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Édition du 7 janvier 2017,
section ACTUALITÉS, écran 3
S’il a déporté 2,5 millions de migrants sans papiers, Barack Obama a voulu éviter ce sort aux enfants arrivés illégalement au pays avec leurs parents et qui étudient aux États-Unis. Tenant tête au Congrès, il a adopté par ordre exécutif un moratoire sur le renvoi de ces jeunes. Aujourd’hui, près de 643 000 d’entre eux se sont prévalus de ce programme. On les appelle communément les « dreamers », ou les rêveurs.
« Obama est le président qui a déporté le plus grand nombre d’immigrants non documentés au cours des deux derniers siècles », note Andréanne Bissonnette, coordonnatrice de l’Observatoire sur les États-Unis de l’UQAM. En tout, de 2009 à 2015, 2,5 millions de personnes se sont fait montrer la porte. Si, de 2009 à 2014, l’administration Obama déportait surtout des migrants ayant un casier judiciaire, elle a étendu son action aux mineurs non accompagnés et aux mères de famille monoparentale en 2014. « C’est une ombre au tableau de Barack Obama », dit Mme Bissonnette.
L’image de Barack Obama et de ses proches collaborateurs suivant à la Maison-Blanche l’intervention des troupes d’élite chargées de l’opération contre Oussama ben Laden passera certainement à l’histoire. Il a lui-même déclaré que la mort de l’organisateur des attentats du 11 septembre 2001 était le « jour le plus important » de sa présidence. Al-Qaïda en est sorti fragilisé, mais demeure une menace importante comme l’a tragiquement illustré l’attentat à Paris contre le Bataclan, qui a été revendiqué par l’aile yéménite de l’organisation.
À son arrivée au pouvoir, Barack Obama a intensifié « la guerre de l’ombre » menée par les États-Unis au Yémen, au Pakistan et en Somalie par l’entremise d’un controversé programme de drones. Les organismes de défense des droits de la personne affirment que le chef d’État a erré en encourageant la multiplication de frappes contre de présumés terroristes hors de tout cadre légal et sans véritable supervision. Selon Reprieve, une ONG anglaise, plus de 4700 personnes ont été tuées « sans procès », incluant des centaines de civils innocents.
Lorsque Barack Obama est arrivé au pouvoir, le taux de chômage dans le pays, frappé durement par la crise de 2008, a vite atteint les 10 %. Alors qu’il quitte le bureau Ovale, le taux de chômage a passé sous la barre des 5 %. « Au chapitre de la création d’emplois, il a fait mieux que tous les présidents américains de l’après-guerre », dit Richard J. Carroll, économiste pour la Banque mondiale et commentateur à Bloomberg News.
« La dette fédérale brute est l’élément le plus sombre de l’administration Obama », dit Richard J. Carroll, qui a notamment écrit le livre The President as Economist, dans lequel il note les performances économiques de tous les présidents. À la fin du mandat d’Obama, la dette sera de 19 500 milliards US. M. Carroll note cependant que M. Obama a réussi à amoindrir le déficit annuel du gouvernement fédéral, qui est passé de 1400 milliards par an en 2009 à moins de 440 milliards en 2016.
Le 22 janvier 2009, Barack Obama a signé un décret interdisant le traitement inhumain des prisonniers, abolissant les règles d’interrogatoire adoptées sous George W. Bush, et interdisant à la CIA d’exploiter ses propres centres de détention. Dans un rapport publié en 2011, la Ligue américaine des libertés civiles (ACLU) a jugé que sur la question de la torture, le président Obama a « agi avec force » – même s’il a choisi de ne pas traduire les responsables devant la justice. « Promesse tenue », tranche l’ « Obamamètre » du site PolitiFacts.
Le même 22 janvier 2009, Barack Obama a signé un décret annonçant la fermeture du centre de détention de Guantánamo. À l’époque, on y trouvait encore 242 prisonniers. Aujourd’hui, ils ne sont plus que 59. Parmi eux, une vingtaine de détenus dont le rapatriement a déjà été approuvé. Guantánamo a donc considérablement rétréci – mais n’a jamais fermé ses portes, notamment à cause de l’opposition du Congrès. Mais pas seulement. Selon Jamil Dakwar, de l’ACLU, le président n’a pas profité du rapport de force dont il disposait dans les deux premières années de sa présidence pour forcer le transfert des prisonniers et la fermeture de la prison.
Les talents d’orateur de Barack Obama et son aisance devant les caméras ont largement été mis à profit en ligne par la Maison-Blanche afin de créer un sentiment de proximité avec la population. Le chef d’État sortant, décrit comme le « premier président de l’ère des médias sociaux » par le Washington Post, a utilisé les possibilités offertes par Facebook, Twitter, YouTube, etc. tant pour solliciter de l’argent que pour faire comprendre ses politiques à des publics diversifiés.
Loin des projecteurs, le président a soutenu une campagne énergique contre les lanceurs d’alerte, n’hésitant pas à faire appliquer une loi archaïque sur l’espionnage afin de sanctionner lourdement les responsables de fuites. Des personnes ayant laissé filtrer des informations sensibles sur le recours à la torture au sein de la CIA ont notamment écopé de lourdes peines de prison. Edward Snowden, qui a fait des révélations importantes sur les pratiques de surveillance du gouvernement, demeure dans la ligne de mire de la justice américaine malgré les appels au pardon.