Bond spectaculaire des ventes et des visites aux urgences
Bond spectaculaire des ventes
Selon l’étude de l’INSPQ, le volume de ventes des produits les plus alcoolisés (au moins 11 % d’alcool) dans les dépanneurs et les épiceries a plus que triplé (319 %) entre 2016 et 2017. Les boissons qui contiennent entre 8 et 8,9 % d’alcool ont aussi fait un bond spectaculaire de 290 % pendant la même période. Plusieurs des produits à forte teneur en alcool sont offerts à faible prix. À certains moments de l’année, avec les rabais, les prix de vente peuvent descendre jusqu’à 0,74 $ pour l’équivalent d’un verre d’alcool standard, ont découvert les experts en santé publique. La publicité de ces produits cible particulièrement les jeunes, analysent-ils. La priorité est de fixer un prix minimum pour toutes les boissons alcoolisées, ajusté selon la concentration en alcool, et que ce prix soit ajusté annuellement selon l’indice des prix à la consommation, concluent les six auteurs de l’étude, dont les médecins-conseils de l’INSPQ Nicole April et Réal Morin.
Québec opte pour l’interdiction
Le gouvernement n’a pas retenu la recommandation de l’INSPQ. « L’interdiction [de la vente de ces boissons à 7 % ou plus d’alcool] dans les dépanneurs et les épiceries, c’est beaucoup plus fort qu’un geste qui consisterait à fixer un prix minimum », a plaidé le ministre de la Sécurité publique, Martin Coiteux, en conférence de presse. Comme La Presse l’a indiqué hier, la mesure sera intégrée à son projet de loi sur la Régie des alcools, des courses et des jeux (RACJ) dont l’adoption doit avoir lieu d’ici la fin de la session parlementaire, en juin. Elle entrera en vigueur par la suite. « C’est mon intention » que ce soit avant les élections de l’automne, a précisé M. Coiteux aux côtés de sa collègue de la Santé publique, Lucie Charlebois. Seules les succursales de la SAQ pourraient vendre ce type de boisson. Informée de la décision du gouvernement en fin de journée lundi, la société d’État a indiqué hier qu’elle n’avait pas décidé si elle les offrirait à ses clients. Québec donnera également le pouvoir à la RACJ d’ordonner à un titulaire de permis de cesser immédiatement la fabrication de boissons non conformes et d’en empêcher la vente et la distribution.
Intoxications en hausse
Selon l’étude de l’INSPQ, les services d’urgence de la province ont reçu en moyenne sept cas par jour de jeunes de 12 à 24 ans victimes d’une intoxication aiguë à l’alcool dans la dernière année. On recense 2332 jeunes qui ont atterri aux urgences pour cette raison entre le 1er janvier et le 26 novembre 2017. La majorité de ces jeunes ont été conduits en ambulance. Beaucoup d’entre eux (485) n’avaient pas l’âge légal de boire. Le taux d’intoxications aiguës à l’alcool chez les 18 à 24 ans et chez les 25 à 34 ans a connu une augmentation significative si l’on compare le taux de 2017 à celui de la période 2014-2016, ont d’ailleurs noté les auteurs de l’étude. Les experts de l’INSPQ indiquent que les données disponibles ne permettent pas de conclure que ces produits sont la cause principale des cas d’intoxications aiguës vus aux urgences du Québec en 2017. « Néanmoins, leur analyse met en évidence une problématique préoccupante qui justifie de renforcer les actions de prévention », soulignent les experts de l’INSPQ. « Ces cas sont graves, martèlent les experts. Parmi les consultations dans les urgences du Centre hospitalier de l’Université de Sherbrooke pour des problèmes liés à l’alcool, le quart des jeunes patients âgés de 12 à 24 ans avaient un niveau de priorité indiquant que leur vie était en danger. »