Roman québécois

Un monde invisible

« La géographie avait beaucoup d’importance dans mes deux premiers livres. Cette fois, on est dans la négation de la géographie », explique Nicolas Dickner. Les frontières n’existent pas pour les personnages de Six degrés de liberté, à l’image de cette mondialisation dans laquelle on vit, et dont la face cachée est l’industrie du transport maritime. Et les conteneurs en sont l’épine dorsale.

En entrevue, l’auteur désigne tous les objets qui se trouvent dans le salon de sa nouvelle demeure, dans le quartier Villeray. « Tout est arrivé par conteneur, sauf peut-être les vieux vinyles ! », lance-t-il.

« Quand on fait le tour, on se rend compte que les trois quarts de ce qu’on considère comme notre intimité, le matériau de notre domesticité, ont été transportés dans un conteneur. » — Nicolas Dickner

Cette immense industrie a atteint son régime optimal depuis que l’essentiel de nos objets de consommation est fabriqué en Chine – seulement à Montréal, un tout petit port, il se fait des milliers de transferts de conteneurs par jour. Et elle fonctionne d’abord sur l’opacité, précise l’auteur. « C’est un énorme pan de l’économie et de la géopolitique qui est soustrait à notre vue. Mais qui est absolument lié à ce qu’il y a de très intime en nous. C’est là que ça devient fascinant. »

TOUT SAVOIR

Si, dans Six degrés de liberté, il imagine carrément un conteneur-drone intelligent – et on n’en est probablement pas très loin ! –, le conteneur automatisé, connecté sur l’internet avec contrôle de température, est inventé depuis longtemps. Conteneur qu’on peut situer en temps réel n’importe où sur la planète, soit dit en passant.

« Le pendant personnel de ça, c’est la carte de crédit, qui permet de tout savoir sur nous. Ça parle vraiment de notre époque. Il n’y a jamais eu autant d’information qui circule, et cette information n’a jamais eu autant d’importance dans nos vies. Et ça non plus, on ne le voit pas. »

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