Vers les élections provinciales

La candidate vedette Gertrude Bourdon fait faux bond à la CAQ

QUÉBEC — Devant un François Legault médusé, Gertrude Bourdon, patronne du Centre hospitalier universitaire de Québec, a annoncé qu’elle ne ferait pas le saut en politique pour la Coalition avenir Québec.

Mme Bourdon s’est même rendue au domicile de M. Legault à Outremont, en après-midi hier, pour lui faire part de sa décision. Son refus est tombé comme une douche froide sur les stratèges caquistes, qui, hier soir, se perdaient encore en conjectures sur les raisons de sa défection.

« Je suis surpris de sa réponse, mais notre objectif est toujours de renégocier l’entente conclue entre le gouvernement Couillard et les médecins spécialistes. »

— François Legault, chef de la Coalition avenir Québec, à La Presse

C’était la troisième rencontre entre M. Legault et Mme Bourdon, qui constituait une prise de premier ordre pour la CAQ. On avait gardé ouverte pour elle la circonscription de Charlesbourg. Elle avait aussi rencontré à quatre reprises le chef de cabinet de M. Legault, Martin Koskinen.

Encore hier, elle avait discuté à plusieurs reprises au téléphone avec les représentants du chef caquiste, tous comprenant que sa rencontre avec le chef n’était qu’une formalité. Elle s’était même dite heureuse du texte publié hier dans La Presse qui annonçait son saut en politique.

Même chez les libéraux, on croyait hier l’affaire bouclée — étrangement, toutefois, elle s’est contentée de dire aux caquistes qu’elle « ne se présentait pas pour la CAQ », laissant planer le doute sur ses intentions quant aux libéraux. Gaétan Barrette avait fait des démarches intensives pour la convaincre de se joindre au Parti libéral, la circonscription de Jean-Lesage avait été laissée vacante pour elle, mais devant son obsession à attendre les sondages, à supputer ses chances d’être au gouvernement, on avait fermé le dossier Bourdon du côté du PLQ, a confié une source au gouvernement.

Des discussions aplanies

Avec la CAQ, les discussions étaient aplanies sur les quatre conditions qu’elle avait posées, ont confié les proches du chef caquiste. Un compromis avait été trouvé sur une question épineuse. L’entente avec les médecins spécialistes ne serait pas rouverte avant qu’on ait en main le résultat d’une étude comparative avec l’Ontario, un travail déjà amorcé. M. Legault veut que le salaire moyen des spécialistes au Québec passe de 400 000 $ à 320 000 $ par année. Depuis la semaine dernière, on avait promis à Mme Bourdon la stabilité dans le financement du méga-ministère.

On avait convenu aussi que cet affrontement ne durerait pas tout le mandat. M. Legault se préparait à accéder à une autre demande : le milliard d’économies attendu de cette révision ne serait pas explicitement inscrit au cadre financier que publiera la CAQ en cours de campagne.

Elle voulait avoir les coudées franches au ministère de la Santé, une assurance qu’elle avait obtenue depuis belle lurette. Même chose pour son rôle — François Legault avait dès le début consenti à identifier Mme Bourdon comme ministre de la Santé dès l’annonce de sa candidature. Médecin à Sainte-Justine, le Dr Lionel Carmant devait devenir ministre délégué à la Santé dans ce scénario, désormais obsolète.

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