L’avis du nutritionniste

Au régime malgré vous ?

Le 6 mai prochain aura lieu la 11e Journée internationale sans diète. Pour l’occasion, l’organisme ÉquiLibre a lancé la campagne « Êtes-vous au régime sans le savoir ?  »

On croit souvent que, pour « être au régime », il faut suivre un régime à la mode ou acheter des produits amaigrissants. Et donc, on se dit que la Journée sans diète ne nous vise pas, puisque NOUS, on ne tombe pas dans les pièges de cette industrie ! Mais en réalité, beaucoup de gens s’imposent des règles ou des restrictions alimentaires sans même s’en rendre compte. Faites-vous partie du lot ? 

Voici deux situations fréquentes qui indiquent que vous vous imposez peut-être un régime sans le savoir.

Catégoriser les aliments comme bons ou mauvais

Un des mythes les plus répandus en alimentation consiste à croire qu’il existe de bons et de mauvais aliments ou nutriments. Dans cette vision de l’alimentation, les règles à suivre varient d’une personne à l’autre. Certains décident d’éliminer le sucre, le sel, le gras, le chocolat ou les frites, par exemple. D’autres se forcent à consommer des protéines, des avocats ou du kale, parce qu’on les croit « bons » pour nous… Mais sachez que dès qu’on se fait une liste de ce qu’on peut ou ne peut pas manger, sans qu’elle soit directement liée à des problèmes de santé comme des allergies, on se crée un régime.

Évidemment, certains aliments sont plus nutritifs que d’autres et leur accorder une plus grande place dans notre assiette s’avère, sans contredit, une bonne idée. Je pense ici aux aliments frais et peu transformés. Cela étant dit, aucun aliment ni nutriment ne possède le pouvoir ni de nous rendre malades ni de nous guérir soudainement. Il est donc beaucoup trop simpliste de classer les aliments ou les nutriments en deux catégories.

De plus, quand on divise notre alimentation de cette façon, on augmente les risques d’avoir une relation négative avec notre corps et les aliments.

En effet, quand on mange les « bons » aliments, on est fier de soi, on se sent bien. Quand on « triche » ou qu’on transgresse nos règles, on se sent mal, on est fâché contre nous-mêmes, on a l’impression que nos efforts ne donnent pas les résultats voulus.

Mais il est important de comprendre que la restriction ne fonctionne JAMAIS à long terme. Quand on a l’impression de s’interdire des aliments, tôt ou tard, on finira par les manger.

Écouter des signaux externes plutôt que son corps

Comptez-vous des points, des portions, des calories ou des nutriments pour calculer la quantité de ce que vous pouvez manger ? Attendez-vous que ce soit la bonne heure pour vous attabler ou prendre votre collation ? Est-ce une application sur votre cellulaire qui vous indique si vous avez dépassé votre « budget alimentaire » pour la journée ? Si vous avez répondu oui à l’une de ces questions, c’est que vous vous fiez à des signaux externes pour manger.

Pourtant, notre corps dispose d’un arsenal de signaux pour nous indiquer qu’il est temps de manger, comme un creux au ventre, des gargouillements, etc. Quand on l’écoute attentivement, il nous dit également quand il n’a plus faim. Les bouchées de moins en moins savoureuses à mesure que le repas avance en sont l’un de ces signes.

Si vous mangez à midi chaque jour, vous ne vous imposez pas nécessairement de règles ! Il est normal qu’une routine de repas s’installe si vous avez un horaire relativement fixe. Et donc, il est possible d’avoir faim à des heures régulières. Par contre, l’appétit peut fluctuer d’un jour à l’autre, à cause d’une panoplie de facteurs. Ainsi, la seule règle que vous devriez suivre est la suivante : si vous avez faim, mangez. Quand vous n’avez plus faim, arrêtez.

Cette idée peut sembler très simpliste – et elle l’est ! Mais il est certain que lorsqu’on a fait la sourde oreille aux signaux de son corps pendant de nombreuses années, s’y reconnecter peut prendre du temps. Les nutritionnistes sont les professionnels de la santé qui peuvent vous aider en ce sens. En (ré)apprenant à écouter votre corps, vous vous rendrez vite compte que c’est beaucoup plus facile que de traîner partout sa calculatrice…

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