Le Québec perd quelques plumes
Le marché canadien du travail a accueilli de nouveaux travailleurs pour le neuvième mois consécutif en août, ce qui constitue sa plus longue période de croissance depuis la crise financière d’il y a neuf ans. La création de 22 200 emplois le mois dernier a aussi permis au taux de chômage de reculer de 0,1 point de pourcentage, à 6,2 %, selon Statistique Canada.
Le Québec a cependant perdu 6000 emplois et son taux de chômage a augmenté de 0,3 point par rapport au mois de juillet, pour atteindre 6,1 %. « Pour le Québec, les résultats […] ne s’inscrivent pas dans la tendance positive observée depuis le début de l’année », a expliqué dans une note Joëlle Noreau, économiste principale pour le service d’études économiques de Desjardins.
« Les résultats des deux derniers mois au Québec témoignent de la difficulté de conserver la même cadence d’embauche que celle enregistrée depuis janvier 2017. »
Les données de l’agence démontrent qu’au niveau national la croissance d’août a été alimentée par un type d’emploi moins désirable : les postes à temps partiel. En effet, quelque 110 400 emplois à temps partiel ont été créés, pendant que 88 100 emplois à temps plein disparaissaient.
L’agence souligne que la majorité des emplois à temps plein éliminés touchaient les jeunes Canadiens de 15 à 24 ans. Le nombre de personnes à la recherche d’un emploi dans cette tranche d’âge a aussi reculé le mois dernier.
Le nombre d’employés salariés a reculé de 10 400 en août, a précisé Statistique Canada, tandis que le nombre de personnes se décrivant comme travailleurs autonomes, incluant les employés non payés d’entreprises familiales, a augmenté de 32 700.
« Bien que très vigoureux en surface, les détails de ce rapport sont généralement plus stagnants, ce qui donne un résultat partagé. »
— Doug Porter, économiste en chef de la Banque de Montréal, dans une brève note de recherche pour ses clients
Par rapport au mois d’août de l’an dernier, l’emploi a connu une hausse de 2,1 % au pays, grâce à l’ajout de 374 000 emplois. De ces nouveaux postes, 213 400 étaient des emplois à temps plein, soit 57 % d’entre eux.
Les données permettent de croire que l’économie a poursuivi sur sa lancée, après un début d’année plus vigoureux que prévu. La croissance économique a notamment convaincu la Banque du Canada de hausser son taux d’intérêt directeur à deux reprises. La dernière de ces hausses est survenue plus tôt cette semaine, après que Statistique Canada a dévoilé la semaine dernière que l’économie avait crû au rythme de 4,5 % d’avril à juin.
Certains économistes ont estimé que les nouveaux chiffres sur l’emploi donnaient raison à la banque centrale et appuyaient même les prévisions de certains analystes qui misent sur une nouvelle hausse des taux d’intérêt d’ici la fin de l’année.
« En fait, si l’on regarde les 12 derniers mois, nous avons eu une création d’emplois remarquablement solide », a souligné Craig Alexander, économiste en chef du Conference Board du Canada. « L’économie canadienne montre qu’elle a un bon élan. »
Les données sur le marché du travail du mois dernier indiquent que les salaires ont grimpé de 1,8 % par rapport à l’an dernier. Il s’agit de leur croissance la plus prononcée depuis octobre dernier.