Plein air

Le bâton à la rescousse

Le sentier est terriblement boueux. Pas question de le contourner, cela provoquerait de l’érosion. Heureusement, il y a plusieurs petites roches ici et là, on peut sauter de l’une à l’autre. Et celle-ci : est-ce un véritable caillou ou est-ce une motte de boue qui cédera et submergera traîtreusement la bottine ? Un petit coup de sonde avec la pointe du bâton de marche : oui, c’est solide, on peut passer.

« Il y a tellement de bonnes raisons pour utiliser des bâtons de marche ! », s’exclame Robin Collard, physiothérapeute, grand adepte de randonnée et auteur du blogue Physiorando.

Sonder le terrain n’est qu’un des usages des bâtons. Il y a aussi toute la question de l’équilibre. « Ça permet d’éviter toutes sortes de pertes d’équilibre et de chutes », souligne M. Collard.

Étienne Dumont, gérant des rayons du camping et de la chaussure au magasin La Cordée de Montréal, précise que l’utilisation des bâtons de marche fournit deux points d’appui supplémentaires.

« Si le terrain est irrégulier, c’est très pratique. Si vous avez un gros sac à dos chargé, ça porte une partie du poids du sac à dos pour vous. »

— Étienne Dumont, gérant des rayons du camping et de la chaussure au magasin La Cordée de Montréal

Ces points d’appui supplémentaires sont également très utiles lorsque vient le temps de traverser un cours d’eau.

Selon M. Collard, les bâtons de marche aident également le randonneur à avoir une bonne posture. Ils augmentent aussi la dépense énergétique parce qu’ils nécessitent l’utilisation d’un plus grand nombre de muscles.

« Vous dépensez plus de calories, mais sans vous en rendre compte parce que chaque muscle travaille un peu moins fort », affirme-t-il.

On peut également se servir des bâtons pour construire des attelles en cas de blessure à la jambe.

Cependant, le grand avantage des bâtons de marche, c’est le fait qu’ils réduisent le stress sur les genoux et les hanches.

« Dans la littérature scientifique, on ne s’entend pas sur les chiffres, mais l’utilisation de bâtons viendrait diminuer de 10 à 30 % les effets sur les membres inférieurs. »

— Robin Collard, physiothérapeute

La plupart des études ne portent toutefois pas sur la randonnée en montagne, mais sur la marche nordique, un sport particulièrement populaire en Scandinavie qui consiste à marcher rapidement avec des bâtons. On peut cependant présumer que les bâtons de marche ont également des effets bénéfiques sur les articulations des amateurs de sentiers de montagne.

Encore faut-il avoir la bonne technique. « Je vois beaucoup de gens qui font un mouvement de pendule et qui piquent le bâton à l’avant, indique M. Collard. En fait, ils se freinent. C’est bon pour la descente, on veut freiner pour éviter le stress sur les articulations, mais sur les terrains plats et en montée, il faut faire l’inverse. »

Il faut donc que le bâton soit incliné de 70 degrés par rapport à l’horizontale. En d’autres mots, lorsqu’on pique le bâton, la poignée est en avant, la pointe est en arrière. De cette façon, on peut se propulser et non pas se freiner.

Il faut faire attention à ne pas trop projeter le bâton vers l’arrière, comme le font les skieurs de fond qui font du pas de patin, afin de ne pas transformer le randonneur qui suit en shish kebab.

« La poussée est ainsi plus efficace, indique M. Collard. Il faut s’assurer d’une plus grande distance entre les randonneurs quand on utilise des bâtons de marche, mais c’est sûr qu’une poussée abusive est dangereuse. »

LES CARACTÉRISTIQUES À PRENDRE EN COMPTE

La longueur des bâtons est importante. Ainsi, sur un terrain plat ou modérément en pente, on devrait faire en sorte que le bâton soit assez long pour que le coude situé près du corps forme un angle de 90 degrés. Pour monter une pente abrupte, on devrait raccourcir de quelques centimètres le bâton, alors que pour descendre, on devrait l’allonger.

Étienne Dumont, de La Cordée, suggère d’allonger d’abord la partie du bas, qui est conçue pour absorber les chocs.

Évidemment, il faut utiliser des bâtons qui peuvent s’allonger ou se raccourcir fréquemment. De tels bâtons peuvent s’ajuster à l’aide de vis ou de fermoirs.

« Les meilleurs sont à fermoirs, affirme M. Dumont. Les vis finissent par se briser. »

Il existe maintenant des bâtons pliables, extrêmement légers. « C’est bon pour ceux qui font de la course en montagne, estime toutefois M. Dumont. C’est moins durable. »

En outre, certains modèles de bâtons pliables ne peuvent pas s’allonger ou se raccourcir.

Il existe également des bâtons à suspension, une caractéristique totalement inutile aux yeux de M. Dumont. « Un jour, ils n’avaient rien à faire à la compagnie, ils ont inventé cela », ironise-t-il.

Par contre, il apprécie les poignées de liège, « le top du top » en raison de leur confort. « Selon moi, la dépense vaut le coup, soutient-il. Un bâton bien construit va durer longtemps. »

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