OPINION

GEORGE H.W. BUSH 1924-2018 La civilité incarnée

Depuis vendredi dernier, les témoignages et les éloges pleuvent à l’endroit du 41e président des États-Unis. George H.W. Bush nous a quittés la semaine dernière, mais son legs restera gravé dans la mémoire de nos voisins du Sud. 

Héros de guerre, élu à la Chambre des représentants, ambassadeur des États-Unis à l’ONU, émissaire des États-Unis en Chine, directeur de la CIA, vice-président de 1980 à 1988 sous le président Reagan, et président de 1988 à 1992, on se rappellera de son œuvre comme un dévoué de la paix et du leadership mondial de l’Amérique post-1945.

Il fut président lors de la chute du mur de Berlin, la fin de la guerre froide. Il est l’architecte de la victoire de la guerre du Golfe (Tempête du désert-Desert Storm) et le négociateur de l’ALENA avec le premier ministre Brian Mulroney (ratifié quelques années plus tard par le président Bill Clinton et le premier ministre Jean Chrétien). Bref, un internationaliste, un réel fervent du multilatéralisme et un grand serviteur de l’État avec des accomplissements qui ont marqué l’histoire.

Il est juste de dire que le président Bush père aura une place de choix dans l’histoire des États-Unis. Et elle sera grandement méritée !

Il était un républicain de type modéré, dans la tradition du fondateur du parti, Abraham Lincoln, comme l’étaient Theodore Roosevelt, Dwight D. Eisenhower et Ronald Reagan. Un conservateur sur le plan fiscal, mais relativement progressiste en matière de droits civiques et de l’environnement.

Il contrastait avec son prédécesseur Reagan en proposant une Amérique plus inclusive, plus généreuse et plus empathique. Il représentait une Amérique qui luttait contre la polarisation et les divisions. Malgré sa ferveur républicaine, M. Bush comprenait l’importance de tendre la main et de travailler de concert avec le Parti démocrate pour faire avancer son pays.

Ce qui restera dans la mémoire récente sera son amitié avec Bill Clinton, celui qui lui a infligé la défaite en 1992. Leur amitié, qui datait d’avant la course à la présidence de 1992, était à l’époque plus formelle entre un président (Bush) et un gouverneur de l’État d’Arkansas (Clinton).

Mais le destin les a amenés à mieux se connaître, à se comprendre et à partager des engagements humanitaires envers des victimes de désastres. Leur amitié s’est renforcée au fil des années de façon remarquable. M. Bush croyait dès son départ de la Maison-Blanche que le succès de M. Clinton serait une réussite pour l’Amérique. La partisanerie était, pour lui, secondaire.

George H.W. Bush croyait surtout à l’humain, aux valeurs humaines, et à l’importance de servir le peuple avant la partisanerie politique. Le président John F. Kennedy nous a déjà dit que la civilité n’était pas une marque de faiblesse. On peut dire que le président Bush nous l’a démontré par sa façon d’agir et sa façon de vivre. Il ne percevait pas son adversaire politique comme un ennemi. Au contraire, il travaillait toujours avec ses opposants pour trouver des solutions rassembleuses et faire avancer le progrès de son peuple. George H.W. Bush est un modèle pour ceux qui souhaitent faire de la politique.

Dans un monde où la polarisation, les divisions et souvent les insultes dominent le débat public, il est bon de réfléchir sur le parcours et les réussites de George H.W. Bush. Il voyait la civilité comme une force et un atout incontournable pour réussir. Dans les prochains jours, il serait bien qu’on se le rappelle. C’est au cœur même de l’héritage du président Bush.

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