Cinéma

Debbie Lynch-White sera La Bolduc

L’auteure-compositrice-interprète et musicienne La Bolduc (née Mary Travers) revivra au grand écran sous les traits de Debbie Lynch-White, a appris La Presse.

En préparation depuis deux ans et maintenant prêt à passer à la production, le film sera réalisé par François Bouvier et produit par André Rouleau de Caramel Films, le même tandem derrière le long métrage Paul à Québec qui sortira le 18 septembre.

« La Bolduc fait partie de notre patrimoine, dit Debbie Lynch-White, révélée par son personnage de Nancy dans Unité 9. À mon avis, faire La Bolduc, c’est le rôle d’une vie. C’est majeur ! Mais en même temps, à la lecture du scénario, quelque chose me disait que ce rôle était pour moi. Je le sentais très fort. »

La comédienne de 29 ans dit chanter depuis toujours. Elle chante d’ailleurs dans la pièce J’accuse, présentée actuellement au Théâtre d’Aujourd’hui. En préparation pour ce rôle de La Bolduc, elle aura appris à turluter ! « J’ai maintenant la langue musclée », lance-t-elle.

Le producteur André Rouleau relate qu’au cours d’une discussion sur le projet avec un membre d’une institution de financement, son interlocuteur a lancé spontanément le nom de Debbie Lynch-White. « Tu fais l’unanimité », lance le producteur à la comédienne en riant.

Hier matin, dans les bureaux de Caramel Films, les artisans du projet évoquaient les grandes lignes du long métrage non seulement avec un enthousiasme de bon aloi, mais aussi avec un bonheur évident de faire revivre ce personnage québécois hors du commun.

« Si La Bolduc vivait aujourd’hui, ce serait une blogueuse, lance le cinéaste François Bouvier (30 vies, Prozac, Maman Last Call), intéressé à faire un film sur elle depuis une quinzaine d’années. Ce qu’elle faisait à travers son art était constamment un commentaire sur l’actualité. C’est un personnage emblématique, une femme forte. À son époque, c’était la femme la plus populaire. »

« C’était la femme du peuple », lance Valérie d’Auteuil, vice-présidente et productrice chez Caramel Films. « Elle parlait des réalités de ce peuple », ajoute Debbie Lynch-White. » « Et ces commentaires, elle les faisait avec humour. Elle était enjouée, avait le sens de l’humour, de la parole, du phrasé et du punch. Elle était très charismatique », s’enthousiasme M. Bouvier.

Pour André Rouleau, producteur des films Starbuck, Funkytown, Les doigts croches et plusieurs autres, La Bolduc était une féministe sans le savoir. 

« Je crois qu’elle a fait autant que Thérèse Casgrain, une de ses contemporaines, pour l’émancipation des femmes. Elle était toujours dans l’action. Dans notre scénario, c’est quelque chose qui va beaucoup ressortir. » — André Rouleau, producteur

Le producteur ajoute que ce scénario, signé Frédéric Ouellet d’après un texte original de Benjamin Alix, est prêt et qu’il a même obtenu des fonds de Téléfilm Canada pour la production. Il manque maintenant la réponse de la SODEC. Si elle est positive, le tournage pourrait s’amorcer dès cet automne.

MARY TRAVERS

Née le 4 juin 1894 à Newport en Gaspésie, Mary Travers vivait dans une famille pauvre.

Arrivée à Montréal à l’adolescence, elle épouse un ouvrier, Edmond Bolduc, le 17 août 1914. Le couple vit humblement et a quatre enfants. La popularité de La Bolduc survient durant la seconde moitié des années 20 alors qu’elle participe à des veillées de musiciens. Son passage, en novembre 1928, àune émission de radio, lance sa carrière. Elle fit de nombreuses tournées et enregistra de nombreux disques jusqu’à sa mort en 1941.

La Bolduc avait des racines irlandaises, ce qui est aussi le cas de Debbie Lynch-White. « Une bonne partie de ma famille est originaire du Nouveau-Brunswick et je reconnais ces femmes de ma famille à travers La Bolduc », dit-elle.

Tant André Rouleau que François Bouvier expliquent que la religion a eu une place importante dans la vie de cette artiste. Une place devenue obstacle. « L’Église profitait de ses succès en prenant une partie de ses cachets, mais en même temps, les religieux lui disaient que la place d’une femme était à la maison », déplore M. Bouvier.

Cet aspect de l’histoire de la « chansonnière » est largement abordé dans le film. Tout comme sa relation assez orageuse avec sa fille Denise, qui souhaitait aussi faire de la scène.

André Rouleau est particulièrement fier de faire un film sur un personnage très important issu de la culture populaire québécoise. « Lorsqu’on fait des films sur des gens plus grands que nature comme Louis Cyr ou Maurice Richard, ça attire les gens au cinéma », argue-t-il.

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