Ce soir, les abonnés de Rogers et Bell pourront regarder la cérémonie des Oscars en direct sur leur ordi, leur tablette ou leur téléphone grâce à , une application pour iOS et Android.
Enfin, diront certains. Il était temps que les diffuseurs s’adaptent aux nouvelles façons de consommer la télévision. En fait, les choses commencent à bouger. Lentement, mais elles bougent. La semaine dernière, le patron d’ICI Radio-Canada, Louis Lalande, présentait son plan d’action numérique devant les membres de l’Académie canadienne du cinéma et de la télévision. Dans la salle, plusieurs grands acteurs de l’industrie, dont Richard Speer (Attraction Média), Monique Simard (SODEC), ainsi que des représentants d’Avanti, Bell, etc. Le message de Louis Lalande : la diffusion va changer et elle se déclinera sur toutes les plateformes, pas seulement à la télé. Bref, le diffuseur public nous annonce qu’il arrive, lui aussi, en 2015.
On a célébré les 10 ans de YouTube la semaine dernière. Depuis la création de cette plateforme, la télé a connu une véritable révolution provoquée également par l’arrivée des appareils mobiles.
Le phénomène du (soit les gens qui ont mis fin à leur abonnement au câble) est populaire chez les jeunes adultes, qui privilégient de plus en plus la télé branchée sur le web ou les plateformes de diffusion en ligne. Les parents d’ados vous confirmeront eux aussi que la télé familiale est souvent éteinte à la maison. Leurs enfants regardent leurs émissions préférées sur leur ordi, leur tablette et même leur téléphone.
La plus récente étude de Nielsen aux États-Unis le confirme : l’écoute de la télé traditionnelle a chuté de 10,6 % entre septembre et janvier derniers seulement. Les jeunes adultes se sont tournés vers Netflix, Amazon Prime, HBO GO…
20 %
Baisse de l'auditoire de la télévision américaine de 2011 à aujourd'hui
La situation est semblable au Québec. Selon le CEFRIO, les trois quarts des internautes âgés de 18 à 44 ans regardent des vidéos en ligne. Et plus ils sont instruits (cégep ou université), plus ils en regardent (dans une proportion de 62 %).
Une autre preuve que la vidéo est plus en demande que jamais : l’application Snapchat, hyperpopulaire chez les jeunes, a lancé le mois dernier son bouton Discover, grâce auquel on peut consulter des contenus vidéo de plusieurs diffuseurs, dont Vice, CNN ou Buzzfeed. Rappelons que le a estimé, la semaine dernière, que Snapchat valait de 16 à 19 milliards US...
À la remise des prix Golden Globes, en janvier, la série a remporté le prix de la meilleure série télé. ne porte pas la signature d’un grand réseau comme ABC, CBS ni même HBO ou Netflix. Cette série, qui raconte l’histoire d’un père de famille transgenre, a été produite par Amazon Prime et diffusée en ligne. Amazon (oui, le site où on achète des livres) n’est pas la seule plateforme à s’être lancée dans la production originale.
Après quelques ratés, YouTube aussi compte lancer des productions originales d’ici la fin de l’année.
À ICI Radio-Canada, on mise bien entendu sur la plateforme mobile ICI Tou.tv. Durant les Fêtes, la télé publique a expérimenté en diffusant en rafale les trois premiers épisodes de la deuxième saison de avant leur diffusion à la télé traditionnelle. L’expérience a été un succès, nous dit-on. Attendez-vous donc à de plus en plus d’initiatives de ce genre en plus des séries exclusives (la prochaine, , sortira le 31 mars) qu’on y trouve déjà.
C’est clair, les diffuseurs télé traditionnels font du rattrapage. Mais ils ont beau lancer toutes sortes d’applications et de stratégies mobiles, ils ont plusieurs longueurs de retard sur YouTube et ses semblables. YouTube est encore incontournable (c’est ironiquement sur cette plateforme qu’on peut voir la vidéo des artistes à la défense de Radio-Canada), mais la concurrence est féroce. Elle provient pour l’instant de Facebook – pour le visionnement de vidéos – et Twitch pour la musique.
En effet, depuis un peu plus d’un an, les vidéos qu’on affiche sur Facebook roulent sans qu’on ait besoin d’appuyer sur « Play ». Résultat : il se regarde désormais plus de vidéos sur le réseau social que sur YouTube (12,4 milliards de visionnements, contre 11,3 milliards, selon les chiffres de Comscore d’août 2014).
Pour sa part, Twitch s’est lancée dans la diffusion de spectacles en direct, l’été dernier, en présentant le spectacle de l’artiste électro japonais Steve Aoki. Ce fut un succès et Twitch prévoit diffuser d’autres spectacles ainsi que des entrevues avec des artistes, des DJ, des producteurs, etc. Avec ses 100 millions de visiteurs par mois (!), voilà un géant qui risque de venir éroder l’auditoire de la télé et de la vidéo en ligne.
Bref, les choses vont vite, plus vite aux États-Unis qu’au Québec, où les séries numériques ne peuvent pas encore concourir dans la même catégorie que les séries traditionnelles aux prix Gémeaux. Ça viendra.