La docteure répond

Pour que nos jeunes gardent la forme

Docteure, comment puis-je savoir si mon jeune est assez actif pour garder la forme et être en santé maintenant et plus tard ?

Le bulletin de l’activité physique chez les jeunes 2014 vient d’être publié. L’activité physique des jeunes Canadiens a été comparée à celle des jeunes de 14 autres pays. Il est décevant de constater que nos jeunes se situent dans le peloton de queue avec les États-Unis, l’Australie, l’Irlande et l’Écosse…

Quel est le niveau d’activité physique recommandé pour nos jeunes ? Selon ce rapport, appuyé par de nombreuses études très bien réalisées, les jeunes de 5 à 17 ans devraient faire de l’activité physique de modérée à intense tous les jours pendant au moins 60 minutes. De façon plus précise, il est recommandé de faire de l’activité physique intense au moins trois fois par semaine et d’ajouter des activités pour renforcer les muscles et les os au moins trois fois par semaine. Cette norme n’est qu’un minimum. Seuls les grands excès sont à proscrire afin d’éviter le surentraînement. Au Canada, malgré de gros budgets d’infrastructure et la proximité des lieux de divertissement, seulement 7 % des jeunes de 5 à 11 ans et 4 % des jeunes de 12 à 17 ans atteignent les cibles recommandées. C’est insuffisant.

Quels sont les bienfaits attendus d’une vie active ? À court terme, les jeunes enfants actifs seront plus en forme, auront moins d’excès de poids et auront une meilleure santé cardio-vasculaire. Les bienfaits dépassent largement la sphère physique. En effet, l’activité physique peut avoir des effets positifs sur les résultats scolaires ainsi que sur la santé mentale (moins d’isolement, moins de risque de dépression, etc.). À plus long terme, les jeunes actifs ont moins de risque de souffrir d’ostéoporose et d’autres problèmes de santé apparaissant à l’âge adulte. Ils ont en outre plus de chance de devenir des adultes actifs, ce qui favorisera le maintien d’une bonne santé globale.

COMMENT ATTEINDRE LA CIBLE SUGGÉRÉE ? 

La règle est assez simple. Il faut multiplier les occasions de bouger. Les jeunes utilisent surtout le transport passif, l’autobus ou la voiture, pour se rendre à l’école. Si le vélo ou la marche est favorisé, nos jeunes auront accumulé déjà plusieurs minutes à leur dose quotidienne d’activité physique et ils commenceront leur journée par une bonne bouffée d’air frais ! Les jeunes de la Finlande utilisent le transport actif dans la majorité des cas, bien que leur climat soit similaire au nôtre. Ils marchent ou utilisent leur vélo pour parcourir de 3 à 4 km vers leur école tous les jours. Encourageons nos jeunes à se rendre activement à l’école. Oui au transport actif, mais ce n’est pas suffisant.

Plusieurs parents sont rassurés et croient à tort qu’en inscrivant leur jeune à un sport organisé tel que le soccer, la balle molle ou le hockey, ils s’assurent que leur jeune est suffisamment actif. Or, il faut réaliser que dans un match d’une heure, peu importe le sport, votre jeune ne bouge pas toute l’heure. Par exemple, au hockey, les jeunes sont sédentaires plus du tiers du temps pendant un match. C’est normal ! Ils doivent bien se reposer un peu. Oui aux activités organisées, mais ce n’est pas suffisant non plus.

UN EXEMPLE À SUIVRE

Il faut ajouter des activités physiques à l’école, le plus souvent possible : dans les cours d’éducation physique, lors de la récréation, à la pause du midi et après les classes. À cet effet, une étude a causé une tempête médiatique dans les derniers mois en Nouvelle-Zélande. Des écoles ont participé à un projet visant à lever certaines interdictions (pas de vélo ou de ballon dans cette zone, ne pas courir ici, etc.) et à observer l’effet sur le niveau d’activité physique et les risques. Suite à l’assouplissement des règles, les chercheurs ont observé une augmentation de l’activité physique des jeunes ainsi qu’une diminution du vandalisme, de la violence et des blessures ! Cela porte à réfléchir dans notre culture, où tout est de plus en plus interdit sous prétexte de protéger nos jeunes… Oui à l’assouplissement des règles, mais cela non plus n’est pas suffisant.

Donnons l’exemple. Trouvons des occasions et allons jouer avec nos jeunes. Selon le bulletin, très peu de parents prennent le temps de le faire. On le sait depuis toujours, les jeunes apprennent par imitation. Ils imiteront nos mauvais coups, évitons-les, et ils imiteront nos bons coups, multiplions-les ! Bouger avec eux est un bel exemple de bon coup.

En combinant toutes ces occasions de bouger, les jeunes atteindront aisément la cible de 60 minutes par jour. Il faut éviter de surcharger leurs horaires. Laissons-leur du temps pour bouger et, comme ils en ont grandement besoin, la grande majorité d’entre eux atteindront la cible en pratiquant des activités amusantes en toute sécurité.

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