Alex Harvey n’est pas inquiet

Le fondeur québécois prévoit recevoir le soutien financier habituel pour la prochaine saison malgré les coupes au programme À nous le podium

Alex Harvey s’attend à avoir tous les outils à sa disposition pour connaître du succès dans ce qui s’annonce comme sa dernière saison.

En dépit des coupes anticipées d’À nous le podium (ANP), le fondeur de Saint-Ferréol-les-Neiges prévoit recevoir le soutien habituel en prévision de la défense de son titre mondial au 50 km et des finales de la Coupe du monde qui auront lieu à Québec en mars prochain.

« Je ne suis pas inquiet pour la saison à venir, vraiment pas », a-t-il assuré au téléphone la semaine dernière.

Quelques jours plus tôt, son entraîneur Louis Bouchard avait révélé à Radio-Canada que les dirigeants d’ANP l’avaient prévenu de l’arrêt du financement ciblé à Ski de fond Canada (SFC). La volonté de Harvey de mettre un terme à sa carrière dès l’an prochain – et donc de ne se pas rendre jusqu’aux Jeux olympiques de 2022 – pèserait lourd dans la balance.

« C’était prévisible, on le sentait venir, mais je ne pensais pas qu’ils couperaient même Alex pour sa dernière année, a expliqué Bouchard à La Presse. Je trouvais que c’était drastique. »

Pour la fédération canadienne, cette coupe représenterait une perte sèche d’environ un demi-million de dollars. Bouchard craint, entre autres, une réduction de moitié de l’effectif de techniciens, qui passerait de six à trois. Le statut du testeur Lee Churchill, alter ego et proche confident du champion mondial, est mis en question.

Prévenu par son entraîneur, Harvey avait commencé à évaluer ses « options » auprès de ses contacts et commanditaires pour pallier le manque à gagner. Mais une discussion récente avec le directeur général de SFC, Shane Pearsall, l’a rassuré.

« Je ne sais pas quels seront les chiffres avec À nous le podium, mais je me suis juste fait confirmer que ma saison allait être assurée avec le même niveau de soutien que les dernières années. »

— Alex Harvey

La retraite de plusieurs vétérans, dont celle de son acolyte Devon Kershaw, avec qui il a gagné une première médaille d’or aux Mondiaux en 2011, fera en sorte que l’équipe de techniciens, même amputée de quelques membres, aura suffisamment de ressources pour le servir. D’autant que le quintuple médaillé mondial, qui pourrait être le seul Canadien en Coupe du monde jusqu’à Noël, bénéficiera toujours d’un précieux farteur fourni par son équipementier.

« On avait six techniciens, mais on était cinq gars et quatre filles [sur le circuit], a noté Harvey. Si on a encore trois ou quatre techniciens, plus le gars de Salomon, c’est trois ou quatre techniciens, plus le gars de Salomon, juste pour moi. Sur cet aspect, le ratio est mieux qu’il ne l’était. »

Selon les indications fournies par Pearsall, les jeunes fondeurs se feront les dents dans les circuits Nor-Am et Coupe des Alpes (OPA). « Je pense qu’ils se rendent compte que la Coupe du monde, ce n’est pas un circuit de développement », a expliqué Harvey.

Dans le pire des cas, il devra trouver des fonds pour assurer la présence de Churchill, dont il assumait lui-même déjà une partie du salaire et des dépenses.

« Prochaine génération »

Par ailleurs, en août, Harvey s’alignera sur trois courses de ski à roulettes en Norvège avant de prendre part à un camp avec l’équipe norvégienne à Trondheim, sans avoir à payer un sou.

À titre de mentor de la relève, le fondeur canadien le plus prolifique de l’histoire profitera indirectement des sommes destinées à la stratégie « Prochaine génération » d’ANP, qui oscilleront entre 150 000 et 250 000 $, selon les prévisions de Bouchard. Par exemple, les ressources d’un stage d’entraînement estival à Canmore serviront à tout le monde, relève Harvey. L’intégration de jeunes aux Mondiaux et aux finales de Québec aura le même effet.

Ces scénarios ne sont cependant pas approuvés. Ski de fond Canada n’a toujours pas pourvu le poste névralgique de directeur haute performance laissé vacant par le retraité Tom Holland, ce qui n’est rien pour rassurer ANP.

Serein par rapport à sa dernière saison, Harvey estime que le programme « Prochaine génération » offre des garanties suffisantes pour le soutien de la relève.

« Ça dépend de ce dont on parle, précise celui qui a terminé quatrième des Jeux olympiques de PyeongChang. Je ne suis pas coach, je ne connais pas toutes les données. On en a du monde qui ont le potentiel de faire des top 30, des top 20 ou des top 15. Mais des podiums en Coupe du monde, honnêtement, je ne sais pas. »

Fier de ses Jeux

Trois mois plus tard, Harvey a bien digéré sa quatrième place déchirante au 50 km des Jeux olympiques de PyeongChang. « C’est le chiffre “4e” qui est amer. Ce 50 km-là, c’est une des meilleures performances de ma carrière. Je suis un peu meilleur en style libre. Là, c’était en classique. C’était un 50 km vraiment physique, pas stratégique du tout. En regardant ça, c’était une de mes meilleures courses à vie. Je suis satisfait de ça. Après, je n’ai pas eu de médaille. Ce n’est vraiment pas la fin du monde. Depuis que je suis revenu, je n’ai eu que de bons mots et messages. Je pense que les gens ont quand même reconnu cette performance. Je suis fier des Jeux que j’ai faits et fier de ma saison au complet. Je n’aurais rien pu faire de différent. »

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