OPINIONS

Votre fête du Canada

Trois points de vue sur le 1er juillet

Sous titre

Je n’ai pas l’âme à la fête

Depuis neuf ans, son gouvernement cache ses largesses aux 1 % les mieux nantis en lançant la veille du scrutin des bonbons aux autres 99 %. Il impose le bâillon sur le débat des projets de loi. Il le rend impossible en les dissimulant dans des budgets mammouths qui accroissent l’inégalité. Il rend difficile l’accès à l’assurance-emploi, en déshabille les cotisants pour nipper ses bilans. Il dissout les groupes consultatifs, met fin au financement public des partis politiques.

Il tait ou travestit les chiffres sur le coût des avions militaires. Il vend le libre-échange européen avec des statistiques caduques. Il n’adore que le dieu privé. Il affiche son dédain envers les employés de l’État. Il les utilise à des fins partisanes. Il légalise le « nez fourré » dans leurs affaires syndicales. Il prétend réduire les émissions de GES sans toucher à leur cause première, les sables bitumineux. Il se comporte en cigarettier qui prend une posture de leader en santé.

Il centre nos relations internationales sur les seuls gains commerciaux, réduisant à une peau de chagrin l’aide à l’éducation. Il vend des ambassades pour une parade budgétaire, des blindés à l’Arabie saoudite en ignorant tous les Badawi victimes de ses sauvageries. Il déverse sur Omar Khadr le goudron terroriste. Il le laisse croupir dans l’horreur de Guantánamo, lui charge le dos de tous les maux en contravention aux ententes internationales sur le traitement des enfants soldats.

Il n’écoute pas ses juristes. Il contrevient à répétition au droit. Il se fait taper à répétition sur les doigts par la Cour suprême et boude publiquement ses décisions. Il outrage la Cour en planifiant dans sa cour un monument injurieux à sa neutralité. Il se fout des Premières Nations en ne faisant rien pour honorer leurs droits. Il reste assis sur son derrière pendant que de hauts dignitaires applaudissent debout la demande d’une enquête sur 1200 femmes autochtones tuées ou disparues.

Il déguise les manifestants autochtones et écologistes en ennemis de l’État. Il prolonge de quatre jours la période de détention d’un prévenu sans accusation. Il ferme les yeux sur l’usage de la torture et du confinement solitaire dans les prisons. Il détruit un bon outil de contrôle des armes à feu. À leur descente d’avion, il salit d’empreintes digitales les voyageurs de 151 pays. Il dépeint les chômeurs en tricheurs, les artistes en « gras durs », les scientifiques en laquais. Il ferme leurs laboratoires, rend squelettiques leurs observatoires, tripote leurs statistiques, muselle leurs recherches, provoque l’exode de leurs cerveaux.

Jamais un gouvernement canadien n’a tant mutilé le corps social, jamais n’a-t-il tant défiguré son visage, jamais n’a-t-il tant déchiqueté sa cohésion, jamais n’a-t-il tant dévoyé son intégrité. Non, pas l’âme à la fête !

— Pascal Barette, Ottawa

Retrouver qui nous étions

Il y a plus de 15 ans, je suis venu au Canada pour la première fois. Le pays m’avait charmé dès le premier jour. De retour au Mexique, j’ai fait ma demande d’immigration. Le Canada qui m’a accueilli, en l’an 2000, était un pays qui comptait sur une armée de maintien de la paix et un corps diplomatique qui faisaient l’envie de tous. Les efforts du Canada pour protéger l’environnement étaient un exemple pour le monde entier. Oui, c’était un Canada imparfait, mais vraiment merveilleux. Le Canada d’aujourd’hui a beaucoup changé. Notre armée est devenue une armée de guerre, le Canada est de plus en plus isolé dans ses positions en matière diplomatique et nous faisons piètre figure dans la protection de l’environnement. Aujourd’hui on ne parle plus du gouvernement du Canada ; maintenant c’est « le gouvernement Harper ». Je reste toujours fier de faire partie de ce beau pays, et je vous souhaite en ce 1er juillet une belle fête du Canada. Mais je souhaite fortement que le 19 octobre prochain, les Canadiens fassent un choix éclairé afin de retrouver le gouvernement du Canada. Il n’est pas trop tard pour retrouver qui nous étions.

— René Huacuja

Pas parfait, mais moins imparfait que d’autres

À tous les Canadiens, je souhaite une bonne fête ! Je souhaite qu’on apprécie encore plus notre situation quand on observe ce qui se passe sur la planète.

Je souhaite qu’on se souvienne que nos ancêtres ont bâti cet immense pays en 1867. Nous étions là avec l’Ontario, la Nouvelle-Écosse et le Nouveau-Brunswick. Depuis, notre pays a séduit des partenaires qui sont venus se greffer à ce rassembleur : Manitoba, Saskatchewan, Alberta, Colombie-Britannique, Île-du-Prince-Édouard, Terre-Neuve.

Plusieurs citoyens dans le monde veulent l’habiter, s’y installer définitivement. Sans doute qu’il n’est pas parfait. Mais il est moins imparfait que certains autres. J’ai voyagé, et partout dans le monde, le Canada récolte sourires, appréciation, envie. Vive le Canada ! Vive ce pays de libertés, de progrès, d’innovations.

— Marie-France Legault, Québec

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