Argon 18

« On a une chance de gagner »

Pour le prochain Tour de France, Argon 18 a fait préparer des vélos assortis aux couleurs des quatre maillots distinctifs de leader.

« Comme les autres équipes le font », précise Gervais Rioux, propriétaire de la marque montréalaise. On n’est jamais trop prévoyant. L’été dernier, Paul Voss avait cueilli le maillot à pois de meilleur grimpeur dès la première étape. Ce fut le seul coup d’éclat de Bora, formation allemande de deuxième division qui roulait alors sur Argon 18.

Avec Astana, nouveau partenaire du World Tour, les ambitions sont beaucoup plus grandes. « L’objectif, c’est un podium, mais on a une chance de gagner le Tour », affirme Rioux, interrogé avant son départ pour Düsseldorf.

Comme les autres manufacturiers, Argon 18 a un peu souffert du printemps calamiteux au Québec. Sur le front européen, Astana a connu un départ cahoteux. Fabio Aru s’est d’abord blessé avant le Tour d’Italie. Après avoir donné une première victoire à l’équipe, Michele Scarponi, le remplaçant désigné, s’est tué à l’entraînement, laissant des jumeaux orphelins. Astana s’est présenté au Giro dans une ambiance mortuaire. Tanel Kangert occupait le septième rang quand une chute l’a mis hors course à la fin de la deuxième semaine.

« La chance a tourné »

L’éclaircie est survenue au Critérium du Dauphiné avec la victoire-surprise de Jakob Fuglsang, qui a aussi remporté deux étapes, procurant à Argon 18 ses premiers succès sur le circuit WorldTour. Cinquième à la même épreuve, Aru a gagné son championnat national dimanche.

« La chance a tourné et tout semble réuni pour le Tour, se réjouit Rioux. Les gars marchent, Aru est revenu en forme et Fuglsang se découvre à 32 ans. Depuis sa médaille olympique, il a eu un déblocage. Cette année, il était très motivé et s’en allait comme leader au Tour de France. Maintenant, il sera co-leader avec Aru. »

Si l’association avec Bora se chiffrait à « plusieurs centaines de milliers de dollars », le président d’Argon 18 refuse de préciser combien représente la commandite d’une équipe du plus haut niveau. 

« C’est un investissement dispendieux, mais c’est comme ça qu’on positionne la marque mondialement. »

— Gervais Rioux, président d’Argon 18

Sur le plan des affaires, « 80 % de l’année » se joue sur la Grande Boucle, estime Rioux. « Tu peux bien gagner les championnats du monde ou Paris-Roubaix, le Tour, c’est le Tour. »

Sans être un absolu, un podium d’un coureur d’Astana équivaudrait pour Argon 18 « à un propriétaire d’équipe de hockey qui fait de l’argent en participant aux séries ». « On pourrait doubler nos ventes d’ici deux ans et demi, trois ans, plutôt qu’en cinq », illustre-t-il.

L’ancien double champion canadien s’attend à un Tour beaucoup plus serré et ouvert que d’habitude. La défaite in extremis de Richie Porte au Dauphiné « laissera des traces ». L’Australien ne montera pas sur le podium ni Alberto Contador, prédit-il. Chris Froome si, mais pas sur la première marche qui, espère Rioux, sera occupée par un coureur Astana. Sur un Argon 18 teinté de jaune.

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