Chronique

Quand la mobilité se déplie

J’entre dans le métro. Au bout de mon bras, un vélo aux allures de bretzel géant. Je le dépose. Et je lève les yeux.

Tout le monde me regarde.

Je sors mon cellulaire pour me donner une certaine contenance. Puis j’envoie à ma blonde une photo du drôle de vélo. « Tu t’es acheté une marchette ? lol. »

J’arrive à ma station. Je sors au grand air. Je déplie mon « bretzel ». Je pédale quelques coups. Puis je croise un ami. « Coudon, t’as volé la bicyclette de ton fils ? »

Bon. Vous aurez compris que ce n’est pas pour le look que j’ai emprunté un vélo pliant. Plutôt pour tester cette curieuse machine pendant les « semaines de la mobilité », qui se poursuivent jusqu’au 30 septembre.

Le « cocktail transport » en est le thème. J’ai donc jeté mon dévolu sur le plus « cocktail transport » des moyens de transport…

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Je l’ai traîné partout. Comme un chien Mira sur deux roues.

J’ai pris le taxi, l’autopartage, le métro à l’heure de pointe. Je l’ai rentré dans mon bureau, un café, une librairie, une tour du centre-ville. Je l’ai embarqué dans le bus, le train de banlieue, une Smart de car2go.

Conclusion no 1 : le vélo pliant est le chaînon manquant du réseau de transport en commun. Pour qui est prêt à y mettre du sien.

C’est le trait d’union entre le bus, le métro, le train, le taxi, l’autopartage. C’est un outil très efficace pour diminuer les distances, sans crainte de se faire voler sa monture.

Vous sortez du métro et le prochain bus passe dans 20 minutes ? Vélo pliant. Vous avez réservé une Communauto ou une Auto-mobile mais elle est garée loin ? Vélo pliant. Il n’y a pas de circuit de bus entre votre bureau et la gare de train ? Vélo pliant.

Bref, cette drôle de monture offre un service porte à porte. Elle permet de franchir les distances trop longues pour la marche. Et elle colmate tous les petits trous du réseau de transport collectif.

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L’utilité de cette bécane à pentures m’a sauté au visage un matin de grande chaleur. J’avais rendez-vous au centre-ville pour un tournage matinal. En vélo traditionnel, ça voulait dire 10 km et beaucoup de transpiration.

Pas génial avant de se présenter devant les caméras. J’ai donc pris le bus devant chez moi… avec mon vélo pliant. Puis j’ai pédalé le dernier kilomètre. Vite fait, bien fait. Et sans effort.

Ce qui m’amène à ma conclusion no 2 : le vélo pliant, c’est bon pour les quartiers centraux… mais surtout pour les quartiers éloignés.

En fait, le vélo pliant est idéal pour qui n’habite pas aux abords du métro. Que ce soit dans l’île ou en banlieue.

En ville, ça demeure pratique, mais le BIXI joue déjà le rôle du vélo pliant, alors que pour les résidants des quartiers décentrés, il permet de contourner toutes les petites frustrations de la périphérie. Les bus peu fréquents. Les horaires douteux du train. Le manque de coordination entre les modes de transport. La pluie qui empêche de revenir à vélo le soir. Etc.

Avec un vélo pliant, vous entrez dans le métro à l’heure de pointe. Vous prenez le taxi sans support à bicyclette. Vous embarquez dans le train de banlieue. Vous pouvez même franchir de grandes distances en bus.

Pas compliqué, le vélo pliant est un multiplicateur de mobilité.

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Bon, je m’emballe et j’en oublie l’essentiel. Comment ça marche ?

Très simple. J’ai essayé un Brompton. Il suffit de cinq manipulations pour le faire passer de vélo à ballot (à peu près 23" x 22" x 10").

On dévisse. On plie. On insère. Et clac, en une dizaine de secondes, le tour est joué et les parties graissées sont dissimulées : on se retrouve avec un paquet gros comme une valise. Qui se roule comme une valise, d’ailleurs, si on garde le guidon debout.

« Ma poussette est plus grosse que ça ! », m’a lancé un ami, impressionné.

Son poids, à 21 lb, est à la fois léger et lourd. Léger par rapport aux autres vélos, mais lourd pour qui marche une bonne distance. Se promener d’un quai à l’autre à la station Berri n’est pas évident, mettons.

Mais le plus gros problème, à mes yeux, est son prix. De 700 à 1500 $ pour un vélo pliant de qualité moyenne, précise Étienne Roy-Corbeil, propriétaire de Dumoulin Bicyclettes. Plus de 1500 $ pour un Brompton, référence du genre.

Ce qui m’amène à ma conclusion no 3 : il faut être prêt à y mettre le prix… et l’effort.

Car le vélo pliant est super pratique, mais il n’est pas pour tout le monde. Il faut aimer l’attention, il faut accepter de sortir de sa zone de confort, il faut vouloir se donner un peu de trouble. Mais pour qui est prêt à le faire, c’est un excellent complément au cocktail transport.

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