæbo, 21 ans et meneur du classement général de la Coupe du monde, est le grand épouvantail. Sa pointe de vitesse est inégalable, mais bonne chance à ceux qui tenteront de le décrocher avant l’arrivée. Son compatriote Martin Johnsrud Sundby pensait y être parvenu en décembre sur le difficile parcours de Lillehammer, mais Klæbo était revenu comme un avion. Le Suisse Dario Cologna, champion en titre, en est un autre qui voudra se débarrasser de Klæbo. En plus de Sundby, les Norvégiens compteront sur Hans Christer Holund et Simen Hegstad Krüger, qui se démarquent surtout par leur endurance. Krogh, médaillé de bronze mondial, a été laissé de côté, ce qui n’est pas sans déplaire à Harvey, qui se méfiait de sa pointe de vitesse.

L’horaire

Les épreuves de ski de fond à PyeongChang sont toutes programmées en fin d’après-midi ou en soirée. Depuis son arrivée, l’équipe canadienne a donc adapté ses séances d’entraînement à cet horaire inhabituel. « Ce sont des détails qui peuvent faire une différence à la fin d’une préparation », a dit Bouchard, notant que son protégé se sent toujours bien à cette période de la journée. « C’est un gars qui roule bien en après-midi. Il a toujours été comme ça. Ça aussi, c’est bon pour lui. »

L’équipement

Après l’épisode de Sotchi, la qualité des skis de Harvey sera évidemment scrutée à la loupe. Or le temps froid devrait faciliter le travail des techniciens. « C’est une neige sèche, froide, a souligné le quintuple médaillé aux Mondiaux. En classique, il y a une descente très longue, mais peu abrupte. Les skis peuvent faire une grosse différence à cet endroit. Sinon, en pas de patin, les skis font toujours une différence, mais ce ne sont pas des conditions chaudes et il n’y a pas du tout de succion sur la piste. Disons que l’aspect skis sera un peu moins important. »

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