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Les créanciers de Sinorama évincent le syndic de faillite

Nouveau coup de théâtre dans l’affaire Sinorama, hier : la majorité des créanciers du voyagiste en faillite ont obtenu le remplacement du syndic Groupe Serpone par la firme PricewaterhouseCoopers (PwC).

Johanne Serpone, du Groupe Serpone, avait été choisie par le PDG de Sinorama, Simon Hong Qian, pour administrer la faillite, liquider les actifs et distribuer les restes aux créanciers. Or, l’avocat François Gagnon, représentant de trois importants créanciers, a demandé qu’on remplace le Groupe Serpone par PwC.

Une majorité des créanciers en nombre, représentant plus des trois quarts de la valeur des créances de Vacances Sinorama, a voté en faveur de la proposition. Le représentant de PwC, Christian Bourque, a ainsi été nommé syndic pour continuer les procédures, notamment la distribution des restes de l’entreprise et la gestion du comité d’inspecteurs de la faillite.

L’assemblée des créanciers s’est tenue au Bureau du surintendant des faillites, dans l’édifice de la Sun Life, à Montréal. Une trentaine de personnes y ont assisté. Le journaliste de La Presse s’est d’abord vu refuser l’accès à l’assemblée, mais un vote tenu par les créanciers nous a finalement permis d’assister à l’assemblée.

L’avocat François Gagnon, du cabinet Borden Ladner Gervais, n’a pas voulu nous dire pourquoi il demandait le remplacement du syndic. PwC était l’administrateur provisoire mandaté par l’Office de la protection du consommateur (OPC) pour gérer Vacances Sinorama après sa mise sous tutelle, le 24 juillet.

29,9 millions réclamés par les créanciers non garantis

Vacances Sinorama a déposé son bilan le 18 octobre. Les documents signés par le PDG Simon Qian faisaient alors état de dettes totalisant 13,5 millions et d’un actif de 785 000 $.

Le 19 octobre, La Presse constatait que les dettes envers les fournisseurs indiquées dans l’avis de faillite (13,5 millions) étaient largement sous-évaluées. Par exemple, les sommes dues aux médias de Québecor en publicités impayées étaient évaluées à 17 750 $, alors que les sommes réellement réclamées par ce groupe médiatique s’élevaient hier à 272 400 $. Même constatation pour La Presse (4600 $ par rapport à 136 900 $). Enfin, aucune créance n’était indiquée pour l’OPC.

Hier, avant son remplacement, Johanne Serpone a présenté son rapport aux créanciers, dans lequel il était indiqué que les sommes réclamées par les créanciers non garantis s’élevaient maintenant à 29,9 millions. 

De cette somme, 23,7 millions sont demandés par l’OPC à titre de gestionnaire du fonds d’indemnisation des voyageurs lésés.

Toutefois, dans le contexte de l’assemblée et du vote, d’autres créanciers se sont manifestés, notamment le processeur de paiements Stripe Canada (8,2 millions) et le liquidateur de Sinorama en Nouvelle-Zélande (1,6 million), ce qui a fait passer l’ensemble des réclamations à 38,3 millions.

À ce sujet, le PDG Simon Qian a fait valoir aux créanciers que les sommes dues à Stripe Canada et à l’OPC ne devaient pas s’additionner, que la première était incluse dans la seconde.

Firmes en Ontario et en Colombie-Britannique

Précisons qu’aucune réclamation n’a été faite par les firmes ontariennes et britanno-colombiennes de Sinorama, ni par les autorités réglementaires de ces deux provinces. Ces dernières ont intenté des poursuites et estiment devoir faire face à un manque à gagner de 16 millions réclamés par les voyageurs.

Selon le rapport du Groupe Serpone, l’actif résiduel de Vacances Sinorama s’élève à 554 405 $, mais d’autres sommes pourraient s’y ajouter, non évaluées. Parmi ces sommes figurent des gains éventuels dans une procédure contre l’OPC, soutient Serpone, de même que la possible valeur de droits contractuels dans des dépôts prépayés pour des hôtels, excursions en autocar, vols intra-Chine, etc.

Le rapport prétend également que Vacances Sinorama pourrait obtenir une certaine somme, en sa qualité de grossiste, de la part des sociétés affiliées Sinorama Travel, de Vancouver, et Sinorama Holidays, de l’Ontario. Ces deux entreprises sont celles mises sous tutelle par les autorités des deux provinces et qui font face à un manque à gagner de 16 millions. Elles sont toutes deux contrôlées par le couple Simon Hong Qian et Martine Wenjia Jing.

Enfin, précisons qu’un seul représentant de créanciers importants s’est opposé au changement de syndic, hier. L’homme qui parlait uniquement en Chinois avait comme traducteur un ancien cadre supérieur de Vacances Sinorama. Il représentait trois créanciers chinois réclamant 4,0 millions, nommément les firmes Beijing Legend International, Beijing Tianchen Holiday et Beijing United International Travel Service.

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