Quelques initiatives montréalaises

Cartes interactives

Début avril, Ville-Marie est devenu le quatrième arrondissement à offrir une carte interactive de ses services. Tout y est, ou presque, du zonage avec usages permis aux horaires des collectes, en passant par les bâtiments patrimoniaux, les murales, les délimitations des bons vieux quartiers montréalais et les programmes particuliers d’urbanisme. Bâtie sur le modèle de la carte interactive du Sud-Ouest, cette carte vise entre autres « à désengorger les demandes d’information », indique-t-on à l’arrondissement.

Quelques initiatives montréalaises

Applications en rafale

Plus d’une quarantaine d’applications « citoyennes » ont été créées à partir des données rendues accessibles par la Ville de Montréal. Mentionnons entre autres Branché, qui permet d’identifier plus de 200 000 arbres du domaine public, et iPAP ?, une forme de réseau social entre automobilistes qui veulent offrir aux autres les minutes restantes de leur stationnement. Plusieurs applications, dont MTL Mobile, MonTransit, Montréal Métro et bus et Transit, offrent les horaires des transports en commun. Enfin, Restonet Montréal permet d’afficher, cartes à l’appui, les restaurants qui ont écopé d’amendes.

Quelques initiatives montréalaises

Documents des élus

Preuve que les initiatives les plus importantes ne sont pas toujours les plus visibles, la Ville de Montréal permet depuis l’an dernier à tous ses citoyens de consulter l’ensemble des documents soumis aux conseillers lors des conseils municipaux. Autrefois réservée aux élus, aux fonctionnaires et aux journalistes, cette masse impressionnante de documents – près de 2500 pages en moyenne – regorge d’informations sur les contrats et les décisions de l’administration.

Quelques initiatives montréalaises

INFO-NEIGE MTL

Sans conteste le projet de l’administration Coderre qui a eu le plus d’échos. L’application mobile permet de voir l’état du chargement de la neige dans tous les arrondissements et de recevoir une notification si notre véhicule doit être déplacé. Lancée à l’hiver 2014-2015, au coût modeste de 25 000 $, l’application a été téléchargée plus de 125 000 fois, mais a connu de nombreux ratés à ses débuts. Tout semble être rentré dans l’ordre l’hiver dernier. « No news, good news », résume Harout Chitilian, responsable de la ville intelligente au comité exécutif.

MONTRÉAL

« Encore beaucoup de travail à faire »

Promesse phare de Denis Coderre lors de la campagne électorale de 2013, la « ville intelligente » tarde pourtant à devenir concrète pour une majorité de Montréalais. Normal, estime le responsable du dossier au comité exécutif, Harout Chitilian : « Vous allez voir à moyen terme. Il faut au moins trois ans pour que les changements de structures deviennent des projets. Ça ne se fait pas en criant ciseau. »

Montréal ne semble pourtant rien avoir à envier aux autres villes déjà reconnues comme « intelligentes ». Si on se fie notamment à l’Intelligent Community Forum, elle fait partie du top 7 mondial. Le grand gagnant sera connu à l’été. En janvier 2015, on a annoncé un investissement de 23 millions sur trois ans pour compléter le virage entrepris dès 2011. Enfin, des initiatives comme Info Déneigement et l’accès à de nouvelles données municipales, 202 au total, indiquent une réelle progression.

LOIN DES RELATIONS PUBLIQUES

Mais ne parlez pas des palmarès à M. Chitilian. Il accueillera les classements enviables de Montréal avec un haussement d’épaules.

« On sait où on est rendus. On est honorés qu’ils nous reconnaissent, mais il y a encore beaucoup de travail à faire. On sait où on s’en va et on ne se laissera pas amadouer par les reconnaissances. »

— Harout Chitilian, responsable du dossier « ville intelligente » au comité exécutif

Et de fait, pour les spécialistes de la ville intelligente, l’essentiel n’est pas toujours visible pour le commun des mortels.

Pour Jean-François Gauthier, PDG de l’Institut de gouvernance numérique, « il faut sortir de ces palmarès. Ce sont souvent des entreprises privées qui font de l’argent avec ça. Il faut les prendre pour ce que c’est : des relations publiques ».

À la base, estime-t-il, la ville intelligente n’est pas un enjeu technologique, « mais d’abord un changement de culture à la Ville ». « C’est la capacité de prendre des décisions éclairées sur des données que les outils numériques vont nous apporter. C’est un changement de posture mentale qu’il faut que les gestionnaires comprennent. Une fois ce fait acquis, on est capable d’avoir un plan d’action et d’ouvrir les processus de décision. »

UN OBJECTIF : LA PARTICIPATION CITOYENNE

Ce n’est donc pas par le nombre ou la beauté des applications grand public qu’on peut juger de l’intelligence d’une ville, mais par les infrastructures et l’organisation, renchérit M. Chitilian. C’est par exemple le WiFi gratuit dans le Vieux-Montréal, auquel se branchent 50 000 visiteurs uniques chaque mois, ou le Centre de gestion de la mobilité urbaine, une tour de contrôle ayant accès au réseau montréalais.

« Tout ça n’est pas visible à l’œil nu, mais à long terme, c’est un virage important, dit le responsable au comité exécutif. On a une nouvelle direction, de nouvelles équipes, des experts ont été embauchés – un des seuls secteurs de la Ville où il y a eu de l’embauche. »

L’important, estime Jean-François Gauthier, c’est que cette réorganisation mène à un résultat précis : « Il faut que les organisations publiques acceptent de s’ouvrir et de donner la voix aux citoyens, qu’elles acceptent de se faire évaluer et de laisser les citoyens contribuer. C’est la seule façon de rétablir la confiance dans les institutions. »

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