Rituel funéraire

Le cinéma à la rescousse

Les techniques d’embaumement pour préserver les corps n’ont pas évolué depuis 50 ans. Même si des produits écologiques tentent de se tailler une place, c’est encore le formaldéhyde qui donne les meilleurs résultats. Par contre, les techniques de finition se modernisent.

La thanatopractrice Marianick Jean est à l’affût des nouvelles tendances. Passionnée par son métier, elle suit toutes les formations offertes. « Il y en a qui utilisent toujours les mêmes outils. Moi, j’ai envie de m’améliorer et d’en avoir le plus possible », explique celle qui est aussi directrice adjointe du Complexe funéraire Carl Savard, à Chicoutimi.

« L’important, c’est que la personne se ressemble et que la famille soit satisfaite, ajoute-t-elle. Quand la famille nous dit : "Tu m’as redonné ma mère, mon père, mon enfant", tu ne peux pas avoir mieux. Il y a des gens qui ont été malades et qui ont changé physiquement. La famille les a vus changer, la bouche ouverte, pas de dents, pas arrangés, en jaquette d’hôpital. Juste de voir leur maman, leur papa bien arrangé, ça fait toute la différence. Ça leur redonne leur dignité. Même si moi, je trouve que le défunt se ressemble, si la famille ne trouve pas qu’il se ressemble, ce n’est pas un embaumement réussi. »

Des techniques de cinéma

« Je travaille avec les mêmes techniques et les mêmes produits qu’on utilise pour faire des effets spéciaux au cinéma, comme le latex. Quand on doit refaire une oreille ou un nez, par exemple, parce que la personne a eu un accident. Récemment, j’ai eu à refaire un menton, parce que la personne s’était déboîté la mâchoire, et j’ai utilisé ces produits-là. Je les utilise aussi quand quelqu’un a une cicatrice ou qu’il a eu une opération au niveau de la tête. On appelle ça de la reconstruction. »

Des injections comme en clinique d’esthétique

« On utilise les injections si la personne a beaucoup maigri. On le remarque au niveau des tempes, des yeux, des pommettes. Le but, c’est de lui redonner ses joues d’avant la maladie. Évidemment, si la personne avait déjà les tempes creuses, on les lui laisse. J’injecte ce qu’on appelle un fluide régénérateur de tissus sous la peau à l’aide d’une seringue. Au contact de l’humidité de la peau, le produit devient gélatineux et je peux faire de belles formes. »

Du maquillage de télévision

« Le maquillage air brush [à l’aérographe] est de plus en plus utilisé. On vaporise le fond de teint au lieu d’utiliser un pinceau. C’est une maquilleuse de TVA qui m’a donné la formation. Je peux choisir ma coloration, il y a plusieurs couleurs et c’est moins opaque. Le résultat est beaucoup plus naturel, parce que ça laisse les taches de vieillesse, les taches brunes et les taches de naissance. Pour les hommes, c’est l’idéal, parce qu’ils ne portent pas de fond de teint. Quelqu’un qui se met plein de fond de teint, vivant ou pas, ce n’est pas beau. »

LA FORMATION

Pour exercer le métier, il faut avoir un diplôme d’études en Techniques de thanatologie, une formation donnée par le collège de Rosemont depuis 1980.

« La plupart des élèves arrive avec un grand intérêt pour la thanatopraxie, mais on réussit à les intéresser aussi aux services funéraires. Durant la formation, les élèves apprennent comment traiter une personne pour qu’elle se conserve plusieurs semaines, comment faire la préservation artérielle, comment préserver les organes internes et les soins de présentation de la dépouille. Le collège de Rosemont est le seul endroit qui offre la thanatopraxie. »

— Sophie Benoit, enseignante et responsable de la coordination du programme Techniques de thanatologie, collège de Rosemont

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