Rentrée culturelle

Musique

Des artistes québécois de talent lanceront un nouvel album dans les prochaines semaines avec Ingrid St-Pierre en tête de liste.

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La renaissance d’Ingrid St-Pierre

La chanteuse Ingrid St-Pierre lancera vendredi son quatrième album. Œuvre intime et dépouillée, Petite plage arrive comme une renaissance après un passage à vide d’un an. 

« Quelqu’un qui écoute ça ne sait pas à quel point il me connaît », dit Ingrid St-Pierre en avouant qu’elle a conçu un album « égoïste ». « Chaque toune a été faite pour moi, parce que j’en avais besoin, ou à cause d’une rencontre. Les histoires derrière sont plus grandes que les chansons. »

Le résultat est impudique et à fleur de peau, pourtant on se retrouve dans les histoires sensibles d’Ingrid St-Pierre. Qu’elle parle de son bébé qui ne dort pas (Les éléphants massaï), du noyau familial (Tout ça c’est nous), du deuil de sa grand-mère (L’enneigée), mais aussi de la vieillesse (Les joailliers) ou d’une histoire d’amour hors norme (Les amoureux scaphandres), la chanteuse décrit avec délicatesse des sentiments et des émotions qui peuvent toucher tout le monde.

La première chanson, À la mer, raconte aussi le gouffre dans lequel elle s’est enfoncée il y a deux ans. « J’ai voulu tous les rôles et puis tous les chapeaux/Mais plus rien ne m’auréole quand ma tête est sous l’eau », y chante-t-elle. En entrevue, Ingrid St-Pierre en parle ouvertement : elle a terminé sa précédente tournée « sur les genoux », en burn-out.

« Mon fils ne dormait pas – j’ai passé deux ans à ne pas dormir plus de deux heures d’affilée par nuit. J’ai fait ma tournée pareil, je l’emmenais partout avec moi… puis j’ai frappé un mur. Je ne me plains pas, il y a plein de mamans qui pratiquent toutes sortes de métiers qui vivent la même chose. Mais c’est comme si j’avais voulu prouver qu’avoir une famille n’allait rien changer, que tout pouvait continuer comme avant. »

Ce qu’elle a compris ensuite, c’est que son désir de remplir tous ses rôles comme si de rien n’était exerçait une pression inutile… qu’elle s’était mise sur les épaules toute seule. « Personne ne me demandait ça. Mais à un moment donné, à force de vouloir être parfaite partout, tu te casses la gueule. »

Lumière

Petite plage est donc le témoin de cette année de grandes remises en question, pendant laquelle l’auteure-compositrice-interprète a pensé tout lâcher. De tout ce sombre – « Je ne suis jamais allée aussi profond » – a pourtant émergé de la lumière.

« C’est le disque le plus lumineux que j’ai fait ! J’avais envie d’être vraie et libre. »

— Ingrid St-Pierre

Enregistrées dans le studio Wild à Saint-Zénon avec le réalisateur Philippe Brault – « Je ne pourrai plus jamais faire d’album ailleurs » –, ces neuf nouvelles chansons sentent la forêt et l’eau du lac. Et on y retrouve une Ingrid St-Pierre qu’on ne connaissait pas, avec des touches d’électro, des effets dans la voix, des distorsions, et même une surprenante collaboration avec le duo Heartstreets, sur la très ludique Sac banane.

« Je n’avais jamais fait ça. Mais quand tu as peur de déplaire ou de déstabiliser, tu ne vas pas où tu devrais aller. J’écoute beaucoup de Sufjan Stevens, de Bon Iver, et ça s’entend. C’est plus en phase avec ce que je suis, et tant mieux si ça fitte dans l’univers ! »

L’auteure-compositrice-interprète n’a jamais cherché à « être cool » – « C’est quoi, être cool ? » – ni à connaître son « public cible ». Si elle chante, c’est pour les rencontres qui en découlent, pour les bouts de vie que les gens lui racontent.

« C’est un beau métier que je fais. Le lien que tu crées avec les gens… Il y a quelque chose qui se passe grâce à la musique, ils me disent des choses que jamais ils ne m’auraient dites dans un bureau de psy. Des fois, le lien est plus fort et déstabilisant. »

Zen

Plus heureuse que jamais, la chanteuse de 33 ans entreprendra sa nouvelle tournée dans un état d’esprit zen et serein. « Ce ne sera sûrement pas aussi intense que la précédente », dit-elle, affirmant que « la petite Ingrid douce qui ne voulait pas déplaire » est maintenant capable de dire non. Des choix familiaux ont donc été faits, et la tournée sera aménagée pour que tout le monde y trouve son compte.

« Mon chum [le batteur du groupe Random Recipe Liu-Kong Ha, qui est aussi le nouveau directeur musical de Marie-Mai !] ne tourne plus avec moi. Ce sera plus simple pour Polo avec deux horaires différents. Mais j’ai juste hâte de partir, et je veux emmener cet esprit dans le spectacle, qui est de seulement faire du bien au monde et de passer un beau moment. »

Si elle reste surprise d’en être à son quatrième album en huit ans – « Jamais de ma vie je n’aurais pensé en sortir juste un ! » –, elle voit d’un bon œil l’idée de vieillir dans le milieu de la musique. Non seulement sait-elle maintenant qu’on peut être maman et chanteuse tout en étant imparfaite mais heureuse, mais elle assume complètement son âge.

« Je regarde des femmes accomplies comme Ariane Moffatt, Catherine Major, Marie-Pierre Arthur, qui sont des mères, des artistes, des femmes d’affaires. Elles m’inspirent beaucoup et sont belles à voir aller. Je suis fière d’être une maman, d’être une auteure-compositrice-interprète, de revenir avec un album. Je suis fière de ça, et je me donne le droit de le dire. »

Chanson

Petite plage

Ingrid St-Pierre

Simone Records

Sortie vendredi

Huit albums québécois attendus

L’hiver sera chaud du côté des albums québécois. Voici huit artistes à découvrir ou à retrouver.

Webster

5 for trio

Le rappeur-militant et pionnier de la scène hip-hop de Québec n’avait pas sorti d’album depuis 2013. Celui qu’on a vu sur toutes les tribunes ces dernières années est donc de retour avec un quatrième disque en carrière, qui viendra accompagné d’un livre intitulé À l’ombre des feuilles : manuel d’écriture hip-hop. (8 février)

Lou-Adriane Cassidy

C’est la fin du monde à tous les jours

On attend beaucoup de la jeune femme de Québec, fille de la chanteuse Paule-Andrée Cassidy, choriste d’Hubert Lenoir, ancienne participante de La voix, et surtout déjà artiste à part entière. L’auteure-compositrice-interprète, qui a aussi travaillé avec Philémon Cimon et Tire le Coyote, est probablement une des nouvelles voix les plus fortes, vives et profondes de la chanson québécoise. (8 février)

Écoutez un extrait de Ça va ça va

Collectif

La renarde, sur les traces de Pauline Julien

Excellente idée d’immortaliser ce très beau spectacle hommage à Pauline Julien créé lors des Francos de Montréal en juin 2018. Une dizaine de chanteuses et de comédiennes, de Sophie Cadieux à France Castel en passant par Ines Talbi, y interprètent les chansons de la passionaria de la chanson québécoise. Elles partiront en tournée partout au Québec cet hiver, et passeront par l’Outremont le 21 février. (8 février)

Dead Obies

DEAD

C’est le premier album du groupe hip-hop depuis le départ de son leader Jean-François Ruel, alias Yes McCan. DEAD, dont les 11 pièces ont été produites par Vnce Carter, est donc l’album de la renaissance pour les cinq membres des Dead Obies. Ils lanceront une grande tournée le 28 février à Chicoutimi, et passeront par Montréal le 26 avril au MTelus. (15 février)

Écoutez un extrait d’André

Lara Fabian

Papillon

La chanteuse aux 20 millions d’albums vendus, qui sera de retour comme juge à La voix cet hiver, lance un nouvel album en français. Entièrement fabriqué à Montréal, Papillon est son 14e disque en carrière et a été réalisé par Moh Denebi, avec qui elle avait fait son disque en anglais Camouflage. (8 février)

Écoutez un extrait de Je suis à toi

Dominique Fils-Aimé

Stay Tuned

Deuxième partie de son triptyque amorcé il y a un an, et qui devrait permettre à son soul-jazz teinté d’électro d’atteindre encore plus d’oreilles. Ancienne participante de La voix en 2015, Dominique Fils-Aimé fait de plus en plus la preuve qu’elle est une chanteuse sur laquelle il faudra compter. (22 février)

Stefie Shock 

Le fruit du hasard

À presque 50 ans et avec 20 ans de carrière derrière lui, Stefie Shock est un vétéran de la scène musicale. Le fruit du hasard arrive cinq ans après son précédent disque de chansons originales, Avant l’aube. (8 mars)

Écoutez un extrait d’As-tu deux minutes

Jacobus

Caviar

Deuxième album solo pour cette moitié du duo Radio Radio, et qui conjugue de plus en plus rap et électro. Ce disque arrive deux ans après Le retour de Jacobus, et compte entre autres une excellente collaboration avec Pierre Kwenders, Faire la fête. (1er février)

Écoutez un extrait de Faire la fête

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