Rémunération des médecins

Choyés par rapport aux autres Québécois

Les médecins du Québec ont essentiellement rattrapé la moyenne canadienne. Or, à l’origine, l’objectif n’était pas de rejoindre la moyenne, mais de donner aux médecins une rémunération conforme à notre niveau de vie, plus bas que la moyenne.

Sous cet angle, les médecins sont maintenant choyés par rapport aux autres Québécois. Ils obtiennent autant que les médecins ailleurs, mais vivent dans un environnement où le coût de la vie est moindre.

Voyons voir. Pour comparer la richesse relative du Québec il y a 10 ans, les comités sur la rémunération des médecins avaient notamment utilisé un indice qui s’appelle la rémunération hebdomadaire moyenne des Québécois et des Canadiens (RHM).

En 2014, cette RHM des salariés québécois s’élevait à 849,46 $ par semaine, en moyenne, soit 13 % de moins que les salariés du reste du Canada (et 11 % de moins que les Ontariens). Pour que leur rémunération soit équitable, les médecins québécois devraient donc toucher 13 % de moins que les médecins du reste du Canada. Or, en 2014, ils gagnaient 1 % de plus que dans le reste du Canada et 8,5 % de plus qu’en Ontario, selon les données de l’ICIS.

En d’autres mots, si l’objectif est de payer nos médecins en fonction de notre richesse relative, force est de constater que leur rémunération est de quelque 14 % trop élevée (13 % + 1 %) par rapport au reste du Canada et de 19,5 % (11 % + 8,5 %) par rapport à l’Ontario.

La situation est encore plus injuste quand on compare l’évolution de ce RHM des salariés dans le temps avec la rémunération des médecins.

Sur la base de ce RHM, la richesse relative du Québec a décliné avec les années, notamment à cause du boom pétrolier de l’Ouest. Ainsi, le retard de 7 % des salariés du Québec en 2004 est passé à 13 % en 2014. Le fossé s’est donc accru de six points de pourcentage. Pendant ce temps, les médecins ont plutôt comblé un écart de 30 %, selon la méthodologie la plus fiable de l’Institut canadien d’information sur la santé (ICIS).

Au moment de signer l’entente de 2007 entre le ministère de la Santé et les deux syndicats de médecins, il avait été convenu de créer un comité afin de suivre l’évolution des écarts de rémunération avec le reste du Canada. Un comité devait même être formé en 2011 et présenter ses conclusions en 2014.

Or, au bout du compte, aucun comité n’a été formé et aucune comparaison n’a été faite, dénonce le Vérificateur général du Québec dans son récent rapport.

Avant de payer encore les versements promis d’ici 2020, ne serait-il pas temps de tailler nos crayons ?

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