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La diversité, un grand défi pour l’école québécoise

Chaque année, le Québec accueille des milliers de nouveaux arrivants. Comme c’est le cas dans les autres provinces canadiennes, c’est dans la métropole qu’ils tendent à s’établir.

La ville de Montréal est donc aujourd’hui caractérisée par sa diversité sociale, ethnoculturelle, linguistique et religieuse, une réalité qui se reflète dans plusieurs milieux scolaires et qui suscite différents enjeux.

À leur arrivée à l’école québécoise, les élèves récemment immigrés peuvent vivre les contrecoups de réalités vécues à travers leur parcours migratoire ; certains ont été peu ou pas scolarisés, d’autres ont été témoins ou victimes de violences. Ces élèves doivent également s’adapter rapidement à un contexte scolaire qui ne leur est pas familier. Pour différentes raisons, l’apprentissage intensif du français représente aussi un défi majeur chez certains d’entre eux.

En dehors de l’école, de nombreux élèves vivent les contrecoups des difficultés d’établissement de leur famille : déqualification professionnelle, stress d’acculturation, etc. Les enjeux que la diversité suscite dans les écoles montréalaises ne sont pas exclusivement liés à la situation d’élèves récemment arrivés, puisque les défis auxquels certaines familles immigrantes font face perdurent au fil du temps.

Dans les écoles de Montréal, on retrouve donc un grand nombre d’élèves plus ou moins récemment immigrés qui cumulent différentes vulnérabilités socioscolaires intrinsèquement liées à leur parcours migratoire ou à celui de leurs parents. 

Dans un souci d’équité et pour favoriser la réussite éducative de chacun, il est du devoir de la société québécoise de comprendre leurs besoins et d’y répondre.

Au cours des dernières années, je me suis intéressée à la résilience d’élèves issus de l’immigration cumulant différentes vulnérabilités socioscolaires. À la maîtrise, j’ai rencontré des duos parents-enfants récemment immigrés, une recherche qui m’a permis de cibler les caractéristiques de leur parcours ayant soutenu la réussite et l’intégration de ces élèves en dépit des facteurs de risque.

Bien entendu, l’enfant ou l’adolescent y est pour quelque chose. Qu’ils soient immigrants ou non, ceux qui maîtrisent les invariants du métier d’élève (ex. : assiduité, motivation) ont tendance à mieux réussir à l’école. Il en va de même pour l’environnement familial : l’intérêt que portent les parents au vécu scolaire ainsi que les discours autour de l’importance de l’école sont des caractéristiques qui soutiennent généralement la réussite.

La recherche que j’ai menée à la maîtrise m’a également permis de mettre en lumière l’importance de l’environnement extrafamilial pour les élèves que j’ai rencontrés. La fréquentation de lieux de culte, par exemple, leur permettait de rencontrer des adultes ou d’autres jeunes de leur âge qui les soutenaient sur le plan socioaffectif.

Un personnel dévoué

Sans grande surprise, l’école est également apparue comme un tuteur de résilience important pour ces élèves, un constat que j’ai souhaité approfondir dans le cadre de mon doctorat. Pendant une année scolaire, je me suis intégrée au quotidien de deux écoles primaires montréalaises en milieu pluriethnique et défavorisé pour brosser leur portrait.

J’ai alors eu le privilège de côtoyer différents acteurs (des directions d’école, des enseignants et du personnel non enseignant) engagés, généreux et bienveillants, comme des parents qui prennent soin de leurs enfants. J’ai senti que leur principale préoccupation était de tout faire pour soutenir la réussite, le bien-être et l’intégration des élèves.

La majorité des praticiens que j’ai côtoyés entretenaient des attitudes positives à l’égard de la diversité. J’ai compris qu’ils ne s’étaient pas retrouvés dans ces écoles par hasard ; ils avaient souhaité y travailler pour faire une différence.

Au quotidien, ces personnes se mobilisent et s’affairent à employer des moyens créatifs pour répondre à différents besoins sociaux, affectifs et éducatifs. Certaines initiatives visent à subvenir plus spécialement à des besoins de base : fournir des vêtements, du matériel scolaire ou de la nourriture à ceux qui en ont besoin, à peu de frais ou gratuitement.

On cherche aussi à exposer les élèves à différentes activités culturelles et sportives auxquelles plusieurs n’ont pas l’occasion de participer en dehors de l’école ; pour ce faire, des moyens financiers doivent être déployés. Au quotidien, les adultes s’assurent également de favoriser un climat de sécurité et de bien-être. Ils s’intéressent au vécu des élèves à l’école et en dehors de celle-ci, tout en étant conscients du fait que le parcours migratoire de plusieurs familles est escarpé.

J’avoue que je suis impressionnée de constater à quel point certains milieux scolaires sont organisés, mobilisés et motivés pour répondre aux enjeux que suscite la diversité ethnoculturelle. Lorsque les élèves sont tristes de devoir quitter l’école à l’approche du congé des Fêtes ou de l’été, j’estime que cela témoigne de leur bien-être et du sentiment d’appartenance qu’ils ont développé à l’égard de leur environnement socioscolaire. 

Néanmoins, on ne peut oublier qu’au quotidien, de nombreux praticiens scolaires finissent par se sentir surmenés et qu’ils doivent trop souvent faire face au manque de ressources humaines, financières et matérielles dans l’exercice de leurs fonctions.

Plusieurs personnes que j’ai côtoyées dépassent de loin le mandat initial qu’on leur a confié parce qu’elles ont le bien-être et la réussite des élèves à cœur. Si nous souhaitons qu’elles poursuivent ce travail acharné au quotidien, il est impératif de démontrer de façon encore plus tangible que l’éducation est une priorité au Québec, ce qui implique de réinvestir massivement en éducation et, surtout, de mettre en valeur le travail extraordinaire de ces praticiens.

* L’auteure travaille actuellement au Centre d’intervention pédagogique en contexte de diversité à la commission scolaire Marguerite-Bourgeoys.

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