Métal Bernard 

Métamorphoser une entreprise en changeant l’atmosphère

Des collègues de travail à couteaux tirés, des équipes qui se mettent des bâtons dans les roues : bref, un climat de travail qui n’a rien de productif. C’est à cette ambiance que s’est heurté Louis Veilleux à son arrivée chez Métal Bernard. Il nous explique comment il a corrigé la situation de façon positive.

Il ne faut qu’une courte discussion avec Louis Veilleux, président-directeur général de Métal Bernard, pour capter l’essence du personnage. Pendant qu’il détaille les rouages de son entreprise de transformation du métal, l’homme d’affaires en profite pour glisser ici et là les prénoms de ses collègues.

On sent qu’il apprécie le travail d’équipe.

Et ça se vérifie aussi lorsqu’on le questionne sur le nombre d’employés que compte son entreprise – 150, finalement. Il répond alors d’emblée : « Ici, on n’a pas d’employés. On n’a que des membres de l’équipe. »

L’affirmation n’est pas vaine. Elle est à la racine de la culture d’entreprise que Louis Veilleux s’efforce d’entretenir depuis son arrivée chez Métal Bernard, en 2003, à titre de directeur général.

Son employeur lui attribue alors un mandat clair : il devra « faire le ménage et mettre du monde dehors », se rappelle M. Veilleux.

« La situation dans l’usine était devenue épouvantable, se souvient-il. Certaines équipes nuisaient intentionnellement à d’autres. »

Du côté de l’administration, même constat. « Le syndicat était omniprésent, dit-il. Si j’envoyais un fax, j’avais droit à un grief. »

REMETTRE DE L’ORDRE

Pour corriger la situation, Louis Veilleux opte finalement pour la réconciliation plutôt que la confrontation.

« J’ai commencé à faire la paix avec les gens. Je leur ai dit que j’allais changer des choses, et j’ai fait ce que j’avais promis. »

— Louis Veilleux, président-directeur général de Métal Bernard

En l’espace de quelques mois, la paix et la confiance s’installent chez Métal Bernard. Les employés sont si satisfaits que deux groupes entament une procédure de retrait de leur syndicat. Seul celui mené par des employés de bureau ira jusqu’au bout du processus. « Aujourd’hui, on travaille encore avec le syndicat d’usine et ça va très bien, souligne celui qui a acheté l’entreprise en 2004. Le dernier grief doit remonter à 10 ans. »

MÉTHODE

Le succès de sa démarche, Louis Veilleux l’attribue à une série de petites décisions et façons de faire qu’il a instaurée à titre de directeur général, puis de propriétaire de Métal Bernard, toutes ayant pour objectif de souder l’équipe.

D’abord, revoir l’échelle salariale. Inspiré par la lecture de l’ouvrage Toyota Talent, l’homme d’affaires réduit l’écart salarial entre employés et dirigeants « C’est plus facile de créer un sentiment d’équipe lorsque tout le monde est traité équitablement », explique-t-il.

À cette mesure s’en sont ajoutées d’autres qui ont permis de bâtir des ponts entre la direction, les employés de bureau et ceux de l’usine. Un exemple ? Une simple marche dans l’usine qu’il fait de temps à autre.

« J’ai appris ça chez Canam, raconte le Beauceron. C’est en étant sur place que l’on comprend ce qui se passe. »

L’homme d’affaires a aussi instauré ce qu’il appelle « la rencontre du président », une séance d’écoute active qui prend la forme d’un dîner au restaurant avec huit membres de l’équipe.

« C’est impressionnant la quantité d’information qu’on peut obtenir de cette façon. On apprend autant sur le travail que sur les intérêts des gens. »

— Louis Veilleux

L’exercice permet entre autres d’évaluer comment mieux développer les talents à l’interne. La PME valorise d’ailleurs le développement de nouvelles expertises par ses employés. « On a par exemple un opérateur laser qui peut aussi bien faire de la programmation que de la soudure ou du pliage », lance fièrement Louis Veilleux.

En raison du succès de sa démarche, l’entreprise de Saint-Lambert-de-Lauzon a remporté la semaine dernière le Mercure de la catégorie Gestion proactive de la main-d’œuvre lors du gala des Mercuriades 2016.

LES CONSEILS

Comment changer un environnement de travail hostile ? Diane Brunelle, psychologue du travail et conseillère en ressources humaines, y va de ses conseils sur le sujet.

Soyez authentique

Vous n’arriverez pas à changer un environnement de travail en appliquant seulement une « recette », explique la spécialiste. « Le changement doit s’inscrire dans une démarche », dit-elle. Aussi, assurez-vous d’incarner ce changement de philosophie, en agissant de façon authentique avec vos employés.

Intéressez-vous à votre équipe

Apprenez à connaître vos employés en faisant de temps à autre un tour sur place. Posez-leur des questions tant sur le travail que sur leurs intérêts personnels et soulignez leurs bons coups, tout comme les anniversaires, par exemple. « Ça paraît simple, mais c’est comme ça qu’on améliore un climat de travail », indique Diane Brunelle. La création d’un comité social vous aidera sur ce plan.

Mettez en place des outils de communication

Apprenez autant à donner qu’à recevoir de l’information en mettant en place les mécanismes qu’il faut, que ce soit une boîte de suggestions ou une infolettre interne, par exemple. « Il faut s’assurer que l’information circule des deux côtés, explique Diane Brunelle. La direction dispose d’informations, les employés aussi. »

Mélangez les équipes

Pour éviter que tout le monde travaille en silos, organisez des activités pour que tout le monde apprenne à se connaître, comme l’organisation d’une fête ou une participation à une collecte de fonds, par exemple.

Ne laissez pas traîner un conflit

« Il faut intervenir dès qu’une situation problématique se présente », souligne la spécialiste. En étant proactif, vous éviterez qu’elle prenne de l’ampleur.

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