Santé publique 

Comment éviter d’attraper les virus à la maison

Malgré la température clémente des derniers jours, la saison de la grippe est loin d’être terminée. Lorsque notre enfant ou notre compagnon de vie attrape le rhume, la grippe ou la gastro, est-on condamné à attraper le même virus ? Les chances de s’en sortir indemne sont faibles, mais voici les conseils de deux médecins pour s’armer le mieux possible.

La provenance des virus 

Tout d’abord, il faut savoir d’où vient le virus. « Si on a été exposé à la même source de virus que notre enfant ou notre conjoint, on a beaucoup plus de chance d’attraper ce même virus. Par contre, si notre enfant a attrapé un virus à la garderie ou que notre mari a attrapé un virus au bureau, il y a différentes choses que l’on peut faire pour se protéger, mais qui demandent énormément d’attention et de minutie », prévient Caroline Quach, pédiatre microbiologiste-infectiologue, médecin responsable de la prévention et du contrôle des infections au CHU Sainte-Justine.

Eau de javel

Dans le cas de la gastro-entérite, « les virus se transmettent directement par contact ». « Le problème, c’est que ces virus sont hyper résistants dans l’environnement, explique la Dre Quach. Ça ne prend parfois qu’un petit virus qui traîne sur le comptoir de la cuisine, qui va aller sur notre carotte crue qu’on va manger, et ce sera suffisant pour causer une maladie. » Notons que les virus peuvent rester vivants sur un comptoir pendant plusieurs jours. La solution ? « Ça prend vraiment une solution d’eau de Javel pour se débarrasser du virus, surtout du norovirus qui cause le plus d’épidémies de gastro », souligne la pédiatre. Avec une lingette neuve, on nettoie donc régulièrement les comptoirs de la cuisine, la poignée du frigo, les robinets de la cuisine et de la salle de bain ainsi que la chasse d’eau de la toilette, qui est une mine de bactéries ! Autre point : la personne atteinte de gastro devrait éviter de cuisiner.

Salle de bain séparée

Si c’est possible, la personne avec une gastro devrait utiliser une salle de bain différente du reste de la famille. Sinon, il faut veiller à désinfecter la salle de bain familiale régulièrement, ce qui n’est pas évident. « La personne malade sera-t-elle capable de nettoyer chaque fois toute la salle de bain avec de l’eau de Javel ? Parce que quand on vomit, on ne propulse pas les virus uniquement dans la toilette, mais partout dans le mètre carré autour de nous », précise la Dre Quach. On devrait aussi éloigner le plus possible les brosses à dents de la famille de celle du malade. Idéalement, la personne qui combat la gastro devrait manger dans sa chambre et limiter ses sorties jusqu’à ce qu’elle n’ait plus de symptômes. « Un peu comme on fait à l’hôpital, poursuit la médecin. Se prémunir contre une gastro-entérite qui court dans une maison, ce n’est pas de la tarte. C’est faisable, mais ce n’est pas de la tarte. De façon générale, quand la gastro rentre dans une famille, ça ramasse tout le monde ! »

Enfant malade = parent malade ?

Lorsqu’un enfant est malade, « c’est pire, parce qu’ils ont toujours besoin de quelqu’un d’autre pour se nettoyer ou se moucher. Et comme parents, on ne se nettoie pas toujours les mains après. Notre attitude est différente : on leur donne des bisous, on les prend nos bras. On ne les isolera pas dans une chambre et on ne se mettra pas de masque. On se dit que ce n’est pas grave, qu’au pire, on tombera malade. Et on l’est souvent après ! À l’hôpital, je n’attrape rien, mais avec mes enfants, j’ai tout attrapé ! », confie la Dre Quach, mère de trois enfants de 11, 16 et 19 ans.

Laver les mains

Se laver les mains avec de l’eau et du savon reste le moyen le plus efficace pour se protéger des virus du rhume et de la grippe. La personne malade devrait faire de même. « Il faut se laver les mains fréquemment, pendant 15 secondes, bien frotter et bien rincer », rappelle la pédiatre Catherine Henin, qui travaille aux services de soins complexes de l’hôpital de Montréal pour enfants. La mère de quatre enfants a un truc pour les petits : leur demander de chanter deux fois Bonne fête en se lavant les mains. Se munir d’un antiseptique à base d’alcool dans la maison est aussi une bonne idée, ajoute-t-elle. En plus de se laver les mains, on évite de se toucher le visage. « On ne se rend pas compte du nombre de fois qu’on touche son nez, sa bouche, qu’on se frotte les yeux. Si nos mains sont contaminées, c’est comme ça que les microbes entrent dans notre corps. Ce n’est pas par la peau, mais par ces orifices », précise la Dre Henin.

Attention aux sécrétions

« L’influenza, qui est le virus de la grippe, survit facilement 24 heures sur du papier », indique la Dre Caroline Quach. « Il faut donc simplement être conscient que le virus est présent dans les sécrétions qui, en se propageant, contaminent les autres. Ce n’est pas en ayant froid dehors qu’on attrape le rhume ou la grippe », souligne la pédiatre Catherine Henin. Les gouttelettes dans les sécrétions peuvent se propager jusqu’à près d’un mètre. Elles peuvent donc facilement se répandre sur les comptoirs, les jouets, etc. D’où l’importance de bien couvrir sa bouche et son nez quand on tousse ou éternue, dans le creux du coude par exemple. On peut aussi porter attention aux objets que l’adulte ou l’enfant malade touche : clavier d’ordinateur, téléphone, télécommande et autres jouets, pour essayer de les nettoyer régulièrement avec un produit désinfectant. Et on laisse idéalement une distance d’un mètre ou deux entre la personne qui tousse et les autres. Mais encore là, avec les enfants, ce n’est pas évident. « On évite aussi de partager des objets comme les ustensiles, les verres, les serviettes de salle de bains. Tant que la personne tousse, a le nez qui coule ou de la fièvre, il y a encore des virus dans les sécrétions », souligne la Dre Henin.

Pour guérir vite

Il est important de bien s’hydrater et de se reposer. On évite d’envoyer les enfants avec de la fièvre à la garderie ou à l’école même en leur donnant des médicaments. Le même principe s’applique pour les adultes malades. « Ce n’est pas de la paresse que de rester à la maison quand on ne va pas bien. Mieux vaut protéger nos collègues et se protéger nous-mêmes », affirme la Dre Henin. Ensuite, il faut simplement être patient et accepter qu’on risque de se partager les virus dans une même famille. « Une maison, c’est fait pour être malade… et c’est correct ! », affirme la microbiologiste-infectiologue pédiatrique Caroline Quach.

Vaccin

Selon le gouvernement du Québec, « la meilleure façon de se protéger des complications de la grippe est de se faire vacciner ». Et « il est fortement recommandé aux personnes qui ont plus de risques de présenter des complications de se faire vacciner chaque année afin de se protéger ». Il s’agit des enfants de 6 mois à 5 ans, des femmes enceintes, des personnes atteintes de maladies chroniques, des nouvelles mamans et de personnes de plus de 65 ans. Est-il trop tard pour se faire vacciner cette année ? « Non, ça vaut encore la peine pour se protéger contre la fin de la saison », répond la Dre Catherine Henin. « Même si le vaccin est efficace de 30 à 50 % cette année, c’est presque une chance sur deux de ne pas attraper la grippe, ça vaut quand même la peine. Nous, on le recommande pour tout le monde, même pour les gens en santé », ajoute-t-elle. Il faut cependant savoir que le vaccin ne protège pas contre « une panoplie de virus », souligne la Dre Quach.

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