La croissance, mais pas à tout prix

Ralentir, réduire, simplifier…

Stressés, épuisés, coincés financièrement, toujours pressés, insatisfaits de la qualité de leurs relations avec les autres, de plus en plus de citoyens cherchent d’autres façons de vivre.

« Beaucoup de gens ne se reconnaissent pas dans les valeurs dominantes de la société, dit Diane Gariépy, porte-parole du Regroupement québécois pour la simplicité volontaire (RQSV). On sent qu’il y a un regain d’intérêt envers d’autres modes de vie. Plusieurs se demandent quels besoins sont réellement essentiels, et si on peut y répondre autrement que par la consommation. »

Ces réflexions surviennent parfois en raison d’un élément déclencheur, comme un burn-out, souligne Mme Gariépy, qui reçoit les messages d’internautes souhaitant avoir plus d’informations sur son groupe.

« Les familles où les deux parents doivent travailler 40 heures par semaine pour pouvoir consommer et payer les dépenses, et qui imposent ce rythme à leurs enfants, finissent par se rendre compte que ça ne fonctionne pas, ajoute-t-elle. De plus en plus de gens ont des préoccupations alimentaires, mais ils n’ont pas le temps de bien manger et n’ont pas les moyens de consommer des aliments bios. »

La simplicité volontaire a connu son heure de gloire au Québec à la fin des années 80, à la suite de la publication du livre de Serge Mongeau, qui a donné naissance à cette expression. Pendant plusieurs années, les conférences de l’auteur étaient très courues, rappelle Diane Gariépy. Après quelques années où cette philosophie semblait en perte de popularité, elle semble maintenant revenir en force.

« Les gens sont mieux informés des menaces à l’environnement et semblent inquiets de voir la machine qui s’emballe. Quand ils voient des déversements de pétrole dans le fleuve, ils réalisent que l’appât du gain met la planète en danger. »

— Diane Gariépy, porte-parole du Regroupement québécois pour la simplicité volontaire

Certaines personnes s’intéressent à ces concepts parce qu’elles sont aux prises avec des problèmes financiers, après s’être fait prendre dans l’engrenage de la consommation et du crédit, remarque-t-elle aussi.

« Mais ce qui peut être difficile, c’est de passer de la théorie à la pratique, souligne Jocelyne Béïque, membre de la coopérative de la Ferme Morgan. On avait une réflexion sur la décroissance, avec des membres du Mouvement québécois pour une décroissance conviviale, mais ce n’était pas évident de l’appliquer au quotidien. Pour réellement réduire sa consommation, il faut un projet collectif. Mais les gens sont très attachés à leur individualisme. »

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