Sean Michaels

Une traduction musicale

La maison d’édition Alto avait acheté les droits de Corps conducteurs avant même qu’il ne remporte le prix Giller. C’est l’auteure Catherine Leroux (Le mur mitoyen, Madame Victoria) qui avait mis son éditeur Antoine Tanguay sur le coup… et qui en est devenue la traductrice. Elle a répondu à nos questions.

Il paraît que c’est toi qui as dit à ton éditeur que ce livre en valait la peine, qu’il devrait le lire et en acheter les droits. C’est vrai ?

C’est vrai. Je ne l’avais pas encore terminé que j’étais persuadée qu’il était pour Alto. Je crois que Nicolas Dickner en avait aussi parlé à notre éditeur, et ma recommandation a été le « coup de grâce ».

Comme lectrice, qu’as-tu aimé de ce roman ?

Le style, d’abord, original, musical et sensible, une façon toujours inusitée de dire les choses les plus simples, et une manière lumineuse d’exprimer l’indicible. J’ai également aimé la manière dont la musique y trouve sa place, partout, et le contraste percutant entre le lustre des années folles à New York et la dureté de l’URSS et des goulags. Enfin, la réflexion sur l’amour et la fiction en fil d’Ariane a continué de me faire réfléchir, même après quatre lectures.

Tu as demandé à en être la traductrice ?

Je n’en ai pas eu le temps ; Antoine Tanguay m’a doublée. Mais oui, je l’aurais demandé.

C’est plus difficile ou plus facile de traduire le livre d’un ami ?

Comme c’est ma première traduction complète, je n’ai guère de point de comparaison. Mais il est sûr qu’en plus de vouloir rendre justice au roman, je voulais faire honneur à Sean, alors il y avait une certaine pression. Par contre, sa disponibilité a rendu la communication très facile. Il s’est d’ailleurs beaucoup impliqué dans la traduction.

Quels ont été les principaux défis de traduction pour ce roman ?

La question « musicale », sans contredit. Le roman est truffé de rimes, d’allitérations, et le rythme de chaque phrase a été pensé soigneusement. Il fallait donc trouver une manière de transmettre le sens tout en conservant la mélodie.

Est-ce que Sean Michaels est l’homme d’un seul livre, ou en porte-t-il d’autres en lui ?

Selon moi, il est impossible d’écrire un livre d’un tel souffle sans en avoir d’autres dans le ventre. Je crois que, de la part de l’auteur qui a fait d’un scientifique russe un maître de kung-fu, on peut s’attendre à tout.

Ce texte provenant de La Presse+ est une copie en format web. Consultez-le gratuitement en version interactive dans l’application La Presse+.