Chronique

Montréal hub international

Il y a 10 ans, Air Canada assurait à partir de Montréal 14 liaisons directes aux États-Unis et seulement 3 à l’international, soit Paris, Londres et Francfort. Hier, le transporteur aérien a inauguré sa 89e liaison directe internationale à partir de Montréal avec son tout nouveau vol Montréal-Tokyo, ce qui consolide le rôle grandissant de hub international de l’aéroport Montréal-Trudeau.

Air Canada et Aéroports de Montréal ont inauguré en grande pompe hier la nouvelle liaison aérienne directe entre Montréal et Tokyo, qui constitue le troisième lien sans escale vers l’Asie à voir le jour en trois ans, après Pékin et Shanghai. Le vol se fait à bord d’un  787 Dreamliner de Boeing et dure environ 12 heures et 45 minutes.

Les présidents d’Aéroports de Montréal, de Montréal International, de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain, de Tourisme Montréal, de hauts dirigeants d’Air Canada de même que la mairesse Valérie Plante étaient sur place pour souligner l’événement et se sont même envolés pour le pays du Soleil-Levant pour marquer le coup.

Pourquoi un tel faste pour ce nouveau vol Montréal-Tokyo alors que l’inauguration de la première liaison directe avec la Chine, en 2015, s’était déroulée de façon nettement plus discrète ? La question se pose, d’autant que cette première liaison sans escale avec le géant chinois avait été obtenue après de longues et laborieuses démarches.

« Parce qu’on a appris, m’a simplement répondu Michel Leblanc, président de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain. On y accorde plus d’importance parce qu’on est plus conscients de la valeur des liaisons directes qui changent réellement la donne dans le monde de la mobilité d’aujourd’hui. »

Accès direct

Si la première percée asiatique a permis aux voyageurs et aux gens d’affaires québécois de relier directement le deuxième principal partenaire commercial du Québec, le lien avec Tokyo leur donne aujourd’hui un accès direct au principal hub asiatique.

Les gens d’affaires qui cherchent à percer l’Asie peuvent relier tous les pays de cette vaste région peuplée du monde à partir de Tokyo et l’inverse est également désormais possible.

Mark Galardo, vice-président Planification du réseau chez Air Canada, insiste sur le fait que la multiplication des liaisons directes génère une activité non négligeable à l’aéroport de Montréal.

« On compte pas moins de 125 passagers sur le vol inaugural d’aujourd’hui qui sont en correspondance, dont 75 qui proviennent des États-Unis. On a toujours environ 35 % des voyageurs sur nos vols directs qui transitent par Montréal, dont 20 % qui proviennent des États-Unis. »

— Mark Galardo, vice-président Planification du réseau chez Air Canada

Sans ces passagers de correspondance, un vol direct Montréal-Tokyo n’aurait pas été économiquement viable avec la seule clientèle québécoise, tout comme la liaison Montréal-Shanghai qui compte sur les voyageurs de partout dans le monde pour remplir les vols quotidiens.

Multiplier les ponts directs

Au cours des derniers mois, Air Canada a ajouté des vols directs vers Shanghai, Tel-Aviv, Casablanca, Lima et prochainement Bucarest.

« Montréal va être la seule liaison directe avec la Roumanie en Amérique du Nord. Plutôt que de transiter par l’Europe, les voyageurs vont pouvoir le faire par Montréal, en provenance ou en partance des États-Unis », ajoute Mark Galardo.

Philippe Rainville, PDG d’Aéroports de Montréal, constate pour sa part que Montréal rattrape le retard qui s’était creusé avec Toronto quant au nombre de dessertes internationales directes qu’il peut assurer.

« Toronto assure 115 liaisons directes, Montréal, 89, Vancouver, 41, et on surpasse même Boston qui n’en a que 46. Au siècle dernier, on aurait inauguré un pont, là c’est un vol direct que l’on inaugure vers Tokyo », signale le PDG d’ADM.

Le vol inaugural Montréal-Tokyo transporte une délégation économique composée de 42 représentants d’entreprises de tous secteurs, principalement dans l’agroalimentaire, le divertissement, les technologies vertes et l’électrification des transports.

Hubert Bolduc, PDG de Montréal International, rappelle pour sa part l’importance économique stratégique que représente le Japon, troisième puissance économique mondiale et deuxième partenaire commercial asiatique du Québec, après la Chine.

« Il y a 60 filiales de sociétés japonaises qui sont établies au Québec, principalement dans la région de Montréal. Avant que ces sociétés viennent s’installer chez nous, elles doivent d’abord exporter leurs produits.

« Une liaison directe avec Tokyo va faciliter nos échanges. Au cours des quatre dernières années, les investissements asiatiques au Québec ont augmenté de 50 %. On prévoit encore une augmentation cette année », anticipe Hubert Bolduc.

Pour que Montréal assume encore mieux son rôle de hub international, il ne lui reste plus qu’à créer des liaisons directes avec l’Amérique du Sud. Après Lima, il faudra relier rapidement São Paulo et Bogotá pour favoriser la mobilité.

Ce texte provenant de La Presse+ est une copie en format web. Consultez-le gratuitement en version interactive dans l’application La Presse+.