Le génome de la fraise est connu depuis 2011. Cela a permis de multiplier les croisements, bien que la génétique de la fraise – dont les cellules possèdent des jeux de huit chromosomes, alors que les chromosomes de l’homme vont par paires – soit plutôt compliquée. Et les OGM ? « Pour le moment, on n’en parle pas, même si ça serait possible, dit Yves Desjardins. Il y a suffisamment de progrès avec les croisements traditionnels. » Plusieurs des présentations du symposium porteront sur les recherches en génétique, notamment celles du géant californien Driscoll, qui tente de rendre les grosses fraises d’automne plus sucrées et savoureuses tout en conservant leur facilité de transport. Walmart finance aussi un gros projet d’agriculture durable, avec moins d’intrants, dont certains résultats seront dévoilés au symposium.

Le Québec est un petit acteur dans l’industrie de la fraise, avec une production inférieure à celles de la Californie, de la Floride et de plusieurs États mexicains, mais il joue un rôle important parce qu’il est la source des plants de fraises de la Floride. « En Floride, on cultive une variété qui a besoin de journées courtes pour fleurir, dit Yves Desjardins. Les pépinières québécoises récoltent les plants début novembre et les envoient en Floride. » La Californie n’a pas besoin des plants québécois parce que la floraison de la variété qui y est cultivée ne requiert pas de journées plus courtes.

La Chine est devenue le premier producteur mondial de fraises, mais elle en exporte très peu, selon Yves Desjardins. « La fraise en Chine est un produit de luxe, avec un emballage particulier, comme au Japon et en Corée du Sud. Elle est aussi plus sucrée, avec 12 à 14 % de sucre, contre 8 à 10 % ici. » La Corée du Sud est le septième pays producteur de fraises au monde.

D’ici 10 ans, il n’y aura plus de champs de fraises au Québec, que des serres, selon Yves Desjardins. La raison : l’interdiction de la fumigation au bromure de méthyle, qui attaque la couche d’ozone. « Il restera peut-être quelques fermes pour l’autocueillette dans les champs, mais comme pour la tomate, il va y avoir de plus en plus de serres », dit M. Desjardins. En Corée du Sud et au Japon, où un casseau peut facilement être vendu plusieurs dizaines de dollars, certains producteurs construisent maintenant des « usines à fraises », avec les mêmes techniques de production que les serres, mais en milieu urbain, parfois sur plusieurs étages.

Lors du dernier Symposium de la fraise, à Pékin en 2012, le Québec a prévalu sur la Colombie pour l’organisation de l’événement de cette année. Selon Yves Desjardins, chercheur à l’Université Laval et organisateur de la conférence, une candidature européenne était attendue, mais ne s’est pas matérialisée. « Le Québec a un rôle important à jouer dans l’histoire de la fraise, dit M. Desjardins. C’est probablement Louis Hébert qui, au début du XVIIe siècle, a ramené la fraise du Nouveau Monde au Jardin des plantes à Paris, où elle a été croisée avec la fraise européenne pour donner la première variété cultivable. » Cette variété cultivable a vu le jour il y a 250 ans grâce au croisement avec une fraise chilienne, toujours à Paris.

Yves Desjardins est spécialiste des effets des fraises sur la santé humaine. Au symposium, il va notamment publier les résultats d’une étude montrant qu’elles peuvent aider les diabétiques à absorber l’insuline. D’autres études avancent qu’elles peuvent réduire le risque d’accident cardiovasculaire, peut-être à cause de leur teneur en antioxydants. Elles contiennent aussi beaucoup de vitamine C et d’acide folique, un élément important pour le développement fœtal et qui contribue pour prévenir les effets du vieillissement sur les articulations et la vivacité d’esprit.