Personnalité de la semaine

Charles Richard-Hamelin

À 26 ans, Charles Richard-Hamelin est devenu le premier pianiste canadien à remporter une médaille au prestigieux Concours international de piano Frédéric Chopin, à Varsovie. Il est notre personnalité de la semaine.

Lorsqu’il a envoyé une vidéo de lui au Concours Chopin en décembre dernier, Charles Richard-Hamelin était loin de se douter que moins d’un an plus tard, il reviendrait à la maison avec une médaille d’argent, des offres de concerts en Europe et 35 000 euros (près de 51 000 $) en prix. Outre le deuxième prix, il a décroché le prix Krystian Zimerman de la meilleure interprétation d’une sonate.

« Je ne m’attendais pas à aller si loin, dit-il. Après avoir écouté les autres concurrents sur l’internet avant de partir, j’avais toutefois bon espoir de me rendre en finale. Mais quand je suis entré dans la salle mythique du concours, je me suis dit que si je franchissais le premier tour, je serais bien content ! La première étape était la plus stressante, mais j’ai senti énormément de soutien de la part des gens du Québec qui me suivaient sur l’internet et m’encourageaient. »

Visionnez la prestation de Charles Richard-Hamelin https://www.youtube.com/watch?v=L4okmGrixaA

Pour participer au Concours Chopin, il faut déjà faire partie de la crème des pianistes. L’épreuve, qui se déroule tous les cinq ans depuis 1927, a couronné des pianistes légendaires comme Maurizio Pollini et Martha Argerich. Cette dernière faisait d’ailleurs partie du jury. Au départ, plus de 400 pianistes de moins de 30 ans ont envoyé une vidéo d’eux. En avril, 160 ont été invités en Pologne pour une deuxième sélection. Enfin, quelque 80 y sont retournés en octobre comme candidats. Ces dernières semaines, ils ont joué quatre fois devant un jury international. C’est Seong-Jin Cho, Sud-Coréen de 21 ans, qui a remporté la médaille d’or.

Le pianiste natif de Joliette, qui étudie avec André Laplante au Conservatoire de musique de Montréal, n’en était pas à son premier concours. En 2011, il remportait le Prix d’Europe, concours de l’Académie de musique du Québec, qui lui a permis d’aller étudier à la Yale School of Music, aux États-Unis, avec Boris Berman. En 2014, il a remporté la deuxième place au Concours musical international de Montréal et la troisième place à l’International Music Competition de Séoul, en Corée du Sud. Mais le Concours Chopin jouit d’un tel prestige que désormais, il n’aura plus besoin de faire de concours.

« Cette deuxième place change ma vie. Je n’avais jamais donné de concerts en Europe avant. »

— Charles Richard-Hamelin

Il est déjà invité à donner cinq concerts en Pologne en novembre, et ce n’est sûrement qu’un début.

FORMATION

On dit qu’il faut tout un village pour élever un enfant. Pour faire un bon pianiste, il faut du talent, énormément d’heures de répétition, de bons professeurs, des occasions de jouer en public et des proches compréhensifs. Charles Richard-Hamelin a eu tout cela. Il a commencé le piano à 4 ans et demi avec son père, pianiste amateur, qui, après quelques mois, l’a confié aux bons soins de Paul Surdulescu. Ce dernier lui a donné des cours pendant des années.

« Je peux remercier tous mes professeurs de piano, dit le jeune musicien. Pour le concours, ce sont surtout André Laplante et Jean Saulnier qui m’ont écouté et épaulé dans ma préparation. J’ai aussi reçu des conseils de la pianiste canadienne Janina Fialkowska. »

Originaire de Joliette, il a eu l’occasion de bien connaître le regretté père Fernand Lindsay, fondateur du Festival de Lanaudière. « Quand j’étais jeune, il m’a soutenu financièrement en payant mes cours et mes stages au camp musical de Lanaudière, car je ne viens pas d’une famille aisée. »

Le pianiste sera de retour cette semaine au Québec. Ceux qui souhaitent l’entendre peuvent le faire sur son disque Chopin, lancé cet automne sous étiquette Analekta, en concert le 29 octobre avec l’Orchestre symphonique de l’Agora à la salle Pollack ou en récital le 26 novembre à la salle Pierre-Mercure.

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