Le Canadien

Plus facile à dire qu’à faire...

À la date limite des transactions, ce sont traditionnellement des joueurs de location – des joueurs en dernière année de contrat – qui changent d’adresse. Déjà que le Canadien n’en avait pas des tonnes, la perte de Tom Gilbert diminue encore davantage ce qu’il pouvait espérer sauver de cette saison désastreuse.

On doit s’attendre à ce que Dale Weise change d’adresse, et qui sait si quelqu’un n’offrira pas une bouchée de pain à Marc Bergevin pour les services de Tomas Fleischmann.

Mais si, au-delà de cette maigre pitance, le Tricolore voulait procéder à des transactions, il chercherait à échanger des joueurs qui ont encore un contrat pour une ou plusieurs saisons. Les noms d’Andrei Markov, Lars Eller et Alexei Emelin viennent immédiatement à l’esprit. Celui de David Desharnais s’y ajouterait aussi s’il n’était pas sur la liste des blessés.

Compte tenu du fait que le plafond salarial risque de ne pas augmenter de façon importante la saison prochaine, les équipes n’auraient-elles pas avantage à acquérir des joueurs qui ont un contrat, de manière à ajouter de la stabilité à leur formation, ce qui diminuerait leurs incertitudes salariales ?

« C’est un bon argument, mais il faut qu’une équipe aime vraiment le joueur, répond Stan Bowman, directeur général des Blackhawks de Chicago, qui était de passage au Centre Bell lundi. Les équipes qui veulent échanger des joueurs à qui il reste des années de contrat peuvent inciter les autres à se demander si quelque chose ne va pas avec ce joueur-là. Les échanges avec des joueurs qui ont un contrat sont rares parce que si ça ne fonctionne pas, on ne veut pas rester pris avec. »

« MARKOV VEUT FINIR SA CARRIÈRE À MONTRÉAL »

Marc Bergevin est conscient que c’est entre autres en libérant de l’argent sous le plafond salarial qu’il arrivera à améliorer sa formation l’an prochain. Mais c’est plus facilement dit que fait.

Prenez le cas d’Alexei Emelin. À la signature de son plus récent contrat, on lui a consenti une clause de non-échange complète pour les deux premières années de l’entente. Lors des deux dernières, il devra soumettre une liste de 10 villes où il ne voudra pas être échangé.

« J’ai une clause de non-échange cette saison, je reste ici », a averti Emelin en ajoutant que, de toute façon, Bergevin ne l’avait jamais sondé pour qu’il la retire.

Le contrat d’Andrei Markov, lui, ne sera valide que pour une autre saison ; mais à 5,75 millions pour un joueur en déclin, on s’attend à ce que le marché soit très limité.

« L’effondrement épique [du Canadien], je n’ai jamais rien vu de tel », a commenté l’ancien du CH Sergei Berezin, qui représente aujourd’hui Markov.

« Je sais qu’Andrei a connu ses difficultés pendant quelque temps, mais il est venu chez moi durant la pause du match des Étoiles, il s’est entraîné et nous avons parlé, et je trouve qu’il joue bien depuis le début du mois de février. »

— Sergei Berezin, agent d’Andrei Markov

Selon Berezin, Markov a encore beaucoup de hockey dans le corps et il vaut encore son prix. Or, son client détient lui aussi une forme de clause de non-échange.

« Il y a certaines équipes où il serait disposé à être échangé, le Canadien sait lesquelles, mais il veut finir sa carrière à Montréal. C’est là qu’il veut remporter la Coupe Stanley. »

« PERSONNE NE VEUT D’EUX »

Le réseau Sportsnet soutenait lundi que Lars Eller était de nouveau sur le marché des transactions. Le Danois a certes tous les atouts pour être un bon joueur complémentaire à une formation. Mais avec deux autres saisons à son contrat, une équipe peut-elle voir en lui un éventuel membre de son noyau dur ?

« Les joueurs qui sont sur le marché ne font pas partie du noyau de leur équipe et les autres clubs ne voudront pas s’en encombrer, explique un dirigeant d’une équipe de la LNH sans commenter précisément le cas d’Eller. Car l’important est de conserver son noyau, quitte à libérer de l’argent en faisant des concessions sur les joueurs de quatrième trio ou les cinquième et sixième défenseurs.

« Et en plus, aux yeux du club vendeur, ces joueurs-là valent encore plus cher à la date limite des transactions – précisément parce qu’ils sont sous contrat. Mais les acheteurs n’ont pas cette opinion-là. Je pense que plus on va approcher de la date limite, moins les vendeurs vont se montrer gourmands.

« Ces joueurs-là, personne n’en veut. »

Les joueurs de réelle valeur chez le Canadien ont pour nom Galchenyuk, Gallagher, Pacioretty, et bien sûr Price et Subban. Ce sont eux qui peuvent attirer les autres équipes.

Mais ce sont eux qui seront responsables de la relance de l’équipe la saison prochaine...

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