Sean Michaels
Une traduction musicale
La Presse
Il paraît que c’est toi qui as dit à ton éditeur que ce livre en valait la peine, qu’il devrait le lire et en acheter les droits. C’est vrai ?
C’est vrai. Je ne l’avais pas encore terminé que j’étais persuadée qu’il était pour Alto. Je crois que Nicolas Dickner en avait aussi parlé à notre éditeur, et ma recommandation a été le « coup de grâce ».
Comme lectrice, qu’as-tu aimé de ce roman ?
Le style, d’abord, original, musical et sensible, une façon toujours inusitée de dire les choses les plus simples, et une manière lumineuse d’exprimer l’indicible. J’ai également aimé la manière dont la musique y trouve sa place, partout, et le contraste percutant entre le lustre des années folles à New York et la dureté de l’URSS et des goulags. Enfin, la réflexion sur l’amour et la fiction en fil d’Ariane a continué de me faire réfléchir, même après quatre lectures.
Tu as demandé à en être la traductrice ?
Je n’en ai pas eu le temps ; Antoine Tanguay m’a doublée. Mais oui, je l’aurais demandé.
C’est plus difficile ou plus facile de traduire le livre d’un ami ?
Comme c’est ma première traduction complète, je n’ai guère de point de comparaison. Mais il est sûr qu’en plus de vouloir rendre justice au roman, je voulais faire honneur à Sean, alors il y avait une certaine pression. Par contre, sa disponibilité a rendu la communication très facile. Il s’est d’ailleurs beaucoup impliqué dans la traduction.
Quels ont été les principaux défis de traduction pour ce roman ?
La question « musicale », sans contredit. Le roman est truffé de rimes, d’allitérations, et le rythme de chaque phrase a été pensé soigneusement. Il fallait donc trouver une manière de transmettre le sens tout en conservant la mélodie.
Est-ce que Sean Michaels est l’homme d’un seul livre, ou en porte-t-il d’autres en lui ?
Selon moi, il est impossible d’écrire un livre d’un tel souffle sans en avoir d’autres dans le ventre. Je crois que, de la part de l’auteur qui a fait d’un scientifique russe un maître de kung-fu, on peut s’attendre à tout.