Ne dites plus :  « Accueilli comme un chien dans un jeu de quilles. »

Dites : « Accueilli comme une auto sur le Plateau. »

Rappelons par exemple les mesures d’austérité appliquées par son gouvernement, qui ont fragilisé le filet de sécurité sociale du Québec. Cela a eu des impacts sur la qualité de vie de la population, en particulier celle des plus pauvres, comme l’a souligné la Protectrice du citoyen.

Rappelons également que le ministre Blais est le principal artisan de la réforme la plus disciplinaire jamais adoptée dans l’histoire de l’aide sociale au Québec, une réforme qui revoit à la baisse le « barème plancher » à l’aide sociale.

En effet, depuis le 1er avril, le programme Objectif emploi oblige tous les nouveaux demandeurs d’aide sociale à participer à des mesures d’employabilité. Les personnes qui ne participeront pas au programme de façon jugée satisfaisante pourront subir des pénalités. Leur prestation mensuelle de 648 $ pourra être réduite à aussi peu que 424 $. Il s’agit d’un grave recul pour les droits des personnes assistées sociales.

Sortir 100 000 personnes de la pauvreté ?

Nous comprenons pourquoi le ministre cherche plutôt à attirer l’attention sur ce qui serait, selon lui, « la première forme de revenu de base au Canada ». Grâce à cette mesure, environ 84 000 personnes ayant des contraintes sévères à l’emploi devraient atteindre, à compter de 2023, le seuil de la Mesure du panier de consommation et ainsi pouvoir couvrir leurs besoins de base (avec environ 18 000 $ par année).

Malheureusement, le programme de revenu de base comporte plusieurs lacunes.

Mentionnons seulement le « purgatoire » de 66 mois imposé à toutes les personnes bénéficiant du programme de solidarité sociale comme condition d’admissibilité au revenu de base. Du simple fait qu’il est assorti de multiples conditions et qu’il est réservé aux personnes présentant des contraintes sévères à l’emploi, il est intellectuellement malhonnête de parler de « revenu de base » dans ce cas.

Tout de même, ce programme reste le principal outil du gouvernement pour arriver à atteindre l’objectif « ambitieux » qu’il s’est donné de « sortir de façon permanente 100 000 personnes de la pauvreté ». D’une part, notons que le ministre nous induit en erreur quand il se permet d’associer la couverture des besoins de base à la sortie de la pauvreté. Il y a une grande différence entre les deux. D’autre part, ajoutons qu’il n’y a là rien de bien ambitieux quand on sait que ce sont 760 000 personnes qui n’arrivent pas à couvrir leurs besoins de base présentement au Québec et que la majorité d’entre elles seront exclues du programme de revenu de base.

Quelques occasions ratées par le ministre

Le ministre Blais termine son texte avec cette question : « Que proposent les autres partis d’aussi cohérent et réaliste en matière de pauvreté ? »

En attendant de voir les propositions des autres partis, le ministre devrait se garder de se poser en champion de la cohérence et du réalisme.

Les questions qui suivent devraient l’y aider.

Pourquoi n’a-t-il pas mis fin au détournement des pensions alimentaires pour enfants alors que les parlementaires ont adopté une motion à l’unanimité en ce sens en novembre 2012 ?

Pourquoi a-t-il maintenu les pénalités prévues par le programme Objectif emploi alors que des centaines d’organisations et 300 professeurs universitaires lui ont demandé d’y renoncer ?

Pourquoi son gouvernement a-t-il refusé d’augmenter le salaire minimum à 15 $ l’heure pour qu’une personne qui travaille à temps plein sorte de la pauvreté ? N’est-ce pas lui qui nous rebat les oreilles avec l’idée que le travail est censé être la voie royale vers la sortie de la pauvreté ?

Nous avons hâte de connaître les engagements électoraux des différents partis politiques pour pouvoir les évaluer. Pour le moment, ce qui est clair pour nous, c’est que le plan de lutte contre la pauvreté du ministre François Blais n’est ni efficace ni ambitieux.