DÉCROCHAGE

Primordiales, les tapes dans le dos

Les élèves du Québec recevront sous peu leur deuxième bulletin de l’année. Puis, ce sera la relâche scolaire. Et la combinaison des mauvaises notes récentes et du long congé amènera certains adolescents à se poser cette question : « Et si… je lâchais l’école ? »

« Oh oui, on le voit beaucoup, confirme Marie-Lyne Brunet, directrice générale de l’organisme Je Passe Partout, un groupe engagé dans la lutte contre le décrochage. On appelle ça “la phase de résistance”. À l’automne, on met en place des mesures avec les jeunes et ça va bien, mais dès le retour des vacances des Fêtes, il y a beaucoup d’absentéisme et les retards scolaires s’accumulent. Au mois de février, la montagne peut avoir l’air trop dure à remonter. »

Ce n’est donc pas un hasard si, chaque année, les Journées de la persévérance scolaire ont lieu la troisième semaine de février. Du 16 au 20 février, plusieurs organismes de lutte contre le décrochage feront alors front commun pour sensibiliser la population à l’importance de soutenir les jeunes, et spécialement ceux pour qui l’école n’est pas une partie de plaisir.

« L’été, les vacances de Noël, la relâche, ce sont des moments où des jeunes vont décider de ne plus revenir, ajoute Andrée Mayer-Périard, directrice générale du Réseau réussite Montréal. Il y a plusieurs facteurs qui mènent au décrochage, mais à ce temps-ci de l’année, il y a des enfants qui ont l’impression que, peu importe leurs efforts, ils ne vont pas arriver à passer leur année. »

Pour faire du bruit autour de cette cause, le Réseau des Instances régionales de concertation sur la persévérance scolaire et la réussite éducative du Québec a mis en ligne le site internet EncourageonsLes.com. Les parents y expliquent la façon bien personnelle qu’ils ont de faire comprendre à leur enfant qu’il est capable d’y arriver, et qu’il est important.

« J’amène étudier ma fille dans un café branché et je m’apporte du travail pour l’accompagner », explique une mère de Montréal. Des gestes simples, mais qui ont un grand impact, assure Mme Mayer-Périard : « Chaque jeune est unique et on doit s’intéresser à ce qu’il est, même quand tout semble bien aller. »

À l’occasion des Journées de la persévérance scolaire, les parents pourront aussi télécharger l’application Adogotchi. Inspirée du fameux jeu Tamagotchi, et de façon très ludique, l’application présente un jeune dont l’humeur change en fonction des encouragements qu’il reçoit. L’Adogotchi pourra être téléchargé au cours des prochains jours sur les plateformes Apple et Android.

« Sans nécessairement leur mettre des lunettes roses, il faut leur montrer que ça vaut la peine de continuer à faire des efforts, ne serait-ce que pour qu’ils partent avec de bonnes bases l’année prochaine et qu’ils connaissent des réussites. »

— Marie-Lyne Brunet, directrice générale de l’organisme Je Passe Partout

Lorsqu’on lui demande s’il ne s’agit pas là de prêcher des convertis, Marie-Lyne Brunet précise qu’on n’encourage jamais trop un élève. « C’est important de le répéter chaque jour, soutient-elle. Même l’enfant qui performe bien a besoin de se faire dire que ses efforts vont payer. Valoriser l’éducation, c’est un facteur de protection hyper important pour que l’enfant reste à l’école. »

DES CHIFFRES ENCOURAGEANTS

Le ministère de l’Éducation et les groupes de lutte contre le décrochage poursuivent un objectif ambitieux : faire grimper le taux de diplomation et de qualification au Québec à 80 % pour les jeunes de 20 ans et moins d’ici 2020. Les récentes initiatives ont porté leurs fruits, et c’est désormais un peu plus des trois quarts des jeunes qui décrochent un diplôme.

La directrice générale du Réseau réussite Montréal ajoute toutefois que les organismes de lutte contre le décrochage font maintenant face à un défi de taille : « La situation s’améliore, et c’est formidable, mais il nous reste encore des marches à gravir, fait-elle remarquer. On n’est pas encore au 80 %, et le chemin qui nous reste à faire pour y arriver sera plus difficile que le chemin qu’on a parcouru, parce que plus on avance, plus les jeunes auxquels on s’adresse ont des problèmes multiples. Il faut que ce soit une préoccupation de toute la société, que nos jeunes réussissent. »

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