Le hockey sous toutes ses formes

Un jeu d’échecs « à 700 milles à l’heure »

Plus de 65 passionnés se sont rassemblés le mois dernier à l’occasion de l’Open de Rosemont de hockey sur table. Parmi eux, le Montréalais Carlo Bossio, vainqueur de l’épreuve, fait figure de référence de la discipline, en plus de bâtir ses propres tables. Tour d’horizon de ce jeu qui fascine les petits comme les grands.

Hockey sur table

Affrontements fraternels

Comme bien des jeunes Québécois, Carlo Bossio a commencé le hockey sur table par des affrontements animés avec son frère, Gino. « On ne jouait que tous les deux puisque, avant l’internet, on ne savait pas ce qui se passait ailleurs. Jusqu’à l’âge de 18 ans, je n’ai joué que contre lui. Puis, on a vu une annonce à la télévision à propos d’autres ligues. En 1990, à l’âge de 18 ans, je me suis présenté à un tournoi et j’ai gagné devant 35 concurrents. » Après une longue pause, « King Carleco » Bossio a retrouvé sa couronne lors d’un tournoi à Québec, en 2005. Abonné aux victoires, il est bien placé pour remporter un dixième titre mondial, cette année.

Hockey sur table

Différentes tables

Donald H. Munro est reconnu comme l’inventeur de la première table de hockey. Bien loin de la technologie actuelle, le Torontois l’a construite, en 1932, à partir de bois, de pinces à linge et d’autres objets de la vie quotidienne. La table pouvait être achetée par l'entremise des catalogues de Simpson et d’Eaton au coût de 4,95 $.

La National Table Hockey League (NTHL) met l’accent sur « le jeu Coléco modèle 5380 et ses descendants directs :  le Labelle, le Carleco et le Soho », peut-on lire sur le site de la ligue. « Mon jeu a été inspiré du S Slot 5380, mais j’ai corrigé les erreurs que je voyais. Les ailiers étaient trop loin des bandes, le tracé et la courbe étaient trop prononcés et derrière le filet, il y avait une zone où les joueurs ne pouvaient pas toucher la rondelle », dit Bossio.

L'entreprise suédoise Stiga a conçu son premier modèle en 1957. Sa popularité est telle que les rendez-vous de l’International Table Hockey Federation (ITAF) se déroulent sur des tables Stiga. « La grosse différence, c’est que le mécanisme, en dessous du jeu, qui fait tourner le joueur, est un engrenage alors que nous, on utilise un ressort, explique Bossio. La configuration du tracé est différente. Nous, ce sont les deux défenseurs qui vont en arrière du filet alors que, eux, c’est l’ailier gauche [adverse]. La table est aussi un peu plus petite. »

Bossio, qui fabrique ses propres tables, compte Alexei Kovalev et Martin Brodeur parmi ses clients. Il se rappelle un but inscrit aux dépens de l’ancien gardien des Devils du New Jersey. « Il n’avait pas réagi. Il s’est tourné vers son chum et il lui a dit : Holy f..k, I didn’t even see it go in », sourit Bossio. Combien de temps faut-il pour bâtir une table ? « Cela dépend du modèle. La table sur laquelle on a gravé la Coupe Stanley dans le bois avec les noms des gagnants des 24 Coupes du Canadien a pris 100 heures. On a un système pour toutes les tables standard, mais un client peut nous demander des choses hors de l’ordinaire. »

Hockey sur table

Une ligue nord-américaine

Impliqué dans la création de la Canadian Classic Table Hockey Federation (CCTHF), en 2005, puis dans Hockey sur Table Québec, Bossio a aussi été l’un des instigateurs de la NTHL, en compagnie de Lou Marinoff et de Burt Brassard.

« Je voulais inclure les Ontariens, les Américains et toute la gang, raconte le Montréalais sur la ligue créée en 2014. On a notamment des circuits à Detroit, Chicago, New York, Montréal et Québec. » Cette année, la NTHL sanctionne huit tournois auxquels ont participé plus de 175 joueurs « de 6 à 80 ans ». Bossio domine actuellement le classement général, comme il le fait maintenant depuis la saison 2007-2008.

Hockey sur table

Quelques règlements

5 minutes

Durée d’une partie. En séries éliminatoires, une période de prolongation, toujours de cinq minutes, a lieu en cas d’égalité. Le match se termine dès qu’un but est inscrit.

5 secondes

En possession de la rondelle, un joueur dispose de cinq secondes pour la dégager, la passer ou démarrer une attaque.

30 secondes

Un joueur peut demander un seul temps d’arrêt de 30 secondes par match.

7 buts

Lors de la ronde préliminaire, un match prendra fin si l’écart a atteint sept buts.

Hockey sur table

« Ce qui est le fun de ce jeu-là, c’est que tu contrôles tout : tes bonshommes, ta stratégie… Tu n’as pas de bouton qui te transforme en super-héros comme dans les jeux d’arcade. Tu es face à un adversaire et tu dois être plus intelligent que lui. Il faut beaucoup d'entraînement, une bonne coordination œil-main, de la concentration, affronter les meilleurs au monde… et un peu de chance. »

— Carlo Bossio

Hockey sur table

Un volet éducatif

Plus qu’un jeu, le hockey sur table est un excellent moyen d’aider certains élèves en difficulté, souligne Bossio. Il prend l’exemple du programme de l’école Marie-Sophie, à Sainte-Sophie-de-Lévrard, où, chaque midi, une soixantaine d’élèves se rassemblent. Un des tournois de la NTHL y a également lieu. « Ça motive à continuer quand tu entends que cela aide la concentration d’élèves qui avaient de la difficulté auparavant ou que ça pousse certains enfants à rester à l’école. À Vancouver, il y a aussi un programme, après les classes, avec des enfants à risque. Au lieu d’aller flâner dans les parcs, ils restent dans un encadrement sécuritaire avec des professeurs. Il y a aussi deux autres clubs dans des écoles de Winnipeg. »

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