Sommet de l’APEC

Pour une approche modérée de la mondialisation

Le premier ministre Justin Trudeau et les leaders de la vingtaine d'autres pays qui prennent part au Sommet de coopération économique Asie-Pacifique (APEC) tentaient de présenter, hier, la mondialisation sous une facette modérée, dans la foulée d'une apparente montée des mouvements d'opposition au libre-échange. L'objectif des rencontres d'hier, qui se tenaient derrière des portes closes au Pérou, était de déterminer comment présenter la mondialisation comme une approche économique modérée, a dit le directeur général du secrétariat de l'APEC, Alan Bollard. Apposer des mots sur le principal thème du sommet qui a pris fin samedi soir est simple, a noté M. Bollard, ajoutant qu'il est toutefois plutôt complexe de passer de la parole aux actes. Le Partenariat transpacifique s'est également retrouvé au cœur des discussions, alors que les ministres canadiens du Commerce international, Chrystia Freeland, et des Affaires étrangères, Stéphane Dion, ont multiplié les rencontres avec des homologues, des membres du Congrès américain et des hommes d'affaires. — La Presse canadienne

À ma manière

Quand BBQ Québec croise BMR

Chaque semaine, des gens d’affaires nous racontent l’aventure d’un projet important. L’aventure, cette semaine : convaincre le groupe BMR d’insérer des zones BBQ Québec dans ses quincailleries. La manière : une brûlante passion que Maxime Lavoie et Ariane Lefebvre savent communiquer.

BBQ Québec brûle toutes les étapes.

Deux ans à peine après l’ouverture de son premier magasin, la petite entreprise fondée dans la région de Québec a réussi à conclure une entente avec le Groupe BMR pour l’aménagement de zones spécialisées en barbecues dans les magasins de la chaîne de quincailleries.

Mais on s’en étonne moins quand on rencontre le président de BBQ Québec, Maxime Lavoie, et Ariane Lefebvre, sa directrice générale – dans l’entreprise et dans la vie.

Ils carburent à l’enthousiasme. On est à peine entré dans le magasin de Boucherville que Maxime Lavoie – appelez-le Max – présente le kamado placé à côté de la porte, un énorme four et gril en céramique de forme ovoïde, d’origine japonaise.

« Les BBQ en céramique, c’est quand même nouveau, mais c’est une technologie qui existe depuis 2000 ans », dit-il.

Partout, des barbecues de toutes tailles, des épices de toutes odeurs, des sauces, des briquettes, des pierres à pizza, des plaques de sel, des gratte-dos en inox – ou peut-être sont-ce des brosses à BBQ…

Papa ne veut pas vendre de BBQ

« Je trippe plus sur les BBQ que sur les ventes et les chiffres », exprime Maxime Lavoie.

Sur LinkedIn, il se présente comme le gourou du BBQ. Et en effet, il y a chez lui quelque chose du missionnaire. « Ma mission et celle de BBQ Québec, c’est de faire rayonner ce qu’on peut faire comme barbecues au Québec à la grandeur du monde », énonce-t-il.

L’homme de 32 ans a commencé à nourrir cette passion alors qu’il était simple employé dans le centre de rénovation de ses parents, Matériaux Lavoie, à Saint-Jean-Chrysostome, près de Québec.

En 2006, il propose à ses parents d’y vendre des barbecues de qualité, plutôt que les appareils bas de gamme qu’il était chargé d’assembler.

« Mon père m’a dit : “Des BBQ de 1000 $ et plus, ça ne se vendra pas” », raconte Max le bien nommé – son prénom apparaît sur tous les boutons de contrôle de température. « Mais finalement, ils m’ont fait confiance. »

Il se corrige : « Ma mère, en fait, m’a fait confiance. Mon père n’était pas au courant. »

Son père l’a appris lorsque les barbecues ont été livrés. « On vendait alors 50 barbecues par an pour 5000 $ au total, et là, on en avait acheté huit pour 20 000 $ », poursuit le souriant entrepreneur, sa casquette BBQ Québec vissée sur le crâne. « Il m’a bien dit : “Si tu ne les vends pas tous, tu es dehors. Mais ce qu’il ne savait pas, c’est que je les avais vendus à l’avance.” »

Trois ans plus tard, la quincaillerie familiale était le plus important détaillant de barbecues Napoléon au Québec, dit-il.

Un pied à Montréal

Cependant, Max Lavoie ne voulait pas limiter son prêche aux acheteurs nantis.

« J’avais l’impression que je ne pouvais pas vivre ma passion à 100 %. J’ai introduit des épices, des sauces… »

Sur cette lancée, il fonde BBQ Québec en 2013, avec son frère Jean-Philippe, neuf ans plus jeune que lui.

Avec l’aide de son ami d’enfance Jérémie Champagne – « ma mère l’a gardé ! » –, ils ouvrent en 2014 à Sainte-Foy un premier magasin spécialisé dans les barbecues et accessoires. Les deux frères donnent des cours de cuisine, Jean-Philippe publie un livre, leur réputation se répand comme une flambée de propane.

« À Montréal, j’étais chroniqueur sur peut-être trois télés et deux radios, poursuit Max. J’étais tout le temps à Montréal. On me demandait : où on trouve vos produits ? À Québec ! »

Ils décident d’ouvrir un magasin à Montréal.

Sa conjointe Ariane Lefebvre, diplômée en administration, se joint à l’entreprise comme directrice générale à la fin de 2014, juste à temps pour le déménagement.

Mais où s’installer ? Près du IKEA de Boucherville. Mais il s’aperçoit que leur magasin de la Rive-Sud draine des clients de toute la périphérie.

« Tout ce qu’on se faisait dire, c’est : quand est-ce que vous ouvrez sur la Rive-Nord ? »

En avril 2016, ils ouvrent un magasin à Laval. Cette fois, ce sont les clients en provenance de Lanaudière qui veulent leur succursale.

Jusqu’où les dominos tomberaient-ils ? 

« On a vu le besoin d’avoir un système de distribution plus large que la croissance que quelques individus pouvaient obtenir avec des magasins spécialisés. »

— Ariane Lefebvre, directrice générale de BBQ Québec

Il fallait trouver une autre manière de répandre l’évangile du barbecue de qualité.

Là-dessus, les parents de Max sont à nouveau appelés à jouer un rôle.

Matériaux Lavoie s’affiche BMR

Le 27 juin dernier, le centre Matériaux Lavoie, jusqu’alors indépendant, annonce son adhésion au Groupe BMR.

« Les parents de Max nous ont dit qu’ils avaient vraiment un beau soutien, une belle relation avec cette bannière-là, relate Ariane Lefebvre. On s’est rendu compte que les gens chez BMR, c’était des gens comme nous. Des gens passionnés, dévoués, sincères. »

En somme, des gens qu’on inviterait à un barbecue dans sa cour.

« Approchons-les, pour voir s’il y a un intérêt ! »

Sonder BMR

« La première étape, c’est que tes produits soient considérés », énonce Ariane Lefebvre.

Au début du mois d’août, elle rencontre d’abord l’acheteuse du secteur saisonnier.

« On lui a présenté nos produits, expliqué qui on est, qu’est-ce qu’on fait et qu’est-ce qu’on peut apporter aux bannières BMR. »

Pour les quelque 325 quincaillers, Ariane propose un étalage de quatre pieds montrant des articles populaires : épices, sauces, ustensiles, etc.

L’acheteuse goûte l’idée.

« Elle nous a relancés un peu sur la pertinence des produits, mais on était prêts. »

Elle rencontre ensuite sa patronne : « Au début, elle a fait : “Mon dieu, c’est quoi, cette histoire-là ?” Elle a embarqué elle aussi. »

Mais Ariane veut monter plus haut.

« Quand l’approbation des produits a été faite, ma stratégie était de parler au développement des affaires. Parce que je ne voulais pas juste être un fournisseur. Je voulais une alliance. »

— Ariane Lefebvre, directrice générale de BBQ Québec

La zone sensible

Une rencontre avec le directeur du développement des affaires du Groupe BMR, Pierre Nolet, est organisée à la fin d’août.

Mais celui-ci vient à peine d’entrer dans l’entreprise. Bonne ou mauvaise nouvelle ?

« Ça faisait sept semaines qu’il était en poste. Donc, timing intéressant. Il cherche à amener de la nouveauté dans le développement des affaires. »

Le directeur du marketing se joint à eux à la rencontre suivante. Ils s’entendent sur le concept d’une Zone BBQ Québec, un espace d’environ 500 pi dans les centres de rénovation BMR, aux couleurs noir et orange de la PME, avec accessoires, briquettes et une sélection de 10 barbecues. Le choix de ceux-ci a été l’exercice le plus difficile : « Je voulais faire entrer quelque chose comme 40 barbecues ! », relate l’insatiable Max.

Objectif : salon BMR

L’entente est signée en septembre.

On leur apprend que le salon des fournisseurs pour les marchands BMR se tiendra du 10 au 12 novembre, à Québec.

« Seriez-vous prêts à faire un salon ?

— Un salon ? On en mange ! », répond fort pertinemment Ariane.

Ce sera l’occasion de convaincre les marchands d’adhérer à la formule. Le chef de la direction du Groupe BMR, Pascal Houde, leur révèle l’entente dans son mot d’introduction.

La réaction est enthousiaste, au point que BBQ Québec reçoit le prix du stand le plus aimé.

Une vingtaine de centres de rénovation devraient donner leur accord pour l’installation d’une Zone BBQ Québec, aussi loin qu’en Gaspésie et aux Îles-de-la-Madeleine.

Les deux frères Lavoie se rendront sur place pour donner cours et formation.

« On transmet notre passion facilement », souligne Max, soutenu par le rire complice d’Ariane, qui relève l’euphémisme.

Mais dans cette passion se trouve aussi le plus grand défi d’Ariane : « Garder les rênes ! dit-elle. Jean-Philippe et Max sont tellement visionnaires ! Vous ne pouvez pas vous imaginer quel est le plan stratégique. Ce que les gens voient, c’est seulement la pointe de l’iceberg. »

Comme une sauce barbecue, il faut savoir doser.

BBQ Québec en bref

Fondation : 2013

Président : Maxime Lavoie

Associés : Jean-Philippe Lavoie, Ariane Lefebvre, Jérémie Champagne

Magasins : Sainte-Foy, Boucherville, Laval

Employés : 50 en haute en saison, 20 en basse saison

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