CONFÉRENCE MONDIALE SUR LES RELIGIONS DU MONDE

Repenser les droits de la personne à travers le prisme des religions

La « Déclaration universelle des droits de la personne par les religions du monde » connaît décidément une gestation laborieuse. Une troisième version a été présentée hier à la 3Conférence sur les religions du monde, mais d’épineuses discussions ont toujours cours sur la liberté de se convertir à une autre religion.

« La conversion est un point très sensible », explique Arvind Sharma, professeur de religions comparées à l’Université McGill, durant une conférence de presse hier matin au Palais des congrès. « Deux conceptions relativement différentes de la liberté de religion s’opposent. Pour les religions qui font du prosélytisme, il s’agit de la liberté de choisir une religion. Pour les religions qui ne font pas de prosélytisme, la liberté protège des conversions. Nous n’avons pas réussi à traiter de la question adéquatement, à atteindre un équilibre. »

Dans certains pays musulmans, un musulman qui renie sa foi s’expose à des conséquences juridiques, voire, en Iran et en Arabie saoudite, à la peine de mort. La Commission sur la liberté de religion dans le monde du gouvernement américain note toutefois que les exécutions sont relativement rares à ce sujet.

LES RELIGIONS DANS LA SPHÈRE PUBLIQUE

Autre point de litige : le respect dû aux religions dans la sphère publique. Lors de la 2Conférence sur les religions du monde, en 2011, aussi à Montréal, des discussions sur le sujet avaient été évoquées lors de la conférence de presse. « C’était après la controverse sur les caricatures de Mahomet au Danemark », note Patrice Brodeur, théologien à l’Université de Montréal. « On en avait discuté, mais finalement, rien n’avait été proposé pour inclusion dans la Déclaration. » Arvind Sharma, hier, a précisé qu’il s’agissait essentiellement d’un point abordé par les médias, pas par les spécialistes de la religion.

La Déclaration a été proposée en 1999 lors d’une conférence sur la contribution des religions au concept de droit de l’homme et une première version a été présentée en 2006 lors de la première Conférence sur les religions du monde. Une deuxième version a été ébauchée pour la conférence de 2011. La troisième version, présentée hier, a notamment un passage réclamant la protection de la liberté d’expression par les vêtements, ce qui pourrait protéger les musulmanes voulant porter le burkini, selon M. Sharma.

Quels sont les changements entre la deuxième et la troisième version ? « On met notamment l’accent sur les responsabilités, pas seulement sur les droits, dit M. Brodeur. On parle aussi plus souvent de justice, notamment pour ce qui est de l’environnement, de la pauvreté et des injustices structurelles des sociétés. »

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