Ça s’explique

Six ans de guerre

Chaque dimanche, l’équipe de Pause prend le temps d’expliquer aux jeunes (et moins jeunes !) une parcelle d’actualité. Cette semaine, on s’intéresse aux origines de la guerre civile en Syrie.

Il y a presque six ans, le soulèvement pacifique du peuple syrien a versé dans l’horreur. Le conflit armé a fait à ce jour plus de 300 000 victimes. Plus de quatre millions de Syriens ont fui leur pays, se réfugiant surtout en Turquie et au Liban. Comment la situation s’est-elle envenimée à ce point ?

Printemps arabe

Tout a commencé avec le « Printemps arabe ». C’est le nom qu’on a donné aux manifestations qui ont secoué des pays comme la Tunisie, l’Égypte, le Yémen et la Libye au début de l’année 2011. Les peuples de ces pays se révoltaient contre des dirigeants qui abusaient de leur pouvoir et limitaient les libertés des simples citoyens. Ces gouvernements très contrôlants, on les appelle des dictatures. En Tunisie et en Égypte, les manifestations ont fait tomber le gouvernement.

Mi-mars 2011

Des adolescents syriens peignent des graffitis en référence au « Printemps arabe ». Ils sont arrêtés par la police et torturés. Le peuple réagit en sortant dans la rue. Il réclame plus de liberté et le départ du président Bachar al-Assad. La révolte du peuple est réprimée dans le sang : l’armée syrienne tire sur les protestataires.

« L’utilisation de la force militaire, y compris des chars d’assaut, par le régime Assad pour étouffer les appels du peuple syrien en faveur d’une réforme démocratique est absolument indéfendable. »

— Stephen Harper, premier ministre du Canada de 2006 à 2015, le 1er août 2011

Un pays compliqué

La Syrie, c’est un peu compliqué. La majorité de sa population est musulmane – c’est le nom donné aux adeptes de l’islam – , mais ce pays compte aussi d’importantes minorités chrétienne et kurde. Les manifestations contre le régime Assad rassemblent d’abord des citoyens issus de ces différentes communautés. Des divisions sont vite apparues, notamment au sein des musulmans, séparés entre sunnites (fortement majoritaires dans la population) et chiites. Ce n’est pas si étonnant : la chicane entre musulmans sunnites et chiites dure depuis des centaines d’années…

Bachar al-Assad est président de la République de Syrie depuis 2000. Sa famille dirige le pays depuis presque 50 ans. 

La menace islamiste

Bachar al-Assad sait que l’Europe et les États-Unis ont peur des terroristes islamistes, qui sont des extrémistes religieux. Il a opté pour une stratégie risquée : au début du conflit dans son pays, il a libéré des islamistes qui avaient été emprisonnés après être allés faire la guerre en Irak, un pays voisin. Il a par la suite affirmé que son armée se battait contre la menace terroriste, croyant sans doute que ça ôterait l’envie aux États-Unis et à l’Europe de l’évincer du pouvoir. En décembre, quand son armée a repris le contrôle d’Alep, deuxième ville de Syrie, il a continué à exploiter ce thème : 

« [Alep] est une défaite pour tous les pays hostiles au peuple syrien et qui ont utilisé le terrorisme pour satisfaire leurs intérêts. » 

— Bachar al-Assad, le 22 décembre 2016

Guerre mondialisée 

Si la guerre en Syrie est compliquée, c’est entre autres parce que plusieurs puissances locales, régionales et internationales s’y affrontent directement ou indirectement.

Locales : Armée fidèle à Assad, rebelles, Kurdes, combattants de l’État Islamique

Régionales : L’Iran (chiite) soutient Bachar al-Assad, l’Arabie Saoudite, le Qatar et la Turquie appuient les rebelles, les kurdes syriens sont soutenus par les kurdes turques et irakiens

Internationales : L’Europe et les États-Unis soutiennent des groupes rebelles, la Russie appuie le régime Assad

Destructions massives

Après des années de guerre civile, quantité de monuments, d’immeubles et de lieux publics syriens ont subi d’importants dommages. Quelques exemples d’endroits situés dans la ville d’Alep, reprise par les troupes de Bachar al-Assad avant Noël.

Sources : La Presse, The Guardian, Le Monde, Al Jazeera, BBC, France 2

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