Santé

Des médicaments déjà commercialisés pourraient aider à traiter le cancer

Mettre au point un médicament coûte une fortune. Il est donc intéressant d’essayer de rentabiliser une molécule au maximum en lui trouvant de nouveaux usages insoupçonnés lors de sa conception. C’est ce qu’a réussi une équipe de chercheurs avec 14 médicaments, comme des antibiotiques ou des médicaments pour l’insuffisance cardiaque. Déjà commercialisés, ces derniers pourraient maintenant jouer un rôle important dans le traitement du cancer.

Mettre au point un médicament coûte une fortune. Il est donc intéressant d’essayer de rentabiliser une molécule au maximum en lui trouvant de nouveaux usages insoupçonnés lors de sa conception.

C’est ce qu’a réussi une équipe de chercheurs avec 14 médicaments, comme des antibiotiques ou des médicaments pour l’insuffisance cardiaque. Déjà commercialisés, ces derniers pourraient maintenant jouer un rôle important dans le traitement du cancer.

Ces médicaments ont été « redécouverts » par l’équipe des chercheurs Noël Raynal, de l’hôpital Sainte-Justine, et Jean-Pierre Isa, de l’Université Temple aux États-Unis. Les 14 molécules identifiées sont capables de causer la mort des cellules cancéreuses en laboratoire. Elles peuvent même diminuer leur potentiel à créer des métastases.

« Toutes les cellules du corps possèdent ce qu’on appelle des gènes suppresseurs de tumeurs, explique le chercheur Noël Raynal. Ces gènes de défense déclenchent la mort d’une cellule si elle commence à se comporter de façon anormale. Mais ce sont aussi les premiers gènes désactivés par une cellule lorsqu’elle devient cancéreuse. » 

« On est les premiers à montrer que ces 14 médicaments sont capables de réactiver ces gènes anticancer. »

— Noël Raynal, de l'hôpital Sainte-Justine

Mais leur découverte va bien au-delà d’une nouvelle utilisation de médicaments. En montrant qu’il est possible de réactiver les gènes suppresseurs de tumeurs, ils ont du même coup découvert un nouveau mécanisme qui joue sur l’épigénome, c’est-à-dire la façon dont une cellule va lire son code génétique. Cette découverte pourra mener à la fabrication d’un tout nouvel arsenal de médicaments anticancer.

UNE NOUVELLE THÉRAPIE SOUS PEU ?

Les chercheurs pensent même que ces médicaments pourraient avoir un effet préventif contre le cancer. « On a déjà remarqué que les gens traités pour insuffisance cardiaque avaient moins de cancers que le reste de la population, explique le chercheur. Confirmer si leur médication est responsable d’un effet préventif va prendre beaucoup de temps, mais notre découverte pourrait donner une explication à ce phénomène. »

Jusqu’à maintenant, le nouveau rôle de ces médicaments a été testé en laboratoire, mais les chercheurs ont bon espoir de rapidement transformer leur découverte en traitement. « Ces médicaments sont déjà tous testés et approuvés par les autorités réglementaires, explique Noël Raynal. On connaît leur sécurité, le dosage approprié et l’effet anticancer se manifeste bien en deçà des doses sécuritaires pour un humain. »

Les scientifiques ont même démontré que les effets sur les gènes suppresseurs de tumeurs agissent spécifiquement sur les cellules malades. Les cellules normales n’étaient aucunement touchées par l’administration des médicaments. « Ça simplifie beaucoup les choses, confie le chercheur. » Leurs travaux ont été publiés dans le magazine scientifique Cancer Research.

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