Opinion Exportations d’hydro-électricité vers la Nouvelle-Angleterre

Un modèle à revoir ? 

L’hydroélectricité est certainement une énergie propre, dans la mesure où elle ne génère pas de gaz à effet de serre et de pollution atmosphérique. Mais elle n’est pas verte, dans la mesure où elle implique la construction de gros barrages sur de très belles rivières sauvages du nord du Québec, qui entraînent l’inondation de milliers de kilomètres carrés de forêts, et donc des dommages irréversibles à la faune et à la flore sur des territoires souvent situés dans des réserves autochtones. 

L’État du Vermont, considérant ces impacts négatifs sur l’environnement, refuse désormais d’importer de l’hydroélectricité du Québec. Le Site Evaluation Committee du New Hampshire vient pour sa part de rejeter à l’unanimité le projet Northern Pass (patronné par Hydro-Québec et son partenaire américain Eversource) au motif que la ligne de transmission prévue impliquera la construction de plus de 1000 gros pylônes qui détruiront les paysages, réduiront la valeur des habitations situées à proximité et hypothéqueront sérieusement l’industrie touristique, qui est une des principales sources de revenus de cet État pauvre.

Cette bataille n’est évidemment pas terminée, car Eversource fera appel de cette décision, qui pourrait vraisemblablement se rendre devant la Cour suprême du New Hampshire. Mais il est possible que le Massachusetts, devant cette levée de boucliers du New Hampshire, reconsidère certains des 45 projets de fourniture d’électricité propre qu’il avait écarté au profit de Northern Pass – et qui n’impliquent pas la construction d’une nouvelle ligne de transmission au New Hampshire.

C’est d’ailleurs le cas de cinq projets d’Hydro-Québec soumis à cet appel d’offres du Massachusetts. Le projet d’une ligne de transmission d’électricité d’Hydro-Québec vers New York est quant à lui en suspens depuis des années, car l’État de New York exige que les lignes de transmission soient enfouies au fond du lac Champlain. Plusieurs États de la Nouvelle-Angleterre ne veulent plus voir leurs paysages détruits par les pylônes d’Hydro-Québec.

Au Québec, les citoyens des Cantons-de-l’Est sont de plus en plus réticents à accepter ces lignes de transmission vers la Nouvelle-Angleterre.

En témoigne la victoire de la mobilisation des groupes écologiques et des citoyens contre le passage de la ligne de transmission de Northern Pass dans Forêt Hereford, qui a obtenu d’Hydro-Québec qu’elle enfouisse ses pylônes dans une des très rares forêts privées protégées de la province. 

Hydro-Québec a des surplus d’énergie parce qu’elle a construit des barrages très coûteux dans l’espoir d’exporter son électricité en Nouvelle-Angleterre (en passant évidemment par les Cantons-de-l’Est sans nécessairement demander leur avis aux citoyens). Mais les temps changent. Ces projets se heurtent désormais à la contestation des populations de plusieurs États de la Nouvelle-Angleterre et de nombreux résidants du sud du Québec. 

Hydro-Québec est une source de revenus majeure pour le gouvernement du Québec. C’est indéniable. Mais elle peut contribuer au budget de notre province autrement que par des barrages et des lignes de transmission vers la Nouvelle-Angleterre qui sont de plus en plus contestées, tant aux États-Unis qu’au Québec. Elle devrait prendre acte de ces oppositions et se tourner vers d’autres modèles, telle la vente à l’international de son expertise en matière de construction de barrages et de ligne de transmission et l’investissement dans la production d’énergies vertes, telles éolienne et solaire.

Ce texte provenant de La Presse+ est une copie en format web. Consultez-le gratuitement en version interactive dans l’application La Presse+.