CONFÉRENCE MONDIALE SUR LES RELIGIONS DU MONDE

Le bien-être sans la religion

Rencontré en marge de la 3e Conférence mondiale sur les religions du monde, le DDeepak Chopra, auteur et conférencier invité, continue à faire l’apologie d’une spiritualité non religieuse, d’une meilleure connaissance de soi et d’une médecine intégrative plus humaine. Autant de facteurs qui contribuent selon lui à notre bien-être. Il a accepté de répondre à nos questions.

Vous aimez parler de spiritualité non religieuse. Vous avez même dit que c’est la seule voie de l’avenir.

Oui, j’y crois. C’est dans l’évolution naturelle des choses. Il ne faut pas confondre religion et expérience religieuse. Les religions sont des systèmes de pensée basés sur des expériences religieuses ou spirituelles, que ce soit celles de Jésus, Bouddha, Mahomet. Le problème, c’est que ces idéologies – qui ont une base commune – sont aujourd’hui interprétées de toutes sortes de façons et que les gens sont prêts à partir en guerre pour les défendre.

Les religions permettent pourtant à beaucoup de gens de donner un sens à leur vie. Sans elles, le nombre de désespérés serait encore plus grand, non ?

Oui, c’est vrai. Mais cette quête de sens doit être combinée à une pratique spirituelle. L’hindouisme et le bouddhisme, par exemple, prennent racine dans des pratiques comme la méditation et le yoga. Il faut reconnaître que les religions nous divisent et qu’elles sont au cœur des conflits mondiaux. Certaines personnes trouvent un sens à leur vie en tuant des gens qui ne sont pas de la même religion qu’elles.

Parlons de votre Centre de bien-être (en Californie). Qu’est-ce que les gens espèrent trouver chez vous ?

Les gens viennent nous voir pour avoir une plus grande conscience des choses, de leurs choix de vie. Ils cherchent à mieux se connaître, à développer leur intuition, leur créativité. Mais ils consultent également des médecins pour des maladies chroniques, parce qu’on fait beaucoup de recherche sur les effets de nos habitudes de vie sur certains problèmes de santé. Méditation, yoga, activité physique, alimentation, sommeil, le bien-être est un tout.

N’y a-t-il pas un risque que notre quête de bien-être devienne une obsession et qu’elle se transforme en une forme de culte ? Après tout, on vous décrit comme un gourou…

Oui, mais je n’aime pas ce terme et je ne me considère pas comme un gourou. Vous savez, tout représente un risque dans la vie, même traverser une rue. Habituellement, les gens qui commencent à faire du yoga le font pour se mettre en forme, mais en poursuivant, ils atteignent un état de conscience qui contribue à leur bien-être. Toute notre pratique consiste à aller au-delà de notre ego. On n’est pas dans le culte du soi ou du « selfie »…

Vous avez déjà critiqué l’« arrogance » de la médecine traditionnelle. De quoi notre médecine a-t-elle le plus besoin aujourd’hui ?

La médecine traditionnelle a besoin de plus de compassion. Mais elle doit être plus sélective dans ses diagnostics, dans son recours aux ordonnances médicales. Elle doit considérer nos habitudes de vie comme un outil efficace pour gérer certaines maladies chroniques. La médecine doit réaliser que 95 % de l’activité génétique peut être transformée par nos habitudes de vie. De plus en plus d’études démontrent par exemple que la méditation peut avoir un effet sur l’activité génétique.

Vous avez déjà dit que le salut de l’humanité passe par ce qu’on fera des technologies. Comment intégrez-vous les technologies dans vos activités ?

Nous avons une nouvelle plateforme de bien-être qui s’appelle Jiyo, où l’on rejoint plusieurs millions de personnes par jour. On leur fait des suggestions relatives à leur mode de vie. On utilise aussi la réalité virtuelle pour proposer des expériences de méditation. C’est un programme qui vise à aider des gens aux prises avec des problèmes d’anxiété, de phobie, de surpoids, d’anorexie, d’autisme et d’inflammation chronique.

Que vous inspire la campagne présidentielle américaine actuelle ?

Je pense qu’Hillary Clinton est la candidate la plus apte à diriger le pays. C’est elle que j’appuie. Mais je suis déçu de voir qu’elle n’inspire pas beaucoup les Américains. Il faut dire qu’elle manque de transparence. Quant à Donald Trump, je lui conseillerais de traverser la frontière et d’aller au Mexique ou n’importe où ailleurs. Certaines personnes sont irrécupérables. Je crois qu’il fait partie de cette catégorie.

Vous vous adressez à des gens qui sont très instruits et très à l’aise dans la vie. Qu’est-ce que les gens pauvres ont compris que nous ne comprenons pas ?

Ni la pauvreté ni la richesse ne sont un avantage. Quand on est trop riche, on est obsédé par l’argent. Quand on est trop pauvre aussi. Le bonheur, on le ressent lorsqu’on a trouvé un sens à sa vie, lorsqu’on a des relations significatives, lorsqu’on est reconnaissant. Cela dit, le bien-être englobe tous les aspects de notre vie : social, financier, communautaire, spirituel… Il faut trouver un équilibre.

Comment avez-vous trouvé l’équilibre entre le succès financier découlant de vos activités professionnelles et votre bien-être immatériel ?

Je n’ai jamais accordé trop d’importance à mon succès financier, c’est une conséquence de la réalisation de mes projets. Mais je m’en suis servi pour mener à bien d’autres projets. La Fondation Chopra assure la scolarisation de 1,5 million d’enfants en Inde. On soutient également plusieurs autres fondations aux États-Unis, on finance des études scientifiques… Mon mantra est de poursuivre l’excellence et d’ignorer le succès.

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