Institut de cardiologie
Une découverte montréalaise à la portée mondiale
La Presse
« Cette molécule a le potentiel de changer la pratique de la cardiologie », dit Jean-Claude Tardif. Directeur du centre de recherche de l’ICM, il est considéré par ses pairs comme le Guy Laliberté de la cardiologie. Il travaille avec son équipe sur cet important projet. Le D
Tardif constate que le médicament testé améliore la condition des patients ayant un type de gènes appelé AA. « Dans leurs cas, on réduit de 39 % les risques de crise cardiaque, d’AVC et de mortalité cardiovasculaire », dit-il. Le variant génétique AA se retrouve chez environ 20 % de la population.Le médicament développé s’appelle le dalcétrapib. Pour connaître sa fiabilité, une étude de phase III à grande échelle sera conduite auprès de 5000 patients au cours des prochaines années. L’Institut de cardiologie sera responsable de cet essai clinique mené dans 1000 emplacements dans 33 pays. Cette fois, l’étude se concentrera sur les patients ayant un syndrome coronarien aigu et un profil génétique AA. Ceux ayant un profil GG et AG seront exclus. Un test diagnostique expérimental conçu par Roche Molecular Systems déterminera si un patient est admissible à recevoir le traitement.
« Si l’étude est concluante, on ouvre un nouveau chapitre avec la médecine personnalisée en cardiologie, comme les gènes l’ont fait dans le traitement de certains cancers », explique le D
Jean-Claude Tardif. Les patients cardiaques porteurs du marqueur génétique AA profiteraient ainsi de la thérapie. À l’échelle mondiale, des millions de personnes pourraient en bénéficier. La firme DalCor Pharmaceutiques a amorcé son travail. Un premier patient a été sélectionné pour l’essai clinique. Les investisseurs fondateurs de cette société sont André Desmarais, président et co-chef de la direction de Power Corporation, et la société d’investissements Sanderling Ventures.De grands investisseurs ont uni leurs efforts pour appuyer cette thérapie liée à la génétique cardiovasculaire. André Desmarais, Sanderling, la Caisse de dépôt et placement, le Fonds de solidarité FTQ et des acteurs des sciences de la vie ont participé à un placement privé de 150 millions dans DalCor. Ces fonds serviront à financer les essais cliniques. À eux s’ajoutent CTI Sciences et des investisseurs non divulgués. « La Caisse de dépôt est prête à appuyer les efforts du Québec dans le domaine de la nouvelle économie », souligne Thomas Birch, son directeur principal, Fonds Québec, Placements privés.
« Je crois que l’Institut de cardiologie de Montréal est en bonne voie pour changer la vie de millions de gens et prendre la place qui lui revient sur l’échiquier mondial de la science. Elle contribuera ainsi à attirer toujours plus de talents et d’investisseurs à Montréal, dit André Desmarais. Je suis impatient de voir les résultats de cette étude. » Les essais cliniques vont se conclure dans les six premiers mois de 2020, estime Robert McNeil, chef de la direction de DalCor. Si tout va bien, le médicament sera commercialisé dans environ cinq ans.