Place au yogourt… végétal

Avec la disparition du groupe des produits laitiers dans le Guide alimentaire canadien – et la montée du véganisme –, les fabricants de yogourts n’ont plus le choix de s’adapter. « C’est sûr que si des Chobani et des Oikos de ce monde – et maintenant des Riviera – lancent des produits végétaux, ça crée une tendance, dit Martin Valiquette, directeur général de Maison Riviera, de Sorel-Tracy. On sent beaucoup, beaucoup, beaucoup l’attrait des consommateurs pour ces produits, plus que je le pensais. »

Aux États-Unis, Danone dévoile ce mois-ci l’Oikos à base de lait de coco. « Le lancement de ce produit est en ligne avec l’ambition globale de Danone de tripler ses activités liées aux produits d’origine végétale d’ici 2025 », indique Natacha Gouveia, chef des communications de Danone Canada. Ce « fauxgourt » n’est pas offert chez nous pour l’instant. Danone est toutefois propriétaire de la marque Silk, qui produit une solution de rechange au yogourt à base de coco offerte au Québec.

La catégorie des yogourts végétaux ne représente actuellement que 2 % du marché, mais Mariano Lazano, directeur général de Danone en Amérique du Nord, prévoit que cette part atteindra 10 % au cours des prochaines années, selon VegNews.

Le défi : trouver des protéines

Chez Maison Riviera, l’inspiration est venue lors d’un voyage en Europe.

« On s’est aperçus qu’en un an à peine, il y avait eu une émergence de produits végétaux. Il y en a beaucoup qui étaient très mauvais. Mais un produit végétal était bon, frais et nouveau. Ça faisait une belle alternative. On est revenus avec l’idée d’en lancer un rapidement. »

— Martin Valiquette, directeur général de Maison Riviera

Le défi que s’est donné Maison Riviera était double : créer un yogourt à base de coco contenant des protéines et… bon au goût. « Le coco n’a pas de protéines naturelles », explique Martin Valiquette. Il a fallu enrichir la préparation avec des protéines au goût subtil : celles des fèves et des pois. « Je pense qu’on a fait 21 tests pour trouver le bon équilibre », dit-il.

La texture des produits, vendus 5,79 $ le pot de 500 g, ressemble à celle des yogourts soyeux. Si la version mangue et fruit de la passion ne convainc pas – on dirait une crème glacée au coco bas de gamme –, celle à la framboise et au cassis est plus réussie.

Enrichi en calcium

« Les nouveaux produits Riviera sont intéressants pour les gens qui ne consomment pas de produits laitiers pour des raisons de santé (intolérance sévère au lactose) ou pour des raisons d’éthique (véganes), observe Thao Bui, nutritionniste-diététiste et auteure du blogue La végane d’à côté. Ce yogourt fournit une bonne quantité de calcium (20 % de la valeur quotidienne), soit une quantité semblable aux yogourts à base de lait de vache. Il fournit également 4 g de protéines par portion de 175 g, ce qui est moindre que les yogourts à base de lait de vache, mais tout de même plus intéressant que les autres yogourts à base de lait de coco sur le marché. »

Les fauxgourts Riviera sont aussi additionnés de vitamines A, B12 et D. Quant à leur taux de gras, il atteint 4 %. Cette huile de coco est riche en gras saturés, et donc à ne consommer qu’à l’occasion pour éviter d’augmenter le risque de maladies cardiovasculaires. Maison Riviera annonce déjà la création d’autres produits végétaliens en 2019 – c’est une histoire à suivre.

D’autres yogourts de coco offerts au Québec

Silk non sucré

7,69 $ pour 680 g

Avis aux intéressés : ce produit donne l’impression de manger de la crème hydratante (!) ou un yogourt nature très lisse. « Les yogourts Silk contiennent beaucoup moins d’ingrédients, du fait qu’ils ne sont pas aromatisés aux fruits, sucrés ou enrichis, indique Thao Bui. Résultat : un produit intéressant pour diversifier son alimentation, mais qui apporte peu de protéines et de calcium, contrairement aux yogourts traditionnels. » Sans goût de coco.

Yoso non sucré

4,99 $ pour 440 g

« Il est plus intéressant que le yogourt Silk, en raison de sa teneur en calcium », observe Thao Bui. Sa texture est épaisse et son goût de coco est bien présent, ce qui permet presque de croire qu’on mange de la chair de noix de coco. Gros hic : ce produit est faible en protéines.