Assurance habitation

Près d’un chien sur deux n’est pas déclaré

Les propriétaires de chien qui omettent de dire à leur assureur qu’ils vivent avec une bête sont rarement indemnisés en cas de réclamation

Chaque année, les assureurs québécois refusent d’indemniser des centaines de blessures et de dommages causés par des chiens, parce que leurs clients n’avaient pas divulgué la présence de leur animal.

C’est ce que permet de conclure (1) un nouveau sondage web de Léger, fait en octobre pour la Chambre d’assurances de dommages et obtenu par La Presse. Les réponses de 1009 adultes révèlent que près de la moitié des propriétaires de chien omettent de dire à leur assureur habitation qu’ils vivent avec une bête, bien que cela soit obligatoire.

Bon nombre d’assurés insouciants s’en mordent ultimement les doigts, puisque 15 % d’entre eux ont dû transmettre une réclamation à la suite d’un sinistre causé par leur chien non déclaré, et qu’à peine 6 % ont pu être indemnisés.

Aucun maître de chiens dits « d’attaque ou de garde » (doberman, boerboel, pitbull, rottweiler, tosa, etc.) ne l’a été. Ceux-ci taisent l’existence de leur bête un peu plus souvent que les maîtres de chiens de compagnie (dans 46 % des cas, contre 42 %). Et ils sont trois fois plus susceptibles de transmettre malgré tout une réclamation – 38 % d’entre eux ayant dû le faire, contre 12 % des autres propriétaires de chien.

2 % 

de tous les Québécois possèdent un chien de garde ou d’attaque. Cela représente près d’un propriétaire de chien sur dix.

« Comme le fait de fumer, avoir un chien accroît le risque et il faut absolument le déclarer, prévient la présidente de la Chambre de l’assurance de dommages, Maya Raic. Peu importe sa race, c’est un animal. On ne sait jamais ce qui peut arriver, et ça peut être majeur : des biens sont détruits et des gens sont blessés en étant mordus ou en faisant une chute alors qu’ils tentent de fuir. »

En mars, un juge a accordé 7000 $ aux parents d’un garçon de 5 ans attaqué et blessé par un berger allemand dans un bar laitier de Beauport. Même si c’est une adolescente qui y avait amené l’animal, sans consulter le maître, ce dernier a reçu l’ordre d’assumer une partie des coûts, car le Code civil tient les propriétaires de chiens automatiquement responsables des dégâts.

En 2011, un assureur a par ailleurs dû verser 80 000 $ à un disc jockey mordu par l’akita de son partenaire de hockey. La victime avait perdu une partie de son nez, respirait péniblement et ne sentait plus la salive s’écouler de sa bouche.

Cette année, un couple de Cowansville a aussi reçu 8000 $ parce que son shih tzu a été mordu par un berger allemand fugueur.

Inassurables

Pourquoi garder la présence de son chien secrète ? Le quart de tous les sondés ont répondu ignorer qu’ils devaient la déclarer ; 10 % ne considéraient pas leur chien dangereux ; 5 % pensaient ne pouvoir être assurés ; 1 % craignait de voir la prime d’assurance habitation augmenter (et 3 % avaient d’autres raisons).

En règle générale, les dommages causés par des chiens ayant une mauvaise réputation – que ce soit en raison de leur race ou d’incidents passés – sont simplement exclus des polices. « Mieux vaut en discuter afin d’être bien conseillé et orienté, plaide Mme Raic. Au pire, on saura à quoi s’en tenir et on prendra des précautions en conséquence. »

(1) Ce chiffre représente la proportion de ménages qui possèdent un chien, mais n’ont pas déclaré leur animal à leur assureur (43 %) et se sont par la suite vu refuser une réclamation liée au chien (8 %).

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