Véhicules électriques

« On veut aider Québec à atteindre son objectif »

L’aide financière à l’achat de véhicules électriques d’occasion provenant de l’extérieur de la province de Québec a taillé un marché sur mesure pour Pascal Gosset, qui s’est transformé l’automne dernier en importateur spécialisé dans ce type de véhicules. Depuis, la demande ne dérougit pas.

« La loi a été créée parce que Québec est à court de solutions pour garantir que le nombre de véhicules électriques réellement en circulation dans la province atteigne l’objectif fixé de 100 000 exemplaires en 2020, explique M. Gosset. Cela dit, même sans ce projet pilote, il y aurait une forte demande d’importation de véhicules électriques, car il y a un manque d’offre, de toute façon. »

Depuis quelques mois, ça joue du coude entre l’Ontario, la Colombie-Britannique et le Québec pour attirer les véhicules sans émission polluante des grands constructeurs. En ce moment, c’est l’Ontario qui tient le haut du pavé, grâce à une aide à l’achat pouvant atteindre 14 000 $, une somme qui peut couvrir jusqu’au tiers du prix d’un tel véhicule. À titre comparatif, l’aide de la Colombie-Britannique plafonne à 5000 $ pour une voiture électrique neuve.

Au Québec, cette somme est de 8000 $. L’aide pour des modèles d’occasion, elle, ne dépasse pas 4000 $, et exige que le véhicule provienne de l’extérieur de la province.

Sur mesure pour la Nissan Leaf

Ce ne sont pas tous les acheteurs de véhicules d’occasion qui sont prêts à magasiner au-delà de la frontière. C’est encore moins le cas pour les gens désirant acheter une voiture électrique. Travaillant dans le secteur automobile depuis 10 ans, Pascal Gosset a donc cru combler un besoin criant en se spécialisant dans l’importation de véhicules électriques, l’automne dernier. Son entreprise, appelée Muze, a pignon sur rue à Montréal et à Saint-Hyacinthe, et peut importer jusqu’à 30 véhicules par mois.

« L’électrique demeure un marché de niche, mais qui va croître sans arrêt. Comme beaucoup d’acheteurs veulent profiter de ce rabais de 4000 $, on importe des États-Unis, puisque ailleurs au Canada, il n’y a pas plus de véhicules disponibles qu’au Québec. »

— Pascal Gosset, PDG de Muze

Même chez l’Oncle Sam, l’offre de véhicules électriques d’occasion est plutôt mince. Les Volkswagen E-Golf, Ford Focus Electric et autres Kia Soul EV sont à peu près introuvables. Les hybrides branchables comme la Chevrolet Volt ne sont pas admissibles au rabais.

Bref, ça limite plus ou moins le choix à un seul modèle, constate l’expert montréalais : la Nissan Leaf. « On ne se le cachera pas, le programme d’aide de Québec a été fait sur mesure pour ce modèle », s’exclame M. Gosset, qui précise que pour être admissible à ces 4000 $, il faut aussi acheter une garantie prolongée dont le coût peut varier de 1000 à 3500 $.

« Ça gruge une bonne partie de l’aide gouvernementale, mais au moins, la garantie couvre vraiment tout », assure-t-il.

Des voitures d’occasion plus durables

Il y a au moins une bonne nouvelle pour les propriétaires d’une voiture électrique un peu plus âgée : la durabilité de la technologie serait plus élevée que prévu. Non seulement compte-t-on moins de bris mécaniques que l’anticipaient les constructeurs, mais l’usure naturelle des composants électriques, dont la batterie surtout, est souvent moins rapide qu’annoncée.

Ça varie d’une marque à l’autre et selon son fournisseur de batterie, mais une compilation de l’état de 350 voitures Tesla faite plus tôt ce printemps indique que leur autonomie par charge se dégrade très peu, même après plusieurs centaines de milliers de kilomètres parcourus.

Ainsi, le Tesla Motors Club, regroupement de propriétaires européens, a découvert que ses voitures perdaient moins de 10 % de leur autonomie initiale après 300 000 km parcourus, en moyenne. Celles ayant parcouru plus de 800 000 km affichent une dégradation inférieure à 20 %. À titre comparatif, Tesla promet une dégradation de 30 % ou moins après 160 000 km pour la Model 3, son plus récent véhicule.

« En plus, la dépréciation est plus prononcée sur ce type de véhicules que sur des voitures à essence comparables », ajoute Pascal Gosset. C’est donc une double aubaine pour l’amateur de voitures électriques. À condition d’en trouver sur le marché d’occasion !

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