OPINION Îles-de-Boucherville

Le syndrome du « pas au Québec »

Le projet d’agrandissement du parc national des Îles-de-Boucherville a récemment refait surface sous l’impulsion de quelques groupes environnementaux.

Le territoire convoité est situé au nord des limites actuelles du parc national et est désigné milieu de conservation prioritaire dans le schéma d’aménagement de l’agglomération de Longueuil. Son annexion au parc national faciliterait la gestion des écosystèmes de l’archipel des Îles-de-Boucherville.

La SEPAQ dispose en effet d’une équipe spécialisée sur place toute désignée pour assurer un meilleur suivi scientifique et mettre en place des mesures de gestion optimales pour la faune et la flore. Ce serait également un formidable coup de pouce au grand projet de ceinture verte et bleue autour de Montréal. 

L’agrandissement du parc national pourrait éventuellement offrir un accès plus rapide aux Montréalais par l’intermédiaire de la navette fluviale localisée au parc de la Promenade-Bellerive, dans l’est de Montréal.

Territoire fédéral, les grandes battures Tailhandier et les quelques îles qui restent à annexer au parc national sont sous la responsabilité de Transports Canada. Alors que Montréal fête son 375e anniversaire, il est assez ironique que le ministre Marc Garneau, dont la circonscription est dans l’île de Montréal, fasse la sourde oreille vis-à-vis ce projet.

Est-ce tant demander au gouvernement fédéral que de céder environ 2 km2 au gouvernement du Québec pour concrétiser ce beau projet pour les Montréalais ?

En 2015, Transports Canada cédait 19,1 km2 à Parcs Canada pour le projet du Parc urbain national de la Rouge dans la région de Toronto. En mai 2017, le même ministère transférait un autre 21 km2 pour appuyer ce beau projet pour les Torontois. C’est donc un total de 40,1 km2 qui ont été cédés pour agrandir le Parc urbain national de la Rouge, soit 20 fois plus que ce qui est demandé pour la région de Montréal. De plus, le gouvernement fédéral a annoncé des investissements de 140 millions sur 10 ans pour soutenir le projet d’agrandissement du Parc urbain national de la Rouge, en plus d’investir 7,5 millions par année pour sa gestion.

Le vrai problème du projet d’agrandissement du parc national des Îles-de-Boucherville est qu’il est situé au cœur de la grande région de Montréal, loin des yeux et du cœur de la métropole canadienne. En 2016, le premier ministre Justin Trudeau et la ministre de l’Environnement Catherine McKenna célébraient ensemble le Parc urbain national de la Rouge alors qu’ils participaient sur place à une activité de canoë.

Accepteront-ils d’en faire autant dans notre beau fleuve Saint-Laurent aux côtés des Montréalais ? On peut sérieusement en douter…

Dans la pétition qu’elle a mise en ligne pour soutenir le projet, la Société pour la nature et les parcs du Québec y va de ce joli slogan : « Laissez-vous envahir par le syndrome du Oui dans ma cour ». Malheureusement, ce slogan rate sa cible. Nous n’avons pas à faire au syndrome du « pas dans ma cour » ou à celui du « oui dans ma cour ». Le vrai syndrome à l’œuvre ici est beaucoup plus sournois et sévère, il agit en paralysant l’action du gouvernement fédéral, il s’agit du syndrome du « pas au Québec ».

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