Diversité culturelle

Nouvelles leaders, grandes promesses

Shahad Salman

S’unir dans la diversité

Elle est avocate spécialisée dans les nouvelles technologies. Elle s’intéresse à la science, à l’innovation, à l’éthique, au sport et au bénévolat. Et à beaucoup d’autres choses. L’ambition de Shahad Salman : voir les gens s’unir dans leur diversité au nom du Québec.

Plusieurs intérêts

Shahad Salman s’intéresse à tout … ou presque. « J’ai une grande curiosité intellectuelle », dit-elle. Après avoir reluqué les sciences, l’informatique, la politique et l’économie, elle s’est tournée vers le droit. « Pour l’aspect humain », ajoute-t-elle.

Ses études se déroulent à l’Université de Montréal et à l’Université McGill. Elles sont bonifiées par des programmes à Barcelone, en Espagne, et à Florence, en Italie.

Mme Salman s’intéresse notamment aux questions de propriété intellectuelle et aux enjeux éthiques. Aujourd’hui, elle est conseillère juridique chez Aligo Innovation.

Cette société de transferts technologiques valorise les découvertes issues d’une foule d’universités québécoises. « On se trouve aux premières loges, lance-t-elle. On est à l’affût des nouveautés. C’est fascinant ! »

Avocate, elle fait aussi du bénévolat lié à sa profession. Au Barreau du Québec, elle est membre du Comité sur les droits de la personne. Et, depuis le mois dernier, elle est présidente du Comité sur la diversité ethnoculturelle du Barreau de Montréal.

« Il faut se rencontrer, discuter et s’impliquer davantage, dit-elle. Et ça prend plus de volonté politique, au sens très large, pour voir les gens s’unir dans leur diversité sous la bannière du Québec. »

Plusieurs implications 

Mme Salman est interpellée par le contexte québécois. « C’est une minorité francophone dans une majorité nord-américaine anglophone, dit-elle. Les communautés culturelles comprennent sa situation. Elles sont elles-mêmes une minorité dans cette minorité. Et il y a une fierté à en faire partie. »

Elle est une « enfant de la loi 101 ». Pour elle, l’apprentissage du français est un vecteur d’appartenance essentiel. 

« Mais pour faire grandir le sentiment d’appartenance, ça prend plus d’échanges entre les personnes, dit-elle. Il faut inclure tout le monde. »

De toute évidence, ses gestes suivent ses paroles. Elle est membre des Cravates roses, un réseau de jeunes femmes leaders. Elle est aussi membre du Comité sur le profilage racial et social du Service de police de la Ville de Montréal.

En plus, elle siège à deux comités d’éthique. Le premier est lié à la recherche à la faculté de médecine de McGill. Le second, au Centre de prévention de la radicalisation.

Mme Salman est également administratrice de la Maison Secours aux femmes. Ce lieu d’hébergement s’adresse aux femmes immigrantes victimes de violence conjugale.

Sans compter qu’elle est responsable au Québec de l’organisme Donner 30. À ce titre, elle incite les membres de la communauté musulmane à offrir aux banques alimentaires les économies en nourriture réalisées pendant le ramadan.

Et comme si ce n’était pas assez, dès le mois de septembre, elle collaborera au Comité sur les droits de la personne du Musée de l’Holocauste à titre de bénévole.

Plusieurs cultures

Les origines familiales de Shahad Salman sont irakiennes. Ses parents, Hassan et Nidhal, ont quitté Bagdad pour fuir le régime de Saddam Hussein. L’ingénieur agricole et l’étudiante en science politique sont arrivés au Québec en 1986.

Mme Salman est née à Montréal l’année suivante. « Je suis issue de plusieurs cultures, dit-elle. Je m’identifie à ça, mais je m’identifie aussi aux différentes choses qui font de moi ce que je suis. C’est pour cela qu’il ne faut pas mettre les gens dans des boîtes. »

Son parcours lui a appris à connaître avant de juger. Et à se reconnaître en comprenant l’autre, à la fois semblable et différent de nous.

Shahad Salman porte un hidjab. Mais elle ne veut pas se définir en fonction de ce choix vestimentaire. « Ce n’est pas un geste politique, dit-elle. C’est une question de foi et de croyance. » Sa mère et ses trois sœurs ont aussi fait ce choix. « Mais j’ai des tantes qui ne le portent pas, précise-t-elle. C’est à chacune de décider. »

Les débats, ajoute-t-elle, ne doivent pas porter sur l’apparence physique. « Il faut les faire sur les idées et sur les propositions, dit-elle. C’est ce qui amène les changements et les améliorations. »

Fiche

Âge : 30 ans

Prénom : Shahad signifie miel en arabe classique.

Sports : Soccer, Ultimate (Freesbee) et participation le 17 septembre prochain au Juritour de plus de 100 km en vélo au bénéfice de Fibrose kystique du Canada et de la Fondation l’air d’aller (bourse Marika).

Objectifs : « Contribuer à ce que les droits de la personne soient compris et valorisés dans une société fière de ses différences. Et créer des ponts pour que les échanges se fassent sur les idées et non sur les apparences ou les appartenances. »

À voir, à lire, à entendre : « Le film Les choristes ; le livre Born a Crime, de Trevor Noah et en baladodiffusion The Daily, du New York Times. »

Dans 20 ans : « J’espère ne pas commencer à penser à la retraite... »

Le Québec, pour moi, c’est : « Home, sweet home. »

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