ENLÈVEMENT DES ORDURES

Quatre nouveaux arrondissements pour la française Derichebourg

Avec ses camions blancs immaculés et ses éboueurs vêtus comme des pompiers, la société d’enlèvement des ordures Derichebourg a fait une entrée remarquée à Montréal. Le géant français de la propreté, qui a commencé à ramasser les déchets dans deux arrondissements le 1er décembre, vient de rafler quatre contrats additionnels. Son chiffre d’affaires annualisé atteint presque 6 millions au Canada.

Le nouveau venu vient de remporter quatre contrats dans les arrondissements du Sud-Ouest, de Verdun, d’Ahuntsic–Cartierville, de Villeray–Saint-Michel–Parc-Extension. Ceux-ci entrent en vigueur d’ici la mi-mai.

Dans le Sud-Ouest et Verdun, le contrat porte sur la collecte des bacs bruns, des résidus alimentaires, tandis que dans Villeray et Ahuntsic, ce sont les résidus verts.

« Il y aura certainement une partie d’embauche, explique le président Derichebourg Environnement, Thomas Derichebourg, 39 ans, en entrevue au siège canadien à Anjou. Mais ce sont surtout nos salariés actuels qui, eux, veulent travailler davantage et plus. »

Depuis le 1er décembre, Derichebourg procède à l’enlèvement des ordures ménagères dans les arrondissements de Côte-des-Neiges–Notre-Dame-de-Grâce et de Rosemont–La Petite-Patrie.

« C’est une entreprise qui travaille bien, efficacement et proprement », dit Serge Fortin, chargé de communications dans Rosemont–La Petite-Patrie, au sujet de la prestation de service livrée par le fournisseur.

INVESTISSEMENTS DE 3,5 MILLIONS

La société française ne passe pas inaperçue dans les rues montréalaises. Elle s’est équipée de 20 camions neufs qu’elle lave quotidiennement. Elle a aussi habillé ses 50 employés de la tête au pied au coût de 700 $ chacun. Les sommes investies totalisent 3,5 millions jusqu’à présent.

« Je porte quand même le nom de ma société. Quand je vois des véhicules sales, ça me fait très mal. »

— Thomas Derichebourg, président Derichebourg Environnement

Le président de la division canadienne veut maintenant équiper chacun de ses camions de la technologie Stop-Start Active développée par Effenco, une PME de Pointe-Saint-Charles, qui a la vertu de réduire la consommation de carburant de 30 %.

« Ça peut devenir une excellente vitrine technologique pour démontrer l’efficacité d’une innovation », dit Denis Leclerc, président d’Écotech Québec, grappe des technologies propres, qui a mis Derichebourg en lien avec Effenco.

« Ce serait notre premier contrat de cette envergure », indique Benoit Lacroix, vice-président Ventes et marketing d’Effenco, qui compte 15 employés pour le moment. L’équipement coûte 30 000 $ par véhicule, mais donne droit à une subvention du Fonds vert qui couvre la moitié de la facture.

D’AUTRES CONTRATS DANS LA LIGNE DE MIRE

Fort de ses six contrats décrochés en dix mois à peine, Derichebourg entend soumissionner sur d’autres appels d’offres, notamment à Longueuil, cette année, et, possiblement, dans l’arrondissement du Sud-Ouest en 2017. Thomas Derichebourg se donne deux à trois ans avant de se lancer dans l’exploitation de centres de tri de matières résiduelles au Canada. Il vise 500 emplois en 5 ans.

Le spécialiste du nettoyage a les moyens de ses ambitions. Actif dans le domaine de l’enlèvement et de la valorisation des déchets depuis 60 ans, Derichebourg est une société familiale fondée par le grand-père de Thomas il y a 60 ans. Aujourd’hui, la société cotée au parquet de Paris enregistre des revenus annuels de près de 4 milliards et emploie 33 000 personnes dans 15 pays. Elle a réussi un bon coup publicitaire en gérant les déchets à l’occasion de la COP21 à Paris, ville éphémère de plus de 40 000 personnes.

« Ce n’est pas anormal que de gros acteurs européens débarquent chez nous, fait remarquer Pierre J. Hamel, professeur à l’Institut national de recherche scientifique. On l’avait vu, à l’époque, la généralisation de la collecte des matières résiduelles avec Tiru et Matrec [jadis belge, depuis passée sous le giron de TransForce]. À terme, ça ne s’était pas traduit par plus de concurrence, malheureusement. »

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