Soccer

La nouvelle vie de Nevio Pizzolitto

« Alors, est-ce plus difficile de gérer un quatuor défensif ou une petite entreprise ? » La question, posée sur le ton de la boutade, fait rigoler Nevio Pizzolitto, au bout du fil. Quelques secondes plus tard, le verdict de l’ancien défenseur central de l’Impact est sans appel.

« Pour moi, c’est gérer une entreprise, c’est sûr. J’ai moins de connaissances [que dans le soccer]. Ça fait cinq ans que j’ai commencé, mais il y a eu beaucoup d’apprentissage à faire. Maintenant, je suis plus à l’aise dans mon métier, raconte-t-il à propos de son rôle avec Fer ornemental Spanish, entreprise de rampes d’escaliers fondée par son père, Luigi, il y a un demi-siècle. 

« J’ai dû comprendre ce qu’était l’entreprise, avec les dépenses, les coûts et tout le reste. En plus, c’est particulier parce qu’on fabrique tout ici. Alors, on a des coûts pour le syndicat ou les immeubles... »

En suivant les traces du paternel et en rejoignant son frère Remo, déjà au sein de l’entreprise, Pizzolitto a, par la force des choses, dû couper une partie de ses liens avec le ballon rond. Le nom de l’homme, aujourd’hui âgé de 40 ans, est pourtant bien placé dans le petit livre d’histoire de l’Impact. 

Nevio Pizzolitto a disputé 16 saisons avec l’Impact, accumulant 23 030 minutes de jeu réparties sur 291 matchs de saison. 

Nommé capitaine après la retraite de Mauro Biello, il a également remporté trois championnats et a été l’un des acteurs de l’aventure en Ligue des champions qui s’est abruptement terminée à Santos Laguna.

En 2012, l’ex-numéro 5 avait participé au début du camp, sous les ordres de Jesse Marsch, avant d’être libéré le 20 février. Un mois plus tard, il confirmait sa retraite et son choix de se joindre à l’entreprise familiale plutôt que d’occuper un poste d’entraîneur au sein de l’Académie. Le saut dans l’inconnu a apporté son lot de défis.

« Avant, je jouais avec mes pieds, et là, je travaille avec mes mains, commence-t-il en souriant. Au début, ç’a été dur. J’ai commencé à travailler dès que je me suis arrêté avec l’Impact. En même temps, j’étais directeur technique à Monteuil [Laval], le soir, et je prenais des cours pour mes licences d’entraîneur, la fin de semaine. Ç’a été extrêmement difficile lors des deux premières années et demie. Mais j’ai eu toutes les licences que je voulais et j’ai maintenant beaucoup d’expérience dans mon travail. »

Le lien rapide qu’il fait entre le monde des affaires et celui du sport est loin d’être farfelu. Plusieurs leçons apprises au cours de sa carrière s’appliquent dans ses fonctions de chef d’entreprise.

« Le sport m’a quand même bien servi dans la manière de gérer une équipe ou pour savoir ce que les employés pensent et attendent, précise-t-il. Quand je jouais, c’est moi qui étais à leur place. On avait un patron, on se parlait entre nous pour que certaines choses changent. Oui, le sport m’a aidé pour mieux gérer ma vie et être plus efficace dans ce que je fais. »

Un œil averti

Le virus du soccer est toujours bien présent chez Pizzolitto. Pour le plaisir, il joue tous les jeudis soir en compagnie de quelques anciens membres de l’Impact. Et contrairement au bon vieux temps, il se permet maintenant d’évoluer dans un rôle un peu plus offensif. Mais son regard reste toujours pertinent quand vient le temps d’évaluer le travail des défenseurs centraux qui se sont succédé à Montréal depuis la saison 2012. 

« J’ai eu la chance de connaître Matteo Ferrari, qui m’avait déjà impressionné par ses habitudes de travail. Mais j’ai apprécié de voir des gars comme [Alessandro] Nesta ou [Laurent] Ciman, maintenant. J’aimais aussi Bakary Soumare, même s’il a eu un peu de difficultés avec le club. Il y a eu de bons joueurs à cette position. »

Que réserve l’avenir à Pizzolitto, qui a récemment agi à titre d’adjoint au directeur technique à Rivière-des-Prairies ? Dans un monde idéal, ses obligations professionnelles lui laisseraient un peu de temps pour continuer à garder un pied dans le monde du soccer.

« Plus qu’un travail, ce sera quelque chose que je vais faire pour le plaisir. Avec cinq ou six jours à temps plein dans l’entreprise, ça va être difficile de donner beaucoup de temps. Je vais voir où je vais acheter ma prochaine maison et je vais peut-être essayer de contacter un club dans la région où je vais habiter. »

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