Actualités

L’industrie alimentaire insultée par le ministre Paradis

« Si le ministre Paradis veut vraiment redéfinir la façon dont on produit des aliments, qu’on les transforme et qu’on les distribue, s’il veut faire une démarche sérieuse, ce n’est pas en amenant des consommateurs autour d’une table un jour ou trois avec son agenda et des caméras. […] Ça, c’est un spectacle. Ce n’est pas une consultation. Ce n’est pas scientifique », s’offusque la PDG du Conseil de la transformation alimentaire du Québec (CTAQ), Sylvie Cloutier.

Plus tôt cette semaine, le ministre québécois de l’Agriculture, Pierre Paradis, a réitéré son intention, dans La Presse, d’inviter les consommateurs à participer à l’élaboration de la prochaine politique alimentaire du Québec. Il n’a pas voulu dire à quel moment les rencontres auront lieu, mais le calendrier est déjà établi.

À son avis, « il faut que les acteurs de l’industrie réalisent que c’est payant, que c’est rentable, de tenir compte des besoins et des attentes de ceux qui consomment leurs produits quotidiennement ».

Une affirmation qui a fait bondir Sylvie Cloutier. « Ben voyons donc ! Les consommateurs sont au cœur de tout ce que nous faisons. Personne ne fait des produits qui ne se vendront pas. Tout est étudié, examiné, sondé. Tout passe toujours par un million d’étapes avant de se rendre sur les tablettes ! »

STRATÉGIE DEMANDÉE

Le président de l’Union des producteurs agricoles (UPA), Michel Groleau, est choqué lui aussi par les propos du ministre. « C’est gros comme affirmation. […] Les entreprises de l’industrie sont obsédées par les attentes des consommateurs, sinon elles ne sont pas en affaires. Alors c’est un peu insultant. »

Le CTAQ et l’UPA rappellent qu’ils ont demandé à Pierre Paradis d’élaborer une stratégie économique qui stimulerait les investissements du secteur agroalimentaire, soutiendrait la recherche et développement et l’innovation et trouverait des solutions à la pénurie de main-d’œuvre. « À court terme, ce sont les trois priorités », fait valoir Michel Groleau, déplorant que le ministre n’ait pas « saisi l’occasion » qui lui était offerte de travailler avec l’industrie.

Or, le temps presse, fait valoir l’industrie, puisque les investissements dans le secteur baissent, ce qui réduit sa capacité à être concurrentielle, et que l’Ontario s’est doté d’une telle politique.

Le CTAQ dit attendre la mise en œuvre d’une politique depuis 1997, puisque celles qui ont été rédigées depuis n’ont jamais été mises en vigueur. « Ça n’a pas de sens. Nous sommes le premier employeur manufacturier au Québec », conclut Sylvie Cloutier.

Ce texte provenant de La Presse+ est une copie en format web. Consultez-le gratuitement en version interactive dans l’application La Presse+.